James Williamson, guitariste des Stooges

Sur son nouvel album, le guitariste des Stooges revisite les inédits de la grande époque du groupe. Et le résultat, bien que Iggy Pop ne soit pas au micro (remplacé par un paquet d'invités), met carrément sur les rotules, comme vous pouvez le lire dans notre chronique !  Il faut dire que la plupart de ces compos devaient constituer le 4e album de la formation et faire suite à Raw Power (1973), mais l'échec commercial du disque (à l'époque), l'éviction du groupe par sa maison de disques Columbia, la pression du management et la dépendance de plus en plus problématique d'Iggy Pop à la drogue amenèrent à la séparation. C'est donc un grand plaisir que de pouvoir discuter avec l'homme, qui bien que sympathique a quand même de furieuses allures de légende. D'autant plus quand on peut le faire en exclusivité avant le reste de la presse française ! Voici donc notre entretien avec la six-cordes responsables de quelques uns des titres les plus emblématiques du rock.

Buckaroo 66 (La Grosse Radio) :  Bonjour James ! Nous nous sommes déjà rencontrés l’année dernière à Argelès (pour le festival les Déferlantes). Vous jouiez à ce moment avec Iggy And The Stooges. Vous nous disiez alors qu’après avoir fait une belle carrière d’ingénieur chez Sony, vous étiez très content de retrouver le groupe… Alors pourquoi maintenant travailler tout seul sans Iggy?

James Williamson : Et bien, en septembre dernier après notre dernier show nous avons décidé de faire un break pour une année ou deux, qui sait… Iggy voulait vraiment prendre un temps de repos loin de la musique des Stooges mais pour ma part je ne souhaitais pas attendre à ne rien faire.  A ce moment, je venais de travailler sur de nouvelles idées pour des arrangements de  "Open Up And Bleed" et comme je savais qu’Iggy ne voulait pas retourner en studio, j’ai voulu essayer avec une autre personne qui pourrait assurer les parties vocales pour faire le morceau avec moi. J’ai pensé que ce titre pourrait très bien convenir à une femme qui serait capable de se sortir les tripes un peu à la manière d’une Janis Joplin… Alors j’ai cherché dans mes connaissances et j’ai trouvé Carolyn Wonderland du coté d’Austin, Texas… Elle était parfaite pour réaliser cette chanson là et ça a été un réel plaisir de travailler avec elle.

LGR : Maintenant, avec Re-Licked vous avez décidé de remettre sous les projecteurs des morceaux anciens que vous avez coécrits avec Iggy. Comment vous est venue cette idée là ? Comment avez-vous choisi la tracklist ?

J.W. : Une fois que j’ai fini le premier morceau avec Caroline, j’ai trouvé ça tellement sympa que j’ai décidé de pousser le projet plus loin et de faire un album complet.  J’ai toujours voulu pouvoir entendre ces morceaux de 1973/74 qui auraient du se trouver sur l’album successeur de Raw Power mais il n’a jamais vu le jour à l’époque. Alors je me suis penché sur l’idée de le faire maintenant. Toutes les chansons à l’exception de "I Got A Right" et "I’m Sick Of You" ont été écrites pendant cette période de 1973/1974 et ont été publiées sur bon nombre de bootlegs (live pirates) toutes ces années. Mais la qualité du son n’était pas au rendez-vous. Alors, ma mission a été de corriger cette situation et de donner au public mon interprétation de comment cet album aurait pu sonner.
 

James Williamson
James Williamson avec les Stooges

LGR : Comment avez-vous choisi les différents chanteurs ? Que pense Iggy de ce projet ?

J.W. : Il y a une histoire particulière pour chacun des différents chanteurs. On a déjà parlé de Carolyn Wonderland…. Jello Biafra m’a carrément demandé de chanter "Head On The Curve" dès qu’il a entendu parler de mon projet… C’est quelque chose dont il rêvait depuis la première fois qu’il a entendu morceau. Alors, je l’ai laissé essayer et il a fait un boulot remarquable.  Bobby Gillespie est depuis très longtemps un grand fan des Stooges et il s’est naturellement approprié "Scene Of The Crime"… Alison Mosshart et Mario Cuomo m’ont été recommandés par Jon Sidel qui travaille pour BMG (qui est mon éditeur)… C’est comme ça qu’on a travaillé… Les chanteurs étaient des amis à moi puis des amis des amis, etc…  Mais ils avaient tous quelques chose en commun, ils étaient des fans des Stooges. Je voudrais aussi ajouter qu’ils ont apporté un enthousiasme fantastique en plus de leur talent de chanteurs et je les remercie vraiment pour tout ce qu’ils ont fait sur cet album.

Au début du projet, j’en ai discuté par mail avec Iggy pour l’informer de mes intentions. J’ai eu alors des retours positifs de sa part me souhaitant bonne chance pour la suite. Ensuite, quelques mois se sont écoulés et quand la première mention importante de mon projet fut faite dans la presse (Rolling Stone) pour parler du premier single, il a dit être surpris et étonné mais je pense sincèrement qu’il avait juste oublié que nous en avions parlé. En tout cas, après cette première réaction à chaud, il a calmé le jeu et m’a renouvelé ses vœux de succès pour mon projet. Il a aussi remercié les chanteurs qui ont accepté de participer.

LGR : Cela veut-il dire qu’il n’y a pas de futur pour vous avec Iggy et les Stooges ? Aurons-nous la chance de vous voir live avec ce projet ? Qui pourrai(en)t être le ou les chanteur(s) ?

J.W. : C’est difficile à dire. Je suis prêt à discuter de futurs concerts avec Iggy (depuis que nous sommes redevenus les Stooges) mais vous ne devez pas oublier qu’il a maintenant 68 ans, alors la pensée de le voir se jeter dans la foule… Je ne sais pas trop quoi en penser. Je dirais juste que je ne pense pas que vous ou la plupart des gens voudrait le faire à son âge… Mais, certains le font quand même… Et il pourrait bien faire partie de ceux là… En tout cas, ce sera sa décision.

LGR : Parlons un peu plus de Re-Licked ? Je pense que la plupart des chanteurs ont été honorés de jouer les compos d’Iggy et Williamson ?

J.W. : Oui, ils ont vraiment apprécié et ça a vraiment été un plaisir pour moi aussi de bosser avec eux. Chacun a tellement donné de soi-même que cet échange et cet enthousiasme partagés sont une des choses principale qui se dégage tout au long de l’écoute de l’album.

LGR : Vous vous êtes donc bien amusés pendant les sessions d’enregistrement ?

J.W. : Oui, si vous regardez le DVD qui est inclus dans les packages avec le CD et le vinyle, vous verrez qu’on s’est vraiment éclatés à faire ce disque… Tout le monde a pris du bon temps. C’était très rock ‘n’ roll.

LGR : "I Gotta Right" avec Lisa Kekaula est mon morceau préféré de l’album. Quel est le vôtre si vous en avez un ?

J.W. : Et bien, c’est vrai,  "I Gotta Right" avec Lisa est un des mes préférés aussi. Mais franchement, je ne pense pas qu’il y ait un mauvais titre sur l’album… En fait, si on a gardé 16 titres pour l’album, c’est qu’on était si contents de tous les morceaux qu’on avait faits qu’on n’a voulu en laisser aucun de coté.
 

Williamson Singles
Les pochettes des deux premiers singles : "Open Up And Bleed" et "I Got A Right"

LGR : L’album contient des titres vraiment très différents. Certains dans un pur esprit punk, d’autre beaucoup plus orchestrés, parfois même avec un petit coté jazzy. Aimez-vous cette diversité ? Pensez-vous que les fans purs et durs des Stooges vont aimer ça ?

J.W. : Je pense avoir fait sonner les titres à la manière dont je les avais écrits. S’ils avaient été faits pour subir un traitement punk alors ça a été fait. S’ils nécessitaient des arrangements plus riches alors nous l’avons fait aussi. Je n’ai jamais fait de compromis en pensant à la réaction des autres. Ma musique a toujours sonné comme j’ai pensé quelle devait le faire.
Bien sur, cela m’a éloigné du succès commercial pendant une grande partie de ma carrière et c’est seulement maintenant que ces efforts de jeunesse sont considérés comme ils auraient toujours dû l’être… Mais c’est comme ça… Je ne peux pas me compromettre en faisant de la musique pour faire plaisir aux gens, je ne le ferai jamais.

LGR : Date officielle de sortie : 29 octobre. L’album Re-Licked est-il le cadeau que vous vous faite pour votre 65ème anniversaire ?

J.W. : Oui… Très souvent, les maisons de disques ont l’habitude de sortir les disques les mardis aux Etats-Unis. Mais comme mon anniversaire n’était pas loin, je leur ai juste demandé de décaler de quelques heures afin qu’ils me souhaitent un joyeux anniversaire !

 

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