Chloé Robineau, alias Robi

Après un succès d'estime pour son premier album, L'hiver et la Joie, l'auteur-compositeur-interprète Robi vient de sortir son 2ème opus, La Cavale. Sur un timbre de voix qui ferait se rencontrer Barbara et Florence Arthaud et un style musical indéfinissable, minimaliste, foncièrement rock dans la noirceur et primaire dans la rythmique, on découvre chez cette intriguante brune au teint glacial et aux lèvres rouges un son pas ordinaire et une dynamique bien à elle, qui ne ressemble à rien d'autre.

Pour l'occasion, Robi, Chloé Robineau de son vrai nom, nous a offert quelques réponses qui nous guident dans cet univers, cette route aux sentiers changeants.

Bonjour Robi,
Si tu es d'accord, on va démarrer cette interview par un petit jeu...
Je te dis un mot (en rapport avec tes textes, ton univers) et sans trop réfléchir, tu me dis ce qu'il t'évoque...

Robi : oh mon Dieu. D'accord mais alors je vais m'allumer une cigarette d'abord si tu veux bien, je ne sais pas si ça va m'inspirer mais ça va me rassurer...
 

  • Le temps

Le temps... En fait, le temps c'est la vie. C'est vrai que j'en parle beaucoup, ça m'obsède et ça revient particulièrement à la fois dans mon écriture et à la fois dans la façon dont je compose avec de la répétition. Le temps c'est la course... On n'arrive pas à échapper au temps qui passe, au contraire c'est lui qui nous échappe. On a tous un rapport au temps extrêmement différent, c'est vrai que moi je suis beaucoup dans l'instantanéité, j'ai l'impression de vivre des moments assez heurtés, saccadés, cadencés et j'imagine que ça va avec une forme de sérénité à côté.

 

  • La solitude

Je crois que c'est intrinsèque à toute existence et à toute conscience. On est enfermé à l'intérieur de soi et on tente évidemment d'en sortir, de s'en départir. Il y a l'amour, l'enfantement, la quête du bien, les rencontres et je crois que c'est un des plus grands drames de se savoir seul et de ne connaître que cet unique prisme qui est le nôtre.

 

  • L'amour

C'est la vie résumée en très court. C'est la passion, la réalité qui s'installe petit à petit et la perte... La perte de la fusion et donc forcément la perte de l'éternité, la perte de l'absolu et c'est savoir grandir que de l'accepter. Savoir grandir c'est aussi savoir vieillir et apprendre à mourir.

 

  • La fuite

La fuite, bien que beaucoup ne s'en rendent pas compte, nous en sommes tous là. La moindre quête, qu'elle soit d'espoir ou désespérée est une fuite. Il y a quelques endroits de retrouvailles, il y a quelques endroits de planque, de halte mais on est dans une fuite permanente. Vouloir réussir, c'est fuir. Vouloir aimer, c'est se fuir. Tout est une fuite et vivre est une fuite, ne serait-ce qu'une fuite du temps.

 

  • La chance

La chance, ça se travaille. Ce n'est pas quelque chose qui vous tombe dessus, c'est autant la façon dont on reçoit les évènements (positifs ou  négatifs) que la façon dont on les transforme. Je suis persuadée que le positif attire le positif.

 

  • Les choix

Choisir c'est grandir, choisir c'est vieillir et choisir c'est mourir mais on n'a pas d'autre choix que de faire des choix. C'est ce qui nous perd et qui nous constitue.

 

  • Il y a un mot qui revient également souvent dans tes chansons c'est : la bouche...

Oui ! Parce que c'est le relais ! C'est à la fois le langage et la sensualité. Et j'ai toujours été fascinée par le fait que ce soit à la fois un organe d'émission, un organe de réception et l'espace du corps comme l'espace de l'esprit...

 

  • La raison

C'est quelque chose de très contrasté chez moi, je suis quelqu'un de très absolutiste et à la fois de très cartésien, ça fait partie de mes contradictions. J'ai un grand besoin d'explications rationnelles, je m'appuie sur la raison et en même temps je suis persuadée qu'il faut lui échapper pour faire de belles choses.

 

  • La mort

La mort oui... Non pas comme un drame en soi mais comme un point d'interrogation sur la vie... Est-ce que la mort donne son sens à la vie ou est-ce qu'au contraire elle  enlève tout sens et toute raison de vivre ? C'est ma grande question.

 

  • Alors justement, il y a un mot, un nom, que tu n'utilises jamais derrière cette notion, même si je me doute un peu de la réponse, dis-moi ce qu'il t'évoque : « Dieu » ?

A vrai dire, il ne m'évoque pas grand chose... Ou peut-être l'espoir, un espoir que je voudrais avoir, que je n'ai pas... Je suis assez fascinée par les gens qui croient. Les gens à qui ça donne chaque jour une raison de dépasser les absurdités ou les horreurs de ce monde. Mais je ne l'ai pas. Je n'ai pas Dieu en moi.

 

  • La nuit

C'est quelque chose qui revient beaucoup chez moi mais qui serait plus allégorique... Je ne suis pas plus noctambule que ça... Et puis c'est beaucoup lié à mon arrivée en France Métropolitaine après avoir grandi en Afrique et à la Réunion. Je ne connaissais pas l'hiver alors en arrivant ici et en le découvrant, j'ai eu l'impression d'une longue nuit sans fin, un sentiment assez angoissant, donc la nuit ça évoque ce paysage mental...

 

  • La mélancolie

Je ne crois pas être particulièrement mélancolique, je serais probablement plus désespérée et rageuse que ça. La mélancolie c'est un sentiment doux et je ne suis pas douce (rire).

 

  • L'ailleurs

C'est un espace concret pour moi l'ailleurs et à la fois un espace mental : comment on se sort de soi, du temps, c'est un espace imaginé, imaginaire, qui a probablement à voir avec l'enfance, le pays du temps ralenti, de l'endroit où on se sentait faisant partie du monde et non pas enfermé dans sa pensée sclérosée...

 

  • Alors justement, le dernier mot c'est « l'enfermement »...

Et ouais !.. J'en parle beaucoup parce que c'est un sentiment qui me traverse beaucoup. Ce sentiment de ne plus appartenir complètement au monde et d'être dans les limites de mon corps et de ma pensée.

Robi La Cavale

Dans ton 2ème album, on retrouve ces thèmes qui occupaient (ou qui préoccupaient j'ai envie de dire) déjà ton premier disque. Est-ce qu'écrire c'est ta catharsis ?

Oui, je ne m'en cache pas. Je ne sais pas dans quelle mesure c'est une catharsis mais c'est une forme de retrouvailles. C'est un des seuls moments qui touchent à l'infini. On a comme ça quelques médias qui nous permettent d'échapper à la récurrence du temps, du quotidien, de ces problématiques et assez étrangement, pour moi, les écrire me rend à ce sentiment perdu.

Il y a eu un élément déclencheur qui t'a donné ce besoin d'écrire au départ ?

Non je n'ai aucun souvenir d'élément déclencheur, j'ai beaucoup lu étant enfant,  plus que je ne lis aujourd'hui et je crois qu'assez naturellement, très jeune, de façon  banale, je me suis mise à écrire des petits poèmes. Je n'ai pas su m'arrêter, c'est peut-être juste là la différence entre moi et la plupart des gens...

On a du mal à te ranger dans un genre musical, parle-nous de tes influences...

C'est très compliqué pour moi d'en parler, d'une part parce que c'est assez mystérieux, on n'est pas toujours bien placé pour savoir ce qui nous inspire et d'autre part, je fais la musique que j'ai besoin de faire, pas la musique que j'ai envie d'entendre ! Et de ce fait, je n'utilise pas pour référence des morceaux, des approches ou des musiques que j'aime, en tout cas pas consciemment, parce que je serais bien incapable d'en faire le quart ou la moitié... Mais effectivement cette enfance africaine m'a probablement beaucoup plus marquée que ce que je pouvais croire ou que ce qu'on pourrait en penser à l'écoute de mes albums. Mais si on se penche sur les rythmiques, sur la façon d'aborder mélodiquement et rythmiquement les morceaux, on est dans une approche qui a plus à voir avec la musique primaire que la musique occidentale qu'elle soit anglo-saxonne ou avec la chanson française. Évidemment tout ça est venu me nourrir dans un 2ème temps mais je crois fondamentalement que c'est la source première, non pas de mon inspiration mais de mon expiration...

Sur ce 2ème album, plus aucun filet, c'est toi qui as tout écrit et composé ?..

Oui, pour la première fois. J'avais déjà franchi une première étape de l'EP au premier album puisque j'étais co-compositeur avec Jeff Hallam, j'avais déjà mis du temps à m'autoriser à laisser libre court aux mélodies qui me venaient et sur ce second j'ai franchi l'étape supplémentaire qui consistait à me poser seule. Bien qu'après, dans un 2ème temps, j'ai ré-arrangé avec mes musiciens Bertrand Flamain et Valentin Durup puis j'ai fait appel à Karen Katel qui est venue finir de polir les morceaux.

Ce sont les mots qui raisonnent le plus dans tes disques... Quand tu crées une chanson, tout part du texte ?

Oui, c'est l'émission d'une phrase qui induit une rythmique et une mélodie, alors la musique ne nait pas dans un 2ème temps, elle nait des mots, d'une association, d'une articulation, d'une grammaire... C'est vraiment la chair et le corps des mots qui font naître la musique chez moi.

Comment se passe ce processus de création généralement, tu t'enfermes chez toi et tu te « forces » à coucher des mots sur le papier ou ça peut te prendre n'importe où, dans le métro, en vacances ?

J'ai vraiment besoin du mouvement, ça me vient généralement en marchant dans la rue, j'ai besoin de la marche, du balancier de la vie pour justement ne pas être dans quelque chose de trop enfermé sur moi-même... C'est connu que marcher oxygène le cerveau (rire). C'est vraiment dans le mouvement que j'écris et ça se fait de façon très aléatoire, très spontanée, après je peux dans un 2ème temps peaufiner, réécrire.

Ok. Et généralement tu choisis de partir sur tel ou tel thème ou bien ils viennent à l'improviste ?

Non surtout pas de thème, la preuve en est... Il faudrait peut-être que je réfléchisse pour sortir un peu de mes thèmes récurrents parce que ce sont un peu toujours les mêmes qui me reviennent. C'est la chair d'un mot, de deux mots, de trois mots, d'une phrase qui vont conduire au reste...

Lorsque l'album est mixé, masterisé, tu te retrouves dans quel état d'esprit, c'est le plus difficile quand tout est prêt et qu'il n'y a plus qu'à y aller ?

C'est la période la plus difficile oui ! Cette parenthèse d'attente... Une attente très occupée par ailleurs puisque je suis productrice de l'album donc il y a beaucoup d'autres dimensions mais qui sont plus ingrates et moins satisfaisantes. Et puis tant qu'on a la tête dans ce qu'on est en train de faire, la question ne se pose pas, heureusement... Mais quand on lève enfin la tête de cet objet, de cet espace-temps, nait l'angoisse et la façon dont il va être reçu. J'arrive encore à m'en départir tout le temps de la création mais une fois terminé l'objet, évidemment on est ré-assailli par ce type d'angoisse.

La Cavale vient de sortir et reçoit déjà de belles critiques, c'est encourageant pour repartir sur les routes ?

Oui et j'ai vraiment hâte ! C'est un autre moment, retrouver la route c'est retrouver le vivant, l'éphémère et ça c'est extrêmement joyeux, j'ai vraiment hâte de pouvoir défendre l'album sur scène. Et en même très peur puisque l'un ne va jamais sans l'autre.

Tu te sens plus à l'aise en studio ou sur scène ?

En fait je n'aborde pas vraiment le studio comme un studio parce que je fais beaucoup de choses chez moi dans une forme de solitude, je n'ai pas d'angoisse d'y voir plein de gens donc c'est plutôt un plaisir. Et pour la scène c'est encore plus jouissif mais aussi plus effrayant.

Tu as des rituels avant d'entrer sur scène pour contrer cette peur ?

Non mais à vrai dire oui, je devrais m'en trouver !..
Je suis plus dans la fuite, jusqu'au dernier moment je fume, jusqu'au dernier moment je parle, je pense à autre chose... Du moins j'essaye... Mais effectivement, il faudrait peut-être que je trouve des petits trucs à moi... Pour me retrouver avant de monter sur scène... Et justement pour ne pas être dans cette fuite en avant qui fonctionne parfois mais pas toujours, surtout sur la longueur et quand la fatigue intervient...

Pour aller jusqu'au bout de ta création, c'est aussi toi qui réalises la plupart du temps tes clips, tu nous racontes comment ça se passe de ce côté-là, comment les idées te viennent, comment tu mets en place la caméra, les effets ?

Je l'aborde de la même manière que la musique c'est-à-dire de façon très empirique, j'essaye des choses, je les garde quand elles me plaisent et je les mets ailleurs quand ça ne me plait pas. C'est un espace de jeu pour moi, un grand plaisir, du même ordre qu'un adolescent qui se regarderait jouer devant la glace. C'est un espace à la fois de solitude et de grande liberté. Je m'autorise à être ce que je ne suis pas. Je m'autorise à être réalisateur alors que je ne le suis pas. Je m'autorise à être compositeur alors que je ne le suis pas.

Tu as appris toute seule à faire des montages comme ça ?

Oui toute seule, en appuyant sur des boutons et en voyant ce que ça donne. C'est pas très compliqué en fait, ça le paraît mais ça ne l'est pas.


Ça fait clairement partie de ton univers, de ton identité de dupliquer, de dédoubler, de répéter les choses, aussi bien dans le son que dans l'image, qu'est-ce que cela révèle ?

C'est la figure de ce dont on parlait, de ce questionnement de soi. Le soi à l'intérieur de soi, le soi à l'extérieur de soi, on a de multiples facettes, la façon dont on est perçu, dont on reste mystérieux à soi et pour toujours, on n'en verra jamais le fond de ce qui est notre conscience et notre inconscient. Pour ce qui est de la répétition, le fait de revenir comme ça à l'ouvrage, notre corps est conditionné à cette répétition, se lever, manger, dormir... Voilà comment on fait cohabiter ce corps qui a besoin de cette répétition et l'esprit qui a besoin de s'évader, qui a besoin de liberté...

Et la musique c'est venu comment ? Tu as eu quelle formation ?

Je suis complètement autodidacte et je joue, très mal, très peu de choses... Comme quoi on peut entendre et reproduire de la musique sans être virtuose et sans savoir vraiment jouer d'un instrument.

Quelles sont les rencontres qui ont été déterminantes sur ton parcours ?

Très clairement, la rencontre avec mon compagnon, Frank Loriou, qui m'a dans un premier temps secouée et obligée à m'interroger sur ce que je voulais faire exactement, sur les limites de l'endroit où j'étais à l'époque, c'est-à-dire à peu près  nulle part et qui m'a obligée à me regarder en face, à écrire non pas des histoires mais en partant de moi, de plus profond. Et dans un premier temps c'est lui qui a porté le projet, qui a fait le label et toutes ces choses passionnantes qui concourent à ce que la musique ait pu exister.

Label At(h)omeEt actuellement, quelle est l'équipe qui t'entoure ?

On est toujours producteurs avec Frank mais on a signé dans un petit label qui s'appelle At(h)ome avec une petite équipe qui est extrêmement passionnée, vindicative et en même temps qui a une démarche très pragmatique dans une ère compliquée pour l'industrie du disque et de la musique... En faisant ce qu'on doit, de façon la plus exigeante et la plus éthique possible.

Si j'ai bien suivi, tu es née à Nice, tu as vécu en Afrique, sur l'île de la Réunion et maintenant à Paris ? La culture, les modes de vie, le rythme du quotidien y sont forcément différents, ça ne te manque pas ?

Oui alors née à Nice, c'est un hasard fou ! Je suis née pendant les vacances scolaires, mes parents vivaient au Nigéria, c'était au mois d'août et il se trouve qu'on était de passage à Nice pour voir ma grand-mère qui a vécu là-bas pendant deux ans, pendant une toute petite parenthèse donc... J'y ai seulement passé les 10 premiers jours de ma vie (rire).
Pour le reste, non, aucun regret parce que je trépignais à l'idée de rejoindre Paris pendant toute mon adolescence, j'avais un grand appétit que je ne pouvais pas satisfaire à ma guise à la Réunion où j'ai passé une adolescence merveilleuse à tous points de vue. Ça a été effectivement un peu douloureux à 18 ans, les premières années, j'avais beaucoup de mal à comprendre les codes de la grande capitale, j'étais la provinciale, même au-delà de la provinciale... Et ça a été très compliqué mais comme toutes les choses pour lesquelles on se bat, on finit par les obtenir. Donc Paris c'est un peu la patrie que je me suis construite, c'est l'endroit pour lequel je me suis battue. Je suis une parisienne heureuse. J'ai encore du mal avec l'hiver mais j'aime Paris.

Quel est ton meilleur souvenir de scène ? Il y en a sûrement plusieurs...

Il y en a un qui dépasse tous les autres, on a eu l'occasion magique de jouer à la Cigale en première partie d'Archive dans le cadre du MaMA Event. On était programmés à 19h dans le cadre d'un festival pro, donc on s'était mis en tête que ça allait être assez compliqué, qu'il n'y aurait pas grand monde dans la salle et que le public ne serait pas particulièrement chaleureux... Et ma foi on a été complètement cueillis, la salle était pleine, l'ambiance était folle et le lieu est vraiment à la hauteur de sa réputation. C'est une grosse bonbonnière avec l'impression de faire corps avec le public.

Ta plus grande frayeur sur scène ?

Alors là pour le coup elles sont tellement nombreuses que je n'en ai pas une qui viendrait écraser les autres... J'ai connu quelques terreurs que j'ai dû surmonter pendant le cours des concerts.

Au-delà de Robi, qui est Chloé Robineau ?

Si je le savais je ne me poserais pas la question toutes les deux phrases dans mes chansons 😉 Probablement quelqu'un d'un tout petit peu plus torturé que la moyenne. Mais très contrastée... Ça ne saute peut-être pas aux yeux de tous mes auditeurs mais je suis aussi quelqu'un d'extrêmement joyeux et voilà, la part de questionnement que je dévoile dans mes chansons n'est pas forcément la part sociale. Je suis par ailleurs mère de famille, j'ai deux enfants, j'ai des amis, je suis quelqu'un comme tout le monde, je suis juste quelqu'un.

Merci Chloé.

Flora Doin

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