Arno Futur et Antoine Zebra : On fait du Rock’n’Roll !

Le Chinois, Montreuil, jeudi 20 octobre 2016.
Antoine zebra, accompagné de Prem, son nouveau guitariste, donne son premier concert sans machine, pour lancer son album, "Plaisirs et Dissidences", dont l'existence est conditionnée à la réussite de son projet Ulule (voir lien en bas de l'article).
Arno Futur, de son côté, fête la sortie de "Cannibal, les choses qui nous dévorent", son premier album solo, depuis la fin de l'aventure des Sales Majestés.
Une belle soirée, conclue par un groupe tribute aux Ramones.
Autant dire que l'ambiance était très Punk lorsque nous nous retrouvons, Arno Futur et ma pomme, dans l'arrière-salle, pour partager un moment (à lire ici).
Puis Antoine Zebra nous a rejoint, et ça a donné ça:

La Grosse Radio : Arno Futur et Antoine Zebra, merci d'être là, et merci pour les concerts, c'était chouette. D'où vous connaissez-vous ?

Antoine Zebra :
On s’est retrouvé à Cambrai au BetiZ'Fest, en 2010, quel souvenir!
Arno Futur :
Oui c’est vrai. J’avais été impressionné par ta prestation. Tu avais joué après nous (les Sales Majestés, NDLR), tu avais foutu un dawa, c’était vraiment énorme.
Antoine Zebra :
Hyper punk. Enfants du punk, punks pour toujours.
Arno Futur :
Keupon d’un jour, keupon toujours, c’est ça ! Donc je voulais jouer avec Antoine, et on y est arrivé !
Antoine Zebra :
Oui je suis ravi que tu m’ais appelé, ça fait plaisir. En plus tu ne savais pas à quoi t’attendre, comme tout le monde.
Arno Futur :
Oui, la surprise était énorme.

Antoine zebra, Arno Futur, rencontre, rock, punk

Photo © Cecile Lethielleux

La Grosse Radio (à Antoine Zebra) : C’est vrai que, à ce jour, ton album est encore un mystère…

Antoine Zebra :
Mais tout est un mystère ! On sait pas où je vais ni qui je suis, il n’y a que moi qui sais. Je présente ça aux gens, et puis voilà ! En fait, c’est assez punk. Le punk, façon français, façon Arno Futur, c’est pas vraiment si « No Future » que ça. C’est plutôt un façon de dire « On fait les choses, et on verra comment ça se passe, et puis merde ». On s’en fout, quoi.

La Grosse Radio (à Arno Futur) : C’est ce qu’on sent sur ton album, c’est pas du no future, c’est du yes future, non ?

Arno Futur :
C’est presque ça, c’est du No Passé ! Bon c’est vrai je chante encore « Camarade » sur scène, parce que c’est un morceau important, parce que c’est un rappel aux Sales Majestés… Les gens me demandent si ça me fout pas les boules, et non, je n’en garderai que le meilleur. Les Sales Majestés m’ont permis beaucoup de choses. Je ne fais pas table rase du passé, c’est une partie de ma vie importante, maintenant c’est une autre partie qui commence. Les Sales Majestés m’ont permis d’aller ailleurs.
Antoine Zebra (à Arno Futur) :
Mais tu ne changes pas radicalement d’univers non plus.
Arno Futur :
Non, non, mais je n’ai pas envie de changer ! J’ai essayé de changer ma voix mais j’aurai toujours une voix de chèvre !
Antoine Zebra :
Tu vois par exemple, si tu disais j‘en ai ras-le-bol, maintenant je vais faire DJ d’électro, là, carrément, ce serait bizarre !

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Photo © Cyrille Hervet

La Grosse Radio (à Arno Futur) : Mais tu t’es mis à l’électro ! Un morceau comme RER, c’est électro, non ?

Arno Futur :
Oui, tout à fait. D’inspiration punk, mais électro.
Antoine Zebra :
C’est surtout plus synthétique. Electro, c’est censé faire oublier l’humanité qu’il y a derrière, il n’y a plus d’humain, c’est uniquement la machine. L’électro, pour bien connaître le sujet, c’est un divertissement total où la seule personne qui compte c’est le public. Les gens aiment bien oublier qu’il y a un artiste derrière. Avec Arno on a la logique inverse, on met tout en œuvre pour qu’on n’oublie pas qui nous sommes. On fait en sorte que nos intentions et nos envies soient hyper-claires. Donc l’électro, mouais… On se sert de quelques outils électroniques.
Arno Futur :
C’est pas le truc majeur. On a une démarche rock’n’roll, punk.
Antoine Zebra :
C’est ça ! Il faut que ça joue.
Arno Futur :
C’est ça, la scène. Pour moi la vie d’un artiste c’est la scène.
Antoine Zebra :
Et là, dans un lieu comme ça, le Chinois à Montreuil, on est à nu. Il y a une scène, il y a 4 lumières, tu ne peux pas être plus direct et plus sincère que ça.

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La Grosse Radio : Aujourd’hui, et c’est le hasard qui fait ça, vous sortez tous les deux un album quasiment le même jour. Le monde de la musique change radicalement, avec des financements participatifs, c’est complètement différent. Ubérisation ?

Antoine Zebra :
Oui c’est ça, tu peux le dire.
Arno Futur :
Moi je n’ai jamais participé à ça. Quand je sors un album je ne demande rien. Le spectateur vient, il achète si il en a envie. C’est pas mon truc, c’est pas une organisation qui m’intéresse. Je sors un album, après les gens font ce qu’ils veulent. Le côté participatif, genre « je mets de l’argent pour que l’album sorte », c’est pas ma tasse de thé.
Antoine Zebra :
Moi non plus, c’est pas ce que j’ai fait. L’album était fait de toute façon. J’ai juste demandé une existence. Mais je comprends que des fois, certains artistes se disent « j’ai un beau projet, et j’aimerai bien impliquer les gens », ça part d’un bon sentiment. Ça remet les choses sur le terrain. C’est ce que nous a montré l’exemple de l’agro-alimentaire : chez les vignerons, les coopératives marchent très bien, et sont des bons contre-pouvoirs à une standardisation des produits. Nous, dans la culture, on a tout à apprendre de ces gens-là. L’AOC de la musique actuellement, c’est le label « indé ». On voit ce que ça donne, le label « Indé », c’est Because, Pias, qui sont de faux indés. Et nous on se dit, derrière ça, il y a les auto-produits, et des fois on n’est pas uniquement en auto-production, on a des labels derrière. Mais l’auto-production, ça permet une certaine liberté, et on aime bien le faire comprendre aux gens. Le financement participatif, c’est aussi une façon d’expliquer aux gens où on va, dans quel but on en a besoin, combien ça coûte la musique, c’est important, parce que ce n’est pas gratuit ! Si on va en studio c’est pour faire du physique, pas du numérique gratuit. Mais après il ne faut pas qu’il y ait d’abus. Malheureusement ce que je vois, sur les sites de financement participatifs, c’est des mecs qui sont là : « ce serait trop cool d’avoir 10.000€ pour aller en studio ». Eh, tu peux faire un album pour 2000€, c’est très bien ! Donc en fait il faut juste être sincère, et ne pas tromper les gens. Et c’est la seule chose qui compte. Après l’exemple de Stupeflip récemment, qui ont récupéré 250.000€, c’est délirant.
Arno Futur :
Le temps qui est important, c’est pas le studio. Ok tu peux avoir un bon studio, c’est vrai. Mais le temps, c’est l’écriture. Tu écris un morceau, tu travailles sur ton truc, et après tu vas en studio. C’est clair que quand je vais en studio j’y passe pas 6 plombes. On avait bien préparé, et les titres ont été enregistrés en une journée.
Antoine Zebra :
Et puis tu sais ce que ça coûte d’avoir tout le son que tu veux ! Si tu veux faire une chanson intimiste genre guitare/voix, celle-là tu peux l’avoir pour presque rien ! Si tu veux un bon son de batterie et tout ça, tu vas en studio. Une journée c’est 300 ou 400 balles, plus machin/machin, donc tu coup tu sais ce que ça va te coûter. Mais il ne faut pas tromper les gens. Et il y a des abus partout, c’est ça le problème. Mais en tous cas le système de l’auto-production c’est un bon contre-pouvoir, et je pense que ça va se développer.
Arno Futur :
Et qui existe depuis les années 80 ! Le Punk est né là-dessus, avec le Do It Yourself ! Averc des bouts de ficelle tu faisais des trucs, et il y a des super albums qui sortent avec pas beaucoup d’argent. Parce que ce sont les titres qui sont importants, les morceaux ! Tu peux avoir 250.000€, si ton morceau il est chiant, même à la fin il restera chiant !
Antoine Zebra :
Tu sais, la plupart des gens se foutent de comment ça a été enregistré. Si la chanson est bonne ils l’aiment, c’est tout.

La Grosse Radio : C’est le modèle des Sales Majestés, on ne vous pas vu signer sur des majors et pourtant ça a très bien tourné.

Arno Futur
:
Oui par ce que ça ne nous intéressait pas. C’est l’écriture qui est importante, c’est le morceau.
Antoine Zebra :
On sait tous comment le système fonctionne. Les groupes alternatifs qui étaient dans des majors dans les années 90 se sont tous fait enfler. On suit l’exemple.
Arno Futur :
C’est pour ça qu’on n’a jamais voulu rentrer là-dedans. J’ai vu plein de groupes que j’adorais, qui ont signé, et ils y ont perdu leur identité et leur crédibilité.
Antoine Zebra :
Et ils se sont sabordés juste après… Après, ils se reforment 20 ans après, comme les Ludwig par exemple, mais bon… Ce qu’ils vendent, c’est de la nostalgie. Arno, ce qu’il vend, ce n’est pas de la nostalgie, il vend un renouveau, c’est ça qui est intéressant.
Arno Futur :
Je ne referai jamais les Sales Majestés, ça ne m’intéresse pas. Je suis passé à autre chose. Et puis, quel intérêt ? Il n’y a aucun intérêt !
Antoine Zebra :
C’est clair ! Johnny Rotten qui reforme les Sex Pistols, quel intérêt ?
Arno Futur :
Oui, ce n’est pas le moment ! Les Pistols c’était dans un moment, dans une époque, avec tout ce que ça avait au niveau politique, au niveau engagement. Maintenant ça n’a plus d’intérêt. Tu me proposes un million d’euros pour reformer les Sales Majestés, je n’irai pas ! Je me ferais chier sur scène, et le public s’emmerderait aussi.
Antoine Zebra :
Et puis l’essence du Punk, c’est droit devant, c’est pas derrière, tu n’attends personne. Tu prends un mec comme Jerry Lee Lewis, il était punk ! Il s’en branlait ! En 56, il y va, il prend un piano, et il met le feu au piano ! Le mot « Punk », c’est une définition commerciale, pour définir un mouvement anglais. Mais à la base, le mouvement « droit devant », c’est le Rock’n’Roll.
Arno Futur :
On fait du Rock’n’Roll !

L'album de Antoine Zebra, "Plaisirs et Dissidence", n'est plus disponible sur Ulule, il faut s'adresser au label Zebramix (fais vite, l'ami!).
Et ne pas oublier, Zebra paye sa tournée, tous les week-ends sur La Grosse Radio Rock.

L'album de Arno Futur, "Cannibal, les choses qui nous dévorent", est disponible dans les bacs.
A écouter de toute urgence, si tu veux l'avoir en fond sonore lorsque tu vas lire la chronique sur La Grosse Radio (teasing, héhé!).

Un grand merci à Antoine Zebra et Arno Futur.

Et découvrez la chronique de l'album d'Arno Futur dans nos colonnes aujourd'hui à 11 heures !

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