Rencontre avec les Goulamas’K (04.02.2017)

Journée spéciale Goulamas'K sur La Grosse Radio Rock

L'interview ci-dessous
puis le live report à 12 heures
et la chronique à 14 heures !

Le 4 février, à Puisserguier, petite commune près de Beziers dans l'Hérault, pour le lancement de leur album Resisténcia, les Goulamas'K nous ont conviés à une table de presse qui réunissait plusieurs médias régionaux et internationaux. Vos serviteurs de La Grosse Radio, mais aussi Radio Lenga d'Oc, Radio-Albiges, le Poulpe, Ferriol Macip Bonet, Trancas' Trabanten, Seb de la Peña Festayre, Alex en direct du Maroc, François Currat du Festival du Gibloux, Julien du Mediator, Alain et Jean-Brice du groupe Castanha E Vinovel, Séverine Giquel du Festival ARKOS, Mark Taylor the Scotish se sont prêtés au jeu. 

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Retour sur les questions essentielles posées par chacun des journalistes présents :

Aliu (Salut) les Goulamas'K ! Pouvez-vous vous présenter ?

Fred : chant
Angel : batterie
Yadou : trombone, graille catalane, Sac de Gemecs (cornemuse catalane)
Adrien, basse
Gordon : saxo, buzuki et graille
Flo : guitare

Les Goulamas'K, ce sont des musiciens sur scène, mais il doit y avoir toute une équipe, des hommes de l'ombre. Qui sont-ils ?

Fred : Il se trouve que nos hommes de l'ombre ce sont des femmes, Claudie en particulier, notre graine de chef. Sinon, tous les Goulamas mettent la main à la pâte, aussi bien sur les plateformes d'écoute et de téléchargement, qui marchent bien d'ailleurs, que pour la communication sur les réseaux sociaux.

2017 célèbre vos 18 ans, on se souvient de vous en 2003 au Larzac, où vous luttiez sous la bannière occitane. Depuis, la recette des Goulamas'K a-t-elle changé ?

Fred : On gagne plus de sous, mais le militantisme culturel et social qui mène le groupe existe toujours. Quand un nouveau membre intègre le groupe, c'est qu'il adhère à ses idées.

On fête ce soir la sortie de votre nouvel album Resisténcia. Quelles thématiques y sont abordées ?

Fred : Le féminisme, avec la première chanson «Dame de cœur», l'immigration, la condition ouvrière, il y a d'ailleurs une chanson souvenir et soutien aux barricades de Barcelone, on parle aussi de la croisade contre les Albigeois et les Cathares, parce que aujourd'hui encore, on a l'impression qu'on nous tient la tête sous l'eau.

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Vous êtes très impliqués dans les luttes environnementales de la région (Larzac, barrage de Sivens) Peut-on dire que vous faites de la lutte alternative « Made in Aquì » ?

Fred : Made à la maison surtout. En l’occurrence on a enregistré l'album aux studios de la Mouche qui sont en fait chez Angel.
Angel : J'habite dans un centre équestre. En été il fait chaud, et il y a des mouches, voilà pourquoi le studio de la mouche...
Fred : De produire chez nous ça nous permet de ne pas avoir à payer à l'heure un studio d'enregistrement et donc de prendre plus de temps. Moins cher, plus de temps, c'est ce qui nous permet de faire de bons produits.

Parlez-nous de la chanson «Les larmes des morts» sur votre dernier album, la musique et le clip sont très différent de ce que vous avez fait jusqu'à présent. Qu'est-ce qui vous a motivé à écrire cette chanson ?

Fred : On ne pouvait pas rester sans réagir au drame que vivent les migrants. Mon grand-père a été interné au camp d'Argelès-sur-mer, on se dit que c'est le passé, mais ça peut arriver de nouveau, il ne faut pas oublier.
C'est Angel qui a réalisé le clip, on l'a tourné à Gruissan, sur le Lido. Évidement c'est pour rappeler les images dramatiques qu'on a pu voir. La plage c'est le lieu où vous allez vous amuser en été avec votre famille. Imaginez ce que ça vous ferait de voir arriver un cadavre par la mer...

Vous chantez en anglais dans cette chanson, ça n'aurait jamais pu arriver il y a dix ans. Que s'est-il passé ?

Fred : On a Gordon qui nous a rejoints et dont c'est la langue, c’était donc tout naturel pour lui de
chanter en anglais. C'est sûr que ni moi, ni Yadou n'aurions pu chanter en anglais. Avec cet album, on a tenu à faire ce qu'on voulait. Pour «Les larmes des morts», on avait écrit plein de choses, mais finalement on a tout nettoyé, pour ne garder que le bœuf que Flo et Gordon avaient improvisé. Avec un sujet comme celui-ci, il fallait une musique forte. On se doutait qu'on allait surprendre et être critiqués mais on est super fiers du boulot qu'on a fourni et de l'énergie qu'on a mise dans l'album.

La première chanson de l'album parle des femmes. L'égalité homme femme est-il le premier combat à mener au XXI siècle ?

Fred : Ce qui est dommage c'est que ce soit toujours un combat. Moi j'ai été éduqué à la catalane, c'est à dire que les hommes ne font RIEN et que s'ils font, c'est mal. Alors quand je me suis retrouvé avec ma copine, ça ne s'est pas passé comme ça... Il faut éduquer les garçons pour que ça change. Surtout que dans la culture des troubadours occitans, les femmes étaient les égales des hommes.

Vous avez comme cause le féminisme. Si une femme devait monter sur scène avec vous, l'accepteriez-vous ?

Fred : On a déjà eu une femme dans le groupe, Amaya, elle jouait de la graille. Puis elle a dû partir, mais ce n'est pas une question d'homme ou de femme, c'est de savoir de quelle personne on a besoin pour faire avancer le groupe à un moment donné.

Vous utilisez une grande diversité d'instruments de musique : guitare, basse, batterie, mais aussi saxophone, trombone, et des instruments traditionnels comme la graille catalane, ou la cornemuse. Comment composez-vous ?

Yadou : Au début c’était galère, parce que personne ne voulait de musique traditionnelle. On s'est frayé un passage à coup de machette. Mais ce qui n’était pas évident non plus c’était qu'on ne voulait pas copier ce qui existe déjà. Donc quand je prends un instrument traditionnel, je l'utilise comme si c’était un instrument moderne. Selon que la note nous plaît ou pas, on décide ensemble de la garder. Quand un rythme nous plaît, mais ne passe pas avec un instrument tradi, je le passe sur les cuivres. On s'impose de ne pas s'imposer de règles.

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Comment écrivez-vous vos paroles. À quel moment décidez-vous en quelle langue vous les chanterez ?

Fred : C'est moi qui écris les paroles. La première à les lire c'est Claudie, qui en général me traite de fainéant, alors je retourne me bouger le stylo. Si une phrase ou un mot ne plaît pas aux copains du groupe, je retourne aussi bouger mon stylo. Pas une chanson ne monte sur scène sans avoir l'aval du groupe. La plupart de nos chansons sont engagées. J'ai essayé de faire des chansons légères, mais c'est plus difficile. Ecrire sur un sujet pour lequel la colère te donne de la matière de départ c'est plus évident pour moi. Pour la langue, ça vient comme ça, on ne décide pas à un moment particulier.

Pourriez-vous nous dire comment s'organise le travail pour le groupe Goulamas'K ? Combien de temps par semaine y consacrez vous ?

Angel : C'est difficile à quantifier, c'est par période. En ce moment on est pris par la paperasse, les tâches administratives. Ça prend beaucoup de temps aussi de faire la newsletter, de répondre aux interviews. En ce moment on répète deux fois par semaines mais on passe beaucoup de temps pour le reste.

Comment Gordon s'est-il intégré au groupe ?

Gordon : J’étais en vacances à Capestang et je les ai vus en concert. Je me suis tellement éclaté que je suis tout de suite devenu fan. Quand plus tard j'ai pu faire partie du groupe, ils m'ont beaucoup soutenu, surtout pour que j'apprenne de nouveaux instruments, comme le bouzouki, ou la graille.

On a parlé de toutes les raisons de résister que vous traitez dans vos chansons. Y a-t-il une cause dont vous n'avez pas parlé et qui vous tient à cœur, que vous auriez envie de soutenir ?

Fred : Une thématique difficile à travailler, c'est l'Europe. Personne ne parle de l'Europe. La seule chanson que je connaisse c'est celle d'Arno «Putain, Putain», mais c'est tout. Et lui connaît l'Europe il a fréquenté plein de gens de plusieurs pays. Moi je me demande de quoi je pourrais bien parler, mais c'est un sujet que j'aimerais traiter. Il faudrait qu'on voyage plus. C'est par le voyage qu'on peut aborder les gens, et pouvoir parler d'eux.
Angel : Il faudrait qu'on parle plus des religions aussi.
Fred : La religion ? Pas besoin d'en dire plus. Ni dieux, ni rois, ni maîtres. Quand t'as dit ça, t’as tout dit....
Flo : La reproduction féminine des moules. C'est un vrai mystère pour moi, et j'aimerais beaucoup que tu fasses une chanson dessus Fred.
Fred : ... mouais... ça risque de pas bien sonner en occitan.

Au début de Goulamas'K vous est-il arrivé de jouer devant très peu, voire pas du tout de public ?

Fred : Oui au tout début, on s'est vraiment retrouvé à jouer dans des salles vides. Je me souviens d'un bar, où on jouait devant un seul gars au comptoir, qui nous tournait le dos... le plus drôle c'est qu'on avait fini par s’engueuler sur scène parce qu’on faisait un concert vraiment merdique, alors que le gars au comptoir n'en avait rien à foutre...
Une autre fois, on a joué à Mende, un mercredi soir, il n'y avait pas un chat.... même l'agent de sécurité a préféré rester dehors. Ça nous a fait une super repèt'.
Il y a eu cette fois aussi où on était douze dans le bar. Le patron fermé la caisse, il nous a dit que les fûts étaient pleins et la disposition de tous. C’était un super concert, on s'est éclaté, comme à la maison.
Mais il y a eu aussi des concerts ou il y a eu vraiment beaucoup de monde. Au Festival de la Chabriole par exemple. C'est un hameau de 350 personnes à l'année, mais de 5000 pendant le festival, ça a été un souvenir extraordinaire

Flo : Surtout ce qui est important, c'est que quel que soit le nombre de personnes devant lequel on joue, on joue de la même manière. On va sauter pareil, transpirer pareil. Il y a quelque chose que les gens nous disent, aussi bien le public que les programmateurs, et ça me rend très fier, c'est qu'on est plutôt sympa. On s'amuse sur scène, quelques soient les circonstances, et il semblerait qu'on soit aussi sympa avant ou après le concert, et c'est vrai que c'est important pour nous.


A lire aussi aujourd'hui, le live report du concert du 04/02 et la chronique de l'album

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