Steve Rothery (Marillion) à  Paris (25.10.2014)

Il n’est pas toujours aisé, en tant que guitariste,  de se lancer dans une carrière solo, qui plus est lorsque votre groupe principal officie dans le circuit depuis une trentaine d’années. Pourtant c’est le pari risqué qu’a tenté avec succès Steve Rothery, guitariste et fondateur du groupe Marillion. Si la qualité de son premier album studio, The Ghosts of Pripyat, ne fait aucun doute, on se demandait néanmoins ce que le guitariste pouvait proposer à ses fans avec un seul album en poche. Le concert donné ce soir lance pourtant Steve Rothery dans une carrière solo démarrant sur les chapeaux de roue !

RanestRane

C’est à la Maroquinerie, petite salle parisienne à l’ambiance intimiste que ce concert a lieu. En guise de première partie, le guitariste a choisi un groupe quasiment inconnu venu d’Italie, RanestRane. Nous nous apercevrons d’ailleurs que le claviériste Riccardo Romano n’est autre qu’un des membres du Steve Rothery Band. Le groupe italien officie dans un rock progressif rappelant IQ ou Arena. Musicalement, les musiciens tiennent la route, posant les bases d’une musique planante et envoûtante où les claviers se taillent la part du lion. Maurizio Meo (basse) groove avec des lignes de basse ou de contrebasse électrique qui s’accordent bien avec le jeu de batterie de Daniele Pomo (chant, batterie). Hélas, le chant en italien ne passe pas très bien, causant la désagréable sensation d’écouter de la musique pop. Il faut également souligner que le batteur, bien que se débrouillant à merveille avec ses baguettes, n’est clairement pas un grand chanteur, ce qui n’aide pas à apprécier les parties vocales de RanestRane.
 

La petite demi heure allouée au groupe passe donc relativement lentement, alternant les passages intéressants musicalement avec des refrains trop faciles et peu originaux. Les italiens oscillent ainsi entre le bon et le moins bon. Dommage, d’autant plus qu’il ne manque pas grand-chose aux compositions pour avoir le potentiel d’accroche d’un Arena.

Steve Rothery
 

C’est après une petite pause que Steve Rothery entre sur les planches. The Ghosts of Pripyat étant tout juste sorti, c’est naturellement sur cet album que le guitariste met l’accent. En effet, chaque piste de l’album est jouée dans l’ordre, ce qui peut d’ailleurs décontenancer l’auditeur puisque l’effet de surprise dans la setlist est ainsi réduit à néant pendant cette première moitié du concert.

Mais qu’importe, tant la qualité des morceaux est là, Steve prouvant une fois de plus que la vitesse et la technique guitaristique ne sont pas nécessaires pour écrire de bons morceaux pleins de feeling. Développant un jeu proche de David Gilmour, le guitariste peut ici s’exprimer pleinement au cours de compositions instrumentales mettant l’accent sur l’émotion ("Morpheus", "Old Man of the Sea"). Même les titres les plus faibles de l’album (selon votre serviteur) tel que "Kendris" ou "Yesterday’Hero" passent très bien le cap de la scène. Les yeux fermés durant la majeure partie de ses soli, Steve prend le temps de communiquer avec le public entre les chansons, évoquant les différents thèmes abordés dans l’album. Ses acolytes, bien que légèrement en retrait, font également preuve de maîtrise instrumentale, en particulier Dave Foster (guitare) et Leon Parr (batterie). Les cinquante minutes de l’album passent très vite, bien que le tout soit uniquement instrumental et le public semble ravi de la prestation de ce soir.

Une fois le titre éponyme joué, Steve s’éclipse pour un court entracte, avant de revenir de nouveau pour interpréter cette fois-ci des titres rares de Marillion. Et en guise de rareté, le guitariste dépoussière "Cinderella Search", titre pratiquement jamais joué par Marillion, datant de l’ère Fish et correspondant à une face B au moment de la sortie de Fugazi. Les fans de la première heure de Marillion sont donc gâtés avec ce titre, magnifiquement interprété au chant par Martin Jakubski, également vocaliste du cover band StillMarillion. Ce dernier est d’ailleurs un caméléon vocal, sachant trouver la bonne performance, sans singer Fish ou Steve Hogarth, et en ajoutant sa propre patte aux compositions. C’est bien simple, il arrive presque à voler la vedette à Steve Rothery, tant ses interprétations sont criantes de justesse et d’émotion ("Waiting to Happen", "Afraid of Sunlight"). Le maître de cérémonie a cependant eu la bonne idée de ne pas privilégier l’une des périodes de Marillion à l’autre, si bien qu’avant le rappel, trois titres période H et trois titres période Fish seront joués. Au cours de cette partie du concert, le public est d’ailleurs beaucoup plus expressif, chantant les paroles des morceaux de Marillion ("Sugar Mice", "Waiting to Happen"), et applaudissant à tout va les musiciens. Il faut dire qu’il est plus facile de s’investir sur des morceaux devenus des classiques du prog que sur des instrumentaux sortis récemment.

Steve Rothery continue d’éblouir le public par ses parties de guitare planantes et ses soli envoutants dans cette seconde partie de concert. Mais c’est sur le rappel constitué des meilleurs passages de Misplaced Childhood, album adulé des fans de Marillion, que le guitariste finira de ravir les foules. En effet, "Lavender" est enchainé avec "Bitter Suite" et "Heart of Lothian", soit trois classiques de la période Fish, encore une fois magnifiés par le duo Rothery/Jakubski.
 

Martin Jakubski
 

C’est ainsi que s’achève ce concert, riche en émotion avec un Steve Rothery qui réussit son entrée scènique dans sa carrière solo. Si l’on peut toutefois reprocher au guitariste d’avoir joué The Ghosts of Pripyat dans l’ordre, rompant ainsi l’effet de surprise, la deuxième partie du concert aura su mettre tout le monde d’accord. Nous avons ainsi pu assister à un concert où émotion et générosité étaient les maîtres mots, le guitariste anglais n’ayant pas hésité à aller à la rencontre de ses fans une fois le concert achevé. Et ainsi prolonger les très bons moments d’une soirée déjà excellente. 

Setlist : 

Morpheus
Kendris
Old Man of the Sea
White Pass
Yesterday's Hero
Summer's End
The Ghosts of Pripyat

Cinderella Search
Waiting to Happen
Easter
Afraid of Sunlight
Sugar Mice
Incubus

Lavender/Bitter Suite/Heart of Lothian

Photographies : 2014  Céline Godard
Toute reproduction interdite sans l'accord du photographe

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