Manchester Music Club – Rockstore Montpellier – 16/04/2016

Les 15 et 16 avril dernier,  des ponts se sont jetés entre Montpellier et la cité de Manchester. Le rapport entre ses deux villes ? DeStijl. Pas le mouvement d'Art dont Piet Mondrian est le fer de lance, mais le groupe de Rock, présent sur la scène montpellieraine depuis 1995, dont les membres fondateurs sont de fervents admirateurs de Mondrian d'une part, et de la musique made in Manchester de l'autre, Joy Division / New Order en tête.

Manchester Music Club, Rockstore Montpellier, 16/04/2016

Pour la sortie de leur EP ++MANC++, annonciateur d'un album prévu pour le dernier trimestre 2016,  ils ont voulu célébrer les liens qu'ils ont tissé avec la cité, invitant pendant deux jours des groupes de la scène Rock de Manchester et des artistes locaux en première partie. Le premier soir, ce sont Sexton, My Favorite Horses et Jela qui se sont succédés sur le plateau du Rockstore.

Et ce 16 avril, l'affiche est partagée entre Olly Jenkins, duo de folk expérimentale, et de DeStijl qui clos le festival. Devait aussi monter sur scène le groupe Post-Punk de Manchester, Slow Readers Club. Mais le batteur du groupe s'étant blessé à la main, leur participations a du être annulée.

Olly Jenkins

Olly Jenkins entre donc sur scène à 20 heures. Olly au chant et à la guitare électro-acoustique et John qui gratte amoureusement son Epiphone pour lui faire chanter un blues mâtiné de jazz et d'effets électroniques. Il est peut être trop tôt pour les montpellierains en goguette ce soir, la salle n'est malheureusement pas très remplie. Et pourtant, dans cette salle, à moitié vide disons le, le duo débute son set avec un morceau intense et dépouillé, qui fait rapidement vibrer l'air et les tripes.

Les morceaux qu'ils vont enchaîner ce soir partagent une douce intimité, servie par le chant d'abord fragile d'Olly, puis montent en puissance, en intensité et en vibrance, pour doucement redescendre.

Deux morceaux pourtant se démarquent nettement de ce (joli) schéma.
Au milieu du set, après une ballade teintée de blues, à l’extrême douceur, Olly change sa guitare électro-acoustique pour une Fender électrique. Je me demande si le concert va prendre un virage plus Rock ? Il n'en est rien. C'est un morceau contemplatif qui s'amorce, à la rythmique très lente, dont le chant tremblant et susurré s'enroule lentement autour de nous. La Fender d'Olly pose les bases de la mélodie tandis que l'Epiphone de John chante une partie de blues enivrant. Le rythme est lent certes, mais pourtant il n'y a pas de temps mort dans ce morceau. La corde mélodique est tendue et l'interprétation intense. Je pense à ces mots de PJ Harvey dans l'hypnotisant « Rope bridge crossing » de l'album Dance hall at louse point : « You move me, like music ».

Il y a aussi l’étonnant titre « Sciamachy », qui débute par quelques notes de chant a capella rapidement rejointes par l’électro-acoustique, tandis que John applique de longues notes vibrantes, oscillant entre pureté et distorsion intense. Olly livre un chant puissant et aigu, chant duquel, il me semble, les mots disparaissent : la voix se confond peu à peu avec la guitare de John, la disto s'applique de la même manière aux deux instruments.

Ce duo-là, à partir de notes de folk ou de blues, souffle une bulle musicale qui enfle sans exploser. C'est intimiste et touchant. Touché !

DeStijl

Après la langueur des Olly Jenkins, c'est quasiment un big band qui entre sur scène : Guitariste, batteur, choriste, claviers/synthé et autres bidouilleries et au chant un lutin bondissant, Fred Vernay, à la voix profonde qui n'est pas sans rappeler celle de Dave Gahan.
La lumière est stroboscopique, une belle boule à vanité en tête de mort tourne et scintille au dessus du batteur, annonçant la couleur du set, déluré, dansant, Disco Rock ou revival New Wave, mais aussi plus dark, avec des accents de Metal, ou de rock Indus par moment.

Le son est résolument ancré dans les 80's, le début du set enchaîne des morceaux très dansants, au style assumé, sur base de synthé syncopé. La batterie acoustique est accompagnée d'une batterie électro. C'est Pascal aux claviers qui bidouille tout cela.
Sur le morceau « Stripes », qui sera sur le prochain album, ça « clap-clap » et synthétise à mort. Je ne suis pas très fan des claps justement. Et ils auront tendance à se caler un peu partout au long du concert… Mais une petite mélodie entêtante au clavier, portée par un fièvre new wave donne sacrément envie de danser!

Sur le plateau ça se déchaîne, le chanteur se la donne, passant de l'arrière à l'avant de la scène en un bond, se postant au dessus des amplis de retour pour haranguer le public (un peu plus nombreux que pour la première partie).  Le clavier se balance dans le vide au dessus de la fosse, Maud la choriste apporte un côté baroque à l'ensemble. C'est d'une énergie réjouissante.

À l'enregistrement de l'EP, DeStijl a fait appel à une section cuivre pour le morceau «  Out of range » Afin de garder un son live, au lieu de lancer une bande enregistrée, ce sont trois musiciens supplémentaires qui entrent sur scène. Big band j'vous dit ! Ces cuivres, s'ils donnent une note plus optimiste aux chansons ( j'ai même l'impression de reconnaître sur la suivante quelques notes de « Manchester England » de la comédie musicale Hair. Est-ce un hasard ? ) alourdissent le rythme jusqu'ici plutôt endiablé du set.
Après deux morceaux avec les cuivres, c'est l'énergie plus rock qui reprend ses droits, avec « Death is not an option », ou la chanson suivante aux paroles explicites : « People use to copulate »

Pour les rappels, la chanson « Too late » présente également sur l'EP démarre sur un beat de batterie électronique roulant (avec les claps encore…), la guitare, le chant et le clavier mué en orgue jouent la corde nostalgique dans une lumière en noire et blanche, avant de faire exploser le morceau avec la batterie d'Eric, la vraie cette fois !
Le concert se termine avec deux morceaux au style plus Industriel, toujours dans cette lumière noire et blanche.

Voilà donc une  première édition du Manchester Music Club. Espérons que ce rendez-vous se reproduise l'année prochaine.

Retrouvez toutes les photos des concerts sur cette page et notre interview vidéo du groupe DeStijl est aussi ici dans nos colonnes Rock.

Voici ce que donne le son de DeStijl :

Live report : Laetitia Maciel
Crédits photos : Yann Landry / La Tête de l'Artiste 

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