Cosmic Trip Festival – day two

Le mad chroniqueur attitré de la Grosse Radio - il a pénétré par effraction et on a loupé la fin de la trêve hivernale pour le virer - vous raconte sa seconde soirée au Cosmic Trip Festival, le 7 mai dernier. Autant vous prévenir de suite, ce marathon de concerts a forcément généré un live report à rallonge ; à lire donc dans les transports, lors d’un repas de famille, dans les WC… Bref en toutes occasions durant lesquelles vous vous faites vraiment ch… Suer !

La Roller Association avait vraiment mis les p’tits plats dans les grands pour ce vingtième anniversaire de son festival berruyers. Rien d'étonnant donc à ce que les concerts de l'après-midi présentés dans ce Palais des congrès, reconverti en Rock n'roll land, soient gratos… C'est bien dans l'esprit de ces passionnés que de permettre ce libre accès au public berrichon et leur faire découvrir le monde merveilleux des garageux. Dès 13h30, tout l’monde pouvait donc assister à plusieurs concerts dans la jungle room. Pour ma part, je me remettais à grand peine de l'épique soirée de la veille et ne put donc assister au set de The MAA & good ol'boys. Dommage, car en tant que Mad Mask, je me sentais des accointances certaines avec leur leader masqué, The Mysterious Asmathic Avenger.

Crédits photo - Anthony Leforestier

C'est donc pour le duo Archie and the bunkers qui leur succèdent, que je reviens trainer mon galure et ma cravate au Cosmic. Nos deux teenagers originaires de Cleveland dépassent à peine à eux deux la trentaine. Si, si, vous avez bien lu. Cullen au chant et clavier, n'affiche que 14 piges au compteur et son comparse Emmett aux drums ne sera lui majeur que l'an prochain… De vrais baby rockers donc, qui prouvent si besoin était, qu'à zik garage tôt écoutée, la valeur n'attend point le nombre des années ! Cullen, chevelure pétardisée et péroxydée, roule des mirettes et se contorsionne savamment derrière son synthé tandis qu'Emmett exhibe son torse pubère et imberbe comme tout bon batteur qui se respecte. Ils seront rejoints à la gratte par ce grand ado de King Khan, lequel arborait une tenue d'une sobriété étonnante, s'il n'avait cette toque de Davy Crockett vissée sur le crâne. Emett, rassuré par la présence de celui dont ils feront leur mentor tout au long du festival et avec lequel ils visiteront la capitale berrichonne, se jette dans le public pour l'inviter au pogo et se roule à terre à la iguane way, suscitant certainement bien des émois chez les jeunes - et moins jeunes - filles...

Comme la majorité des groupes de cette vingtième édition, Flavia Couri, moitié de The Courettes et accessoirement celle du danois Martin Couri, son partenaire sur scène comme à la ville, n'est pas une inconnue pour les aficionados du Cosmic. La belle brésilienne était présente en 2014 avec son groupe Autoramas et brillait déjà par son punch et son élégance. Vêtue d'une ravissante petite robe bicolore que n'aurait certainement pas renié Miss Emma Peel et chaussé d'escarpins vernis, elle fait merveille au chant et à la guitare, balançant des riffs avec une énergie digne d'une Chrissie Hynde. Martin Couri, lorsqu'il n'est pas occupé à se battre avec sa batterie récalcitrante, cogne dessus tout azimut et donne également de la voix avec ferveur ! Un beau duo qui remporte un succès bien mérité à l'applaudimètre de la jungle room.

Même si elle est accompagnée par nos deux jeunots d'Archie and The Bunkers, la sulfureuse Wanda de Lullabies, n'a elle besoin de personne lorsque elle se présente sa conception toute personnelle de l'amour en Hardley Davidson-of-a-bitch. Tous les mâles de l'assistance retiennent leur souffle à la vue de cette équipée sensuelle et sauvage qui se termine tragiquement lorsque Wanda simule une chute mortelle. Retirant telle une chrysalide son catsuit de cuir, la belle revient à la vie vêtue d'une combinaison noire à la Barberella qui la moule divinement. Elle exécute devant nos yeux emmamourés une danse, pour laquelle elle n'a besoin que deux petits voiles lumineux, pour nous tenir hors d'haleine… Lorsqu'elle s'éclipse avant avoir entrouvert sa combinaison pour nous laisser admirer une splendide poitrine ornée de black nippies du plus bel effet, nous sommes nombreux à ressentir comme une petite mort… Un show burlesque de haute tenue, bien trop court mais ô combien intense !
    

Jackie Brustche n'a pas besoin de tomber la veste pour faire preuve d'un sens certain du burlesque, du moins tel que nous l'entendons nous z'aut frenchies. La chanteuse et guitariste de The Jackets qui inaugure la soirée sur la scène de la jungle room, surjoue de son maquillage pour jeter au public des oeillades dignes d'une actrice du muet. Elle s'agite tellement qu'elle parait bouger aux rythmes épileptiques des vieux films du début du siècle dernier. Cramponnée à sa guitare telle une moule à son rocher, elle fait des bonds à rendre jaloux le Colonel J.D. Wilkes des Legendary Shak Shakers !  Impossible de croire au vu de l'énergie déployée sur scène que The Jackets sont suisses… Pourtant, ses deux complices et elle - Samuel Schmidiger à la basse et Chris Rosales aux drums - ont porté haut les couleurs de la république helvète lors du Cosmic trip tour, prélude au festival. The Jackets se réclament des groupes garages mythiques tels les MC5 ou The Monks. Mais ils ne sombrent pas pour autant dans le tribute ; c’est avec de la dynamite qu’ils te l’enfument le garage, pas avec de la naphtaline !

Avec une telle pointure de grôles, Fifty foot combo, les fiers représentants du plat pays, allaient-ils se montrer plus raisonnables lorsqu’il s’agirait pour eux de fouler la grande scène ? Rien de moins sûr… Lorsque je les rejoins avant tout l’monde pour faire quelques click-clack avec l’Iphone, le chanteur et le guitariste se foutent de ma tronche en m’indiquant que de faire un selfie pendant les balances, c’est d’un ringard fini… Ah vous voulez la jouer comme ça, les p’tits gantois ? Faudrait quand même voir à pas trop la ramener avec votre surf music bien trop fuzzée pour être honnête et qui doit faire regretter à Brian Wilson de ne pas être sourd des deux oreilles. A ce propos, il est où votre frontman ? Il est tombé d’sa planche, s’est cassé la voix comme Patrick B. et c’est pour ça que vos gratteux se tapent la frime à trois de front façon le bon, la brute et le truand ? Ce ne sont pas les simagrées de votre bongo man, caché derrière son masque blanc tout droit sorti d’un giallo italien qui vous sauvent la mise… Mais bien la bellissima Sandra Hagenaar. Qu’elle martèle avec conviction son orgue Hammond ou qu’elle caresse avec doigté les ondes de sa thérémine, elle est tout bonnement divine. Je serai magnanime avec vous, les gars, parce que vous nous avez également gratifié d’un superbe final…

Bon, assez glosé sur les belges. Vous allez me trouver bien peu patriote, mais je fais faux bond aux frenchies de Destination Lonely, occupé que j’étais au bar backstage, à participer à créer la pénurie de ti’punch. Il n’était pas dans mon intention première de faire l’impasse sur leur set à la jungle room mais rétrospectivement, à la vue de cette video, comment dire… Je me sens responsable, mais pas coupable. D’autant qu’observer Chris Rosales taper la discute avec le chanteur des Minnesota Voodo Men ou me sentir comme un nain de jardin aux côtés du chanteur des Defectors, c’était nettement plus fun. Réintégrant sa loge, John Spencer me toise derrière ses ray-ban l’air pas franchement aimable ; sans doute est-il déçu de ne pas avoir trouvé le skeud de ses rêves au rock n’roll market.

Puisque le bar est moribond, hormis quelques binouzes de survie, qui ne tiendront pas longtemps devant la pression des groupes et de leur entourage, retournons donc nous exploser les oreilles avec Doctor Explosion. Le dossier de presse attribue à ce groupe de sixties beat espagnol "un sens démesuré de la fête". Est-ce pour cette raison que le chanteur et guitariste se sent obligé de balancer des blagues limite scato ? Et de nous expliquer que leur "Dracula Yéyé" est contraint le pauvre à des pratiques explicites avec le chauffeur qui lui permet de quitter sa Transylvanie pour gagner Londres…  Un humour décalé que l'on leur pardonnera bien vite, non pas parce que deux accortes danseuses sont venues les rejoindre sur scène mais bien leurs morceaux simplissimes à base de alright et autres okay sont terriblement efficaces. Le public ne s'y trompe pas ; il fait un triomphe au bassiste descendu le retrouver dans la fosse !  

Alors que les DJ viennent de nous balancer "My generation" des Who, je crains un instant de m'être enfonçé les bouchons d'oreilles au fond de ce qui me sert de cerveau lorsqu'il me semble reconnaître la bande originale de "La boum"… Ne faites vos vierges effarouchées ; bien sûr que vous connaissez ! Allez avec moi : "dreams are my reality, the only kind of real fantasy…" J'aime autant vous dire que quand le reverend-beat-man, frontman de The Monsters lance dans la foulée, ses "I want you !", y a indubitablement choc des cultures… Avec ces diables rouges de suisse remontés comme des coucous, on franchit la ligne rouge, comme l'indique le drapeau orné d'un TRASH dénué de toutes équivoques qu'ils ont dressé en fond de scène. Ce n'est pas un mais deux batteurs partageant la même grosse caisse, qui se déchaînent au côté du Reverend à la guitare et de Janosh à la basse ! Cette belle mécanique suisse a trente d'âge mais tourne encore comme une horloge sous LSD. Lorsque le reverend et son gang se lancent dans des morceaux tel que "More you talk, less i heard", c'est toute la furie primitive et sans limites du rock n'roll qui jaillit sur nous, nous emportant tous et toutes au passage ! The Monsters déchainent littéralement le public qui leur donne en retour le rappel le plus fervent de cette soirée.

Comme le disent fort justement, ceusses qui ont écrit la pres' de Heavy Trash sur le site du Cosmic ; "il fallait un groupe de leur trempe pour remplacer au pied levé The Cynics". Au risque de me mettre à dos les puristes du garage pour lesquels ce groupe fait figure d'îcone intouchable, j'ai nettement préféré la prestation de Jon Spencer et de son combo à celle des Cynics, l'an passé à la Mécanique Ondulatoire. Le son de Spenser et de son complice Marc Verta-Ray se veut plus respectueux du rock des origines, mais joué façon "punky-in-our-face rockabilly". De fait, l'indispensable contrebasse est de la partie… Un set rock plus classique, moins punk donc mais tout aussi punchy pour le public. Un public avec lequel Jon Spencer, joue avec la dextérité du showman à l'américaine ; à son signal, tout le monde entame des ouaa aah lors du dernier morceau. J'ai maté ce final sur la scène, en compagnie de Nichole et Sophie des Love me nots.  Bon elles ne m'ont pas calculé… Pas grave. La prochaine fois que Love me nots are back in France, elles auront droit à leur interview Mad Mask, bad language or not !

De retour backstage, j'assiste au point d'orgue de ce 20ème Cosmic Trip Festival, les préparatifs du gâteau anniversaire où se dissimule The Reverend-beat-man. Un grand moment un peu foutraque mais tellement représentatif de la complicité entre membres de la Roller Association et les groupes présents. Tout ce petit monde pousse le cadeau sur roulettes au milieu du public. Lorsqu'en émerge notre révérend dévoyé, celui-ci entame un Happy Birthday avec son complice de déconnade, l'inévitable King Khan et lance le set de The Kaisers qui se sont installés sur scène. Les british ne sont pas les plus anciens des vétérans programmés pour le Cosmic, mais leur rock n'twist s'avère la plus proche du rock garage d'origine, à l'instar de leurs tenues vestimentaires, cravates et gilet de cuir sur chemises d'un blanc immaculé. Ils étaient déjà rétros à leur création en 1992, c'est tout dire ! The Kaisers nous ont donc gratifié d'un show à l'anglaise, tout à la fois élégant et pêchu. Une belle conclusion pour ce vingtième Cosmic Trip Festival, rendez-vous pris pour le 21ème !

Merci à Anthony Leforestier pour sa photo de The Monsters et à l'équipe du Cosmic pour leur accueil !

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