Neil Young and Promise of the Real – Zénith Toulouse – 21/06/2016

En France, nous avons José Bové. Aux États-Unis, l'homme contre l'hydre Monsanto, c'est Neil Young.
C'est que The Loner est un écologiste convaincu : il a co-fondé le Farm Aid, festival qui, depuis 1984, soutient les paysans américains surendettés, il a produit son dernier album The Monsanto Years comme un pamphlet contre la firme pompe à fric, à graine, tueuse de biodiversité et de fermiers désespérés. Il vient aussi de sortir un album live, nommé Earth, qui regroupe 13 titres en live en hommage à la nature et à la planète Terre.

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Dès le hall du Zenith de Toulouse, en lieu et place des traditionnels ventes de t-shirts : Des associations anti OGM, pour la défense des graines paysannes. On peut aussi trouver le t-shirt de la tournée, en coton bio bien sûr. J'aurais bien été demander d'où venait le coton, dans quelles conditions il a été cultivé, filé et cousu. Savez-vous que l'immense majorité des vêtements en coton que vous achetez est produite à partir de coton génétiquement modifié pour le rendre résistant aux herbicides, ou pour produire son propre insecticide ? Cette dernière catégorie, le coton BT, produit par Monsanto sous le nom de Bollgard I et Bollgard II, représente 90 % de la production indienne. Ses mauvais rendements et le prix de ses semences a entraîné le suicide de milliers de paysans indiens. Le Burkina Faso, qui avait autorisé sa culture en 2008, va l'interdire pour 2018, à cause de la consommation supplémentaire en eau, en pesticide (un comble) qu'il entraîne, et à la piètre qualité de sa fibre…

Bref, là n'est pas le sujet : Déjà dans la salle j'entends la première partie qui joue. C'est précipitamment que je me rue dans la fosse, qui est déjà quasiment pleine. J'arrive à me caler relativement près. En me hissant sur la pointe des pieds, j’arriverai à voir mieux que le chapeau du Loner. Heureusement des écrans géants nous permettrons de suivre le concert au plus près.

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Crédit photo : Marjorie Coulin

En première partie justement, Charle Pasi, qui accompagne Neil Young pour toute sa tournée française. Il sortira prochainement son album Sometimes Awake sous le Label Blue Note. J'ai raté une bonne partie de son set, mais les quelques morceaux entendus suffisent à me charmer. Le duo présent sur scène propose une Folk que je qualifierais d'urbaine, entre beaucoup de douceur et quelques touches électroniques ou Jazz. Cette impression de champs urbains est accentuée par le décors dans lequel ils évoluent : L'arrière scène est entièrement bâchée de vert kaki. On devine des formes d'instruments sous les bâches. Je me prends à imaginer que ce sont des immeubles de béton qui poussent sous ses bâches…

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Crédit photo : Marjorie Coulin

Retour à la réalité, le duo se sépare, laissant la place aux techniciens qui révèlent les instruments sur scène. Un antique piano d'un côté, un orgue magnifiquement ouvragé dans un autre, des guitares, une batterie, des percussions... et suspendu haut au dessus de la scène une espèce de totem, ou un pupitre en forme de canard, je m'interroge toujours. Des pots de fleurs sont déposés sur le devant de la scène.
La mise en scène met à l'honneur la paysannerie : Deux jeunes femmes, vêtues de salopettes en jean
sèment des graines à la volée sur scène. Puis, chapeauté, chemise de bûcheron à carreaux ouverte sur un t-shirt estampillé EARTH, du nom de sa toute dernière compil' (voir en bas de l'article), entre sur scène la légende Neil Young. Installé au piano, il entonne son manifeste "After the Gold Rush". Frissons ! Sa voix n'a presque pas bougé. N'oublions pas que le bonhomme a soixante-dix ans. Grâce aux écrans géants disposés de chaque côté de la scène, nous pouvons nous approcher au plus près de la scène. Il est possible de voir les marteaux du piano s'actionner, les mains courir sur le clavier, les expressions sur son visage.

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Crédit photo : Marjorie Coulin

Cette introduction enchaîne ensuite les grands classiques, un peu comme un best of : Après le piano, Neil Young se lève et se saisit d'une guitare sèche, elle aussi patinée par le temps, sa fidèle Martin D-45. Aux premiers accords de guitare d' "Heart of Gold", de nouveaux frissons parcourent ma nuque. Viennent encore "The Needle and the Damage done", "Comes a Time" et "Mother Earth (Natural Anthem)". Il jouera tous ces titres seul, avec sa guitare et son harmonica autour du cou, ou à l'orgue.

Après ces premiers classiques, qui ont enchanté le public, arrivent sur scène de vilains hommes en combinaison blanche, qui pulverisent la salle de pesticides sous les huées de la foule. Le paradis rural et simple disparait, ne reste que le vieux piano dans son coin. Les membres de Promise of the Real entrent en scène. Aux guitares, les frères Lukas et Micah Nelson, les fils du célébrissime Willie Nelson. The Loner se retrouve entouré aussi d'un bassiste bondissant, d'un batteur et d'un percussionniste.
La progression du concert se fait en douceur. Les premiers morceaux sont Country, ça sent le maïs (sans OGM) et les grandes plaines. Avec leurs looks de bûcherons et un léger vent dans leurs cheveux, l'illusion est parfaite. Les paroles de "Human Highway" "How can people be so unkind" ont vibré dans la salle, dotée ce soir d'une sonorisation vraiment excellente : Pas un instrument ne crache, l'harmonica se détache parfaitement des guitares et monte résonner haut sous le plafond de la salle. 
Après cet hymne à la fraternité, Lukas Nelson s'installe au piano pour nous chanter (en français ?) La vie en rose. Passons l'accent phonétique plutôt mignon au final. Cette reprise signe l'entrée en scène des percussions. Elles rendent cette orchestration tout sauf mièvre ou roucoulante. Entre amusement et concentration pour essayer de reconnaître les paroles, le public salue l'effort.

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Crédit photo : Marjorie Coulin

Le virage électrique arrive ! Encore une chanson au piano pour Neil, puis c'est enfin une guitare électrique qui se trouve sur son rack.
L'homme est fidèle à ses guitares. Elles sont toutes usées, patinées… Elles ont même des petits noms : la White Falcon de chez Gretch et la Blackie ou Old Black qui est une Gibson Les Paul bidouillée pour y ajouter son unique vibrato.
Là encore on avance doucement vers le plaisir. D'abord la Gretch, pour "Alabama", "If I could have her" et "Walk on". La Country est déjà loin. Le bassiste, jusqu'à présent assez réservé commence à nous gratifier de son groove sautillant.
La communion arrive avec "Cow girl in the sand". Le bassiste est passé à une Fender Precison, qui donne un son plus agressif. Neil Young a pris sa Gibson, annonçant de longs solos de guitare. C'est un morceau fleuve, épique même, 18 minutes de plaisir, 4 couplets, 4 solos. Malgré les deux générations d’écart, on sent le groupe très uni. Ils se cherchent du regard pendant les solos, se répondent, se marrent. À voir celui qui pourrait être leur grand-père (mais qui serait en fait leur oncle de cœur, étant donné les liens d'amitié forte qui unissent Neil Young et Willie Nelson) se balancer sur scène, donner l'impulsion magique, l’émotion noue ma gorge. À la fin du morceau, le public salue debout les membres du groupe, réunis autour du batteur.

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Crédit photo : Yann Landry

À partir de là, Neil Youg and the Promise of the Real nous ont dans la poche. Que les morceaux soient dans cette même veine, comme "Mansion on the hills", "Monsanto years", ou le merveilleux dernier morceau du concert "Love and only love" (sur lequel je reviendrai tout à l'heure), qu'elles soient plus courtes et brutes, comme "I've been waiting for you" ou "Seed justice", ou de simples ballades rock teintées de country, le public en redemande, ravi.
Parlons-en du public d'ailleurs. Il rassemble lui aussi plusieurs générations, des baby boomers baba-cool jusqu'aux ados subjugués et rêveurs devant la virtuosité et la verdeur du grand-père sur scène. Les hippies dansent avec emphase, les timides hochent la tête, les volubiles chantent, tous écoutent et applaudissent avec ferveur.

Comme promis je m'attarde un peu plus sur le dernier morceau du set avant le rappel : "Love and only love".
Juste avant, résonnait encore l'harmonica et la mandoline de "Wolf moon", morceau du dernier né Monsanto year, et pourtant Americana pur jus. Et puis, après un accord saturé à la Gibson de Neil, le bassiste colle un groove de basse soutenu par les percus pour leur côté roulant. C'est terriblement dansant. Sur cette base ryhtmique imperturbable, les guitarises ont la permission pour toutes les folies : Ce n'est qu'au bout de deux minutes qu'arrivent le premier couplet et refrain, aux paroles aussi déterminées que la basse : "Love and only love will break it down". S'ensuit de nouveau une longue envolée de guitares, Neil, Lukas, Micah et le bassiste ce sont regroupés en cercle, mais grâce aux écrans géants, nous pouvons voir leurs visages concentrés ou extatiques. Happée, je me joins à la danse hypnotisée des babas à côté de moi. Quand au bout de je ne sais plus combien de temps le chant revient, j'en suis presque surprise, j'avais déjà oublié le son de sa voix… le final est un solo de guitare du Maître, déconstruit, lent, chamanique, accompagnée de la batterie qui roule comme un tonnerre lointain, une longue respiration, avant l'orage électrique de toutes les guitares déchaînées qui termine ce morceau.

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Crédit photo : Yann Landry

C'est la fin du set, après deux heures et quarante cinq minutes qui sont passées comme un rien.
Pour les rappels, Young et sa troupe joueront "Like an Inca", aux percussions latines qui alliées aux guitares puissantes ne sont pas sans évoquer le Rock Latin de Carlos Santana. Internet m'en apprendra plus sur cette chanson, d'abord écrite sous le nom de "Hitchhiker" et parlant très explicitement de l'usage de drogues. 
Cette version est plus absconse, évoquant une guerre atomique imminente :
"Who put the bomb on the sacred altar?
Why should we die if it comes our way?
Why should we care about a little button
Being pushed by someone we don't even know?"

ou la drogue ? :
"If you want to get high, build a strong foundation
Sink those pylons deep now and reach for the sky
If you want to get lost in the jungle rhythm
Get down on the ground and pretend you're swimmin'."

Avis aux volontaires à l'explication de texte !

Set list du concert pour les curieux :

After the Gold Rush
Heart of Gold
The Needle and the Damage Done
Comes a Time
Mother Earth (Natural Anthem)
Hold Back the Tears
From Hank to Hendrix
Human Highway
La vie en rose
Someday
Alabama
If I Could Have Her Tonight
Walk On
Cowgirl in the Sand
I've Been Waiting for You
Powderfinger
Mansion on the Hill
Country Home
Monsanto Years
Seed Justice
Wolf Moon
Love and Only Love

Rappel
Like an Inca

Live report : Laetitia Maciel

Nouvelles sorties du Loner :

Neil Young & Promise Of The Real; “Earth” (compil' de ses titres écolos) - SORTIE LE 24 JUIN 2016
Neil Young; “Rust Never Sleeps” DVD & Blu Ray - SORTIE LE 1er JUILLET 2016 
Neil Young: “Human Highway” DVD & Blu Ray - SORTIE LE 22 JUILLET 2016

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Tracklist:
01 “People Want to Hear About Love” (The Monsanto Years)
02 “Big Box” (The Monsanto Years)
03 “Mother Earth” (Ragged Glory)
04 “The Monsanto Years” (The Monsanto Years)
05 “I Won’t Quit” (inédit)
06 “Western Hero” (Sleeps With Angels)
07 “Vampire Blues” (On The Beach)
08 “Hippie Dream” (Landing On Water)
09 “After The Gold Rush” (After The Gold Rush)
10 “Wolf Moon” (The Monsanto Years)
11 “Love & Only Love” (Ragged Glory)

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