David Gilmour au Château de Chantilly (16.07.2016)

"...un concert [qui restera] gravé dans beaucoup de mémoires, que ce soit pour les nostalgiques qui foulaient déjà la plaine cantillienne il y a 22 ans, ou les plus jeunes qui découvraient cette assiocation atypique de musique et d'architecture"

Il est attendu à chacun de ses passages en France comme le Messie, d'autant plus après une pause qui a failli durer dix ans : David Gilmour est de retour chez nous pour un concert épique comme lui seul en a le secret. Et surtout, l'événement a lieu dans un endroit symbolique pour qui connait un peu l'histoire du Floyd : le château de Chantilly, théâtre d'un live devenu mythique des Pink Floyd en 1994, que beaucoup qualifient encore de "live du siècle". Avec un passage à Pompéi également en juillet, David Gilmour est de retour au sommet, et les fans sont encore là, comme le prouve l'impressionnante affluence dans le petit village habituellement tranquille.

Et l'affluence est le premier problème mal géré par l'oganisation, qui connaîtra de nombreux travers tout au long de la soirée. Et comment pardonner ce genre d'erreurs à un tourneur comme Gérard Drouot Productions, qui n'en est pas à son premier coup d'essai, et n'hésite pas à facturer lourdement les billets de concerts ? Ainsi, trente minutes avant le début théorique du concert, des milliers de personnes sont encore à l'extérieur, dans des files ininterrompues et qui avancent presque à reculons. La faute à des fouilles très détaillées, dans un contexte sécuritaire pas évident, certes. Mais du coup, les fouilles semblent carrément ne plus avoir lieu peu avant l'heure fatidique, afin d'accélérer l'entrée des fans. Etrange et discutable. Pour en terminer avec les plus gros soucis d'organisation, passons sur le système de jetons pour la restauration, complètement inadapté à un événement durant simplement une soirée, et attardons-nous plutôt sur les boissons. A 20h, plus une goutte d'eau n'est disponible aux bars. Un comble, quand la température avoisine les 30°C, dans un lieu extérieur sans ombre. Et ce n'est pas le pire, passé 21h30, ce sont les softs qui sont en pénurie, ne laissant donc comme seul choix divers alcools pour s'hydrater. Idéal pour un événement accessible seulement par la route (le RER étant en travaux, comble de la malchance), et dont tous les participants doivent donc prendre le volant en fin de soirée... Ceci étant dit, venons-en au concert lui-même, qui récolte bien heureusement beaucoup moins de regrets - même s'il débute avec près de 45 minutes de retard.

Comme à son habitude, le grand Gilmour nous réserve deux sets d'environ une heure et demie chacun, séparés par un entracte. Le format est grandiose, le contenu également, tout autant que le cadre. Côté setlist, c'est assez similaire à ce que jouait le guitariste l'an dernier sur le premier leg de la tournée, à quelques variations près : on regrette tout juste l'absence de "Us And Them" ou encore "Astronomy Domine", qui nous avaient donné des frissons au Royal Albert Hall londonien en octobre 2015. On récupère en échange "What Do You Want From Me?", une belle surprise que le public apprécie à sa juste valeur.

Quelques légers pains ponctuent les premiers titres, mais Gilmour, en grand gentleman anglais qu'il est, s'en excuse avec humilité au micro, mettant ça sur le compte de l'âge. La classe ! D'ailleurs, le bonhomme se paie le luxe de communiquer avec le public dans un excellent français, et évoque brièvement les tristes événements niçois, qui ont d'ailleurs donné lieu à une belle minute de silence en amont du concert.

Les titres solos de Gilmour se mêlent habilement aux hits du Floyd que tous veulent entendre, pour une setlist bien équilibrée. Mention spéciale à "The Girls In The Yellow Dress", qui prend forcément une dimension supplémentaire à deux pas de Paris, avec ses thèmes typiques de Montmartre. 

Du côté des reprises de Pink Floyd, "Shine On You Crazy Diamonds" est un véritable bijou, et un plaisir de chaque seconde, comme à chaque représentation. Petite déception en revanche sur "The Great Gig In The Sky", dont l'interprétation à plusieurs voix, pas seulement féminines d'ailleurs, est assez mal venue et peu réussie. A ce titre, mieux vaut voir un groupe comme Brit Floyd pour retrouver le frisson de l'originale. Tous les hits sont sinon de la partie, de "Money" à "Wish You Were Here", en passant par le dramatique "High Hopes", dont les visuels sont renforcés par le cadre du concert.

En guise de rappel, après un "Run Like Hell" où tous les membres du groupe revêtent leurs habituelles lunettes de soleil, David Gilmour nous sort le grand jeu. L'enchaînement imparable de "Time" et "Breathe" retourne tout le monde, et le public ne fait plus qu'un, tant il touche à la légende. Le chemin est donc pavé pour achever les spectateurs avec "Comfortably Numb", qui vient comme à l'habitude clôturer le show de façon grandiose. Petit regret en revanche sur le show lumineux : beaucoup moins de lasers et effets visuels que sur les concerts en salle. A bien y regarder, chaque faisceau laser étant pointé sur le château, c'est probablement la proximité de l'aéroport Charles de Gaule qui a interdit d'en faire plus en terme de faisceaux.

En définitive, malgré quelques légers regrets peu importants, on repart de Chantilly avec la satisfaction de savoir que le guitariste de génie est toujours au top, et que la légende est intacte. Le cadre exceptionnel de la soirée confère un plus indéniable à ce qui restera un concert gravé dans beaucoup de mémoires, que ce soit pour les nostalgiques qui foulaient déjà la plaine cantillienne il y a 22 ans, ou les plus jeunes qui découvraient cette assiocation atypique de musique et d'architecture.

Set 1 :
5 A.M.
Rattle That Lock
Faces of Stone
What Do You Want From Me (Pink Floyd)
The Blue
The Great Gig in the Sky  (Pink Floyd)
A Boat Lies Waiting
Wish You Were Here  (Pink Floyd)
Money  (Pink Floyd)
In Any Tongue
High Hopes  (Pink Floyd)

Set 2 :
One of These Days  (Pink Floyd)
Shine On You Crazy Diamond (Parts I-V)  (Pink Floyd)
Fat Old Sun  (Pink Floyd)
Coming Back to Life  (Pink Floyd)
On an Island
The Girl in the Yellow Dress
Today
Sorrow  (Pink Floyd)
Run Like Hell  (Pink Floyd)

Setlist :
Time  (Pink Floyd)
Breathe  (Pink Floyd)
Comfortably Numb  (Pink Floyd)

Remerciements à Manu pour ses clichés

Crédits photo :
Manu Wino 2016 - Page Facebook
Gavin Elder 2016

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