Placebo au Zenith de Lille (16.11.16)


Le cul entre deux décennies.

On l'attendait cette réunion. C'est peu de le dire. La tournée anniversaire qui couronne 20 ans de carrière. Brian Molko avait bien teasé l'affaire : « si vous voulez nous voir jouer des titres qu'on n'a pas joués depuis presque dix ans, vous feriez bien de venir à ces concerts ». Et en général, quand Bribri l'ouvre, mieux vaut ne pas le contrarier. C'est qu'il est du genre susceptible. Banco Molko, on est là.

Placebo, Brian Molko, Lille, 20 Years of Placebo, Zenith

Twenty Years

Le Zénith affiche complet. Les jeunes filles peinturlurées de noir ont pris de l'âge. Les jeunes hommes sveltes ont pris du bide. Le public est moins glamour, mais répond encore aux mêmes stimulis. Le classique "Every You, Every Me" lance les hostilités. Sur grand écran. La version casino alternative du clip est diffusée. Les souvenirs remontent à la surface, les tournées enchaînées jusqu'à plus soif, les petites salles poisseuses, l'urgence du Live. Placebo, on ne les a jamais vraiment perdus de vue. La dernière fois qu'on avait aperçu la bande à Molko, c'était à Werchter en 2015, en fin d'après-midi. Un concert sympathique. Bien loin de la dernière performance calamiteuse du groupe en terre lilloise, le 30 octobre 2009. Sans âme, Placebo avait alors péché par orgueil. Des rois du monde qui s'avançaient devant une salle qu'ils croyaient acquise. Un mauvais calcul, un naufrage.

Placebo, Brian Molko, Lille, 20 Years of Placebo, Zenith

Remontons plus loin encore : la tournée Black Market Music, ère glorieuse, exposition médiatique à outrance, mais on pouvait encore voir le trio originel s'amuser dans des salles de sports obscures (Deinze). Une période chérie. Des introductions marquantes ("Black Eyed" ou "Haemoglobin" en ouverture), des gimmicks hilarants (la danse gay de Stefan, le pre-show avec "Dub Psychosis" ou "Funky Reverend", l'attente avec "Daddy Cool"). Bon, t'es bien gentil Papy Noesis, mais le concert d'aujourd'hui, il sonne comment ?

Placebo, Brian Molko, Lille, 20 Years of Placebo, Zenith

Pure Evening

"Every You, Every Me" sur les écrans donc. Déjà, on sait qu'on ne retrouvera pas la longue mise en bouche (pervers, tu te tais) instrumentale qui amène le titre sur un plateau, Live. On est ronchon. Dans la salle, c'est la guerre et personne sur scène. On monte encore d'un cran avec la boucle hypnotique de "Pure Morning "qui se fait entendre. Un titre davantage habitué aux rappels ou aux clôture de festivités. Stefan arrive sur les planches, largement ovationné par la foule. Explosion de glottes en série alors que Brian et son air nonchalant foule la scène. Les deux larrons ont un charisme intact et déroulent un "Pure Morning "parfait et lancinant.

Placebo, Brian Molko, Lille, 20 Years of Placebo, Zenith

Loud Like Love, deuxième.

Les titres s'enchaînent. "Jesus' Son", le dernier single, s'impose déjà comme une étape obligée sur les prochaines tournées. "Soulmates" reste une superbe réinterprétation de "Sleeping With Ghosts". "Too Many Friends" assure une belle continuité sur un début de set qui a du nez en calant le bien aimé "20 Years" bien plus tôt dans la set list. Un set qui reste quand bien même fort sage. Le groupe (et ses musiciens additionnels enfin mis en lumière depuis quelques années) reste dans sa zone de confort. C'est propre et réjouissant. Malheureusement, un tunnel d'ennui va quelque peu ruiner l'expérience.

Placebo, Brian Molko, Lille, 20 Years of Placebo, Zenith

Spleen durable

Évidemment, la mélancolie est une facette importante de l'univers musical de Placebo. Mais trop de bourdon gâche la fête. On est à l'anniversaire, les copains. Nous, on veut du "Allergic", du "Scared of Girls", du "Bionic", du "Black Eyed", du "Come Home", du "Days Before You Came", du "Kings Of Medicine", du "One Of A Kind", du "Because I Want You", du "Taste In Men". Trop d'impasse pour ne pas envisager un Leg 2, vous serez bien gentils.

Parce qu'en attendant, c'est presque un supplice de voir le rythme ainsi malmené. "Devil in Details", "Space Monkey", "Exit Wounds", vous m'excuserez Votre Seigneurie, mais en matière de raretés, on a vu mieux... On aurait presque envie de rallumer une clope, pour tuer le temps. Heureusement, une version poignante de "Without You I'm Nothing" nous sort de notre torpeur alors qu'on avait déjà commandé une corde chez Amazon. David Bowie aura sa standing ovation. S'ensuivent un "36 Degrees" à 36 mph (purement un scandale), et un "Lady Of The Flowers" poussif dans l'interprétation trop dramatique qu'en donne Brian.

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Joli gâteau

« Mesdames, messieurs, c'était la fin de notre section mélancolique. » Le fourbe, il le sait qu'on se fait suer. « Il est temps de s'amuser un peu, c'est notre anniversaire ! »

"For What It's Worth", "Slave To The Wage", "Special K", "Song To say Goodbye", "The Bitter End", "Nancy Boy", "Infra-Red", "Running Up That Hill": rien que ça. Le Zenith retrouve des allures de salle de concert. Car d'anniversaire, il n'était plus question depuis de longues minutes. On était davantage dans le requiem. La fosse se remet en branle sur les tubes que tout le monde voulait entendre. L'enchaînement sans faute qui donne enfin au Zénith des allures de communion et de partage. Les morceaux rugissent et soulèvent une fosse jusque là amorphe. Il était temps ! Molko, t'as de la chance, on reviendra. Tu nous dois encore quelques pépites pour pleinement remplir le contrat.

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