Two Faces au Toï Toï Le Zinc (69) (13.01.17)

Après la sortie courant Janvier du Single « Hangover » et de son clip, relayé bien sûr par La Grosse Radio et à (re)découvrir en cliquant ici, c’est tout naturellement que Two Faces s’est attelé à partir de la deuxième moitié du mois de Janvier au vif du sujet, c’est-à-dire à présenter et défendre sur scène leur univers musical. Rien de bien surprenant à qu’ils aient choisis pour cela de débuter par leur ville natale, Lyon, et plus précisément au bar/concert le Toï Toï Le Zinc pour démarrer les hostilités.

Après le professionnalisme dont la bande avait fait preuve via le clip de « Hangover », les fans de la première heure étaient donc tout sourire le 13 Janvier en payant leur ticket pour le Toï Toï. Soif de bonne musique et soif tout court étaient palpables pour cette occasion, qui marquait la première apparition Live du groupe après une semaine de résidence passée au sein de ce même Toï Toï Le Zinc.

Pour tenir tête au public qui avait fait le déplacement, Two Faces s’est entouré ce soir-là de deux artistes locaux afin de faire monter la sauce et réussir la recette d’un concert réussi. C’est donc à Paillette, jeune artiste Lyonnaise qu’est revenue la lourde tâche de lancer dans l’air les premières notes de la soirée.  Le moins que l’on puisse dire est que le pari fut réussi. Malgré la relative timidité d’un public encore quelque peu engourdi par le froid de l’extérieur et surtout pas encore assez saoul, Paillette, puisque c’est son nom de scène, a présenté un recueil de compositions d’une extraordinaire sincérité. Peu lui en a fallu pour développer son atmosphère musicale : un clavier, une pédale de loop (pour enregistrer des bouts de chansons et les passer en boucle) et bien sûr une voix, chaude et maitrisée.

La musique de Paillette est lounge, intimiste, aérienne, introspective, sincère et j’en passe. Le public ne s’y est d’ailleurs pas trompé et le silence religieux qui envahissait la salle durant les morceaux a été un fidèle indicateur de la très bonne réception critique de Paillette sur scène. D’un naturel déconcertant, Paillette a doucement déridé les visages par de petites touches d’humour ça-et-là. Difficile de ne pas se laisser séduire par le bel instant de douce poésie qui aura été offert par la chanteuse. Il est d’ailleurs amusant de réaliser que très loin des flashs, de la surenchère et du bling-bling, le seul élément « flashy » chez Paillette sont ses chaussures ! Voulu ou non, le clin d’œil fonctionne et ne fait que renforcer l’attachement à l’artiste et à son répertoire.

Éblouissante sans jamais être tape-à-l’œil, Paillette a réussi le défi de captiver un auditoire pourtant venu avec la claire intention de taper du pied. Le nombre de spectateurs aura d’ailleurs doublé entre le début et la fin du set de Paillette (retardataires oblige), et le public saluera chaudement la chanteuse pour ce sincère moment d’évasion.

Le temps de se resservir une pinte et c’est au tour de Bleu de reprendre la main. Le duo Lyonnais formé en 2015 était venu revendiquer sa musique électronique aux forts accents psychédéliques. L’univers développé par les deux compères est efficace et aura bien fait mouche auprès du public du Toï Toï. Si l’utilisation des machines rend de fait la performance Live un tantinet moins intéressante, Bleu a tout de même compris l’intérêt de développer un jeu de scène et a mis en place quelques astuces à cette fin. Si l’indémodable écran d’arrière-plan sur lequel sont projetées des boucles d’images saccadées d’inspiration vintage fonctionne toujours, c’est surtout l’utilisation de réels instruments qui convaincra. En effet l’utilisation d’une guitare (et du chant également) viendra ponctuellement rehausser les compositions du duo et donnera à l’ensemble un goût plus « frais ».

De manière générale, les morceaux du groupe sont assez riches et bien construits. Le duo ose s’aventurer vers des sonorités parfois inattendues pour ce genre de set et cela renforce l’impact des compositions auprès du public. Bien sûr, l’ensemble du set n’est pas révolutionnaire, et certains moments se laissent aller à des ambiances plus classiques mais malgré cela Bleu aura réussi à plonger son public dans une atmosphère grisante.

Le public le leur rendra d’ailleurs bien et rares sont ceux qui resteront à l’écart de la piste de danse durant cette performance. La fin du set  arrivera cela dit un peu tôt, alors que l’ambiance commençait à monter. Bleu aura quoi qu’il en soit assurer son rôle avec brio et livré à Two Faces un public « à point ».

Le temps de se resservir une pinte et c’est maintenant au trio Two Faces de faire leur apparition. Le dispositif scénique est impressionnant et saute aux yeux avant même l’arrivée des musiciens sur scène. Batterie, machines, armées de claviers, guitares, basse, percussions et vents de toutes sortes, la liste est longue et on en vient à être curieux de voir comment le groupe va réussir à intégrer la totalité de ces instruments au sein de sa performance. Le groupe ouvrira les hostilités avec un titre extrêmement efficace, misant sur un « rentre-dedans » immédiat. La technique porte ses fruits et le public, encore sautillant des restes du passage de Bleu se laissera instantanément porter par le son de Two Faces.

En Live, la formation a tout pour convaincre ; La pop massive distillée par les trois membres du groupe est superbement soutenue par les voix complices des deux chanteurs, donnant lieu à des harmonies  vocales du plus bel effet. Le batteur, casque vissé sur les oreilles, restera fidèle au tempo  de bout en bout, affichant sans discontinuer un petit air serein. L’atmosphère développée par le groupe est crue et puissante, et ce notamment grâce au renfort de percussions telles des toms basses venant renforcer la rythmique des passages instrumentaux. Une ambiance qui n’est pas sans faire écho à l’univers de Woodkid, mais qui reste une influence discrète qui sait se tenir bien loin du plagiat. Très vite dans le set le groupe proposera un titre de Gorillaz repris à sa sauce. L’interprétation est impeccable et l’aisance des musiciens sur scène est impressionnante. Le jeu de scène est d’ailleurs décuplé du fait que les deux musiciens n’hésitent pas à fréquemment changer de casquettes, passants à tout de rôle de la basse à la guitare, aux claviers, au machines et aux percussions dans un naturel déconcertant. Ici, le talent de composition du groupe consiste à présenter des morceaux faussement minimalistes, permettant de passer rapidement de la retenu à l’explosion du spectre musical. L’utilisation relativement soutenue des samples  au sein des compositions ne vient pas pour autant gâcher la performance scénique et vient un moment où on ne sait plus où porter son attention tant il s’en passe sur scène.

Si on a cité Woodkid un peu plus haut, le set fait ressortir au fur et à mesure des compositions une patte très empreinte de la trip-hop de Massive Attack, et on parierait sans risques que les membres de Two Faces ont dû se faire tourner plusieurs fois dans les oreilles la discographie du mythique groupe de Bristol. Les musiciens se laisseront aller à une autre reprise, des Clash cette fois-ci. C’est un « Guns of Brixton » superbement interprété que Two Faces nous offre, très fidèle jusque dans la nonchalance caractéristique de la voix sur ce morceau. C’est en fin de concert que le groupe lancera les premières notes de son single « Hangover », qui vient nous prouver, même si l’on n’en doutait pas une seconde, que les musiciens sont parfaitement capables d’assumer leurs morceaux sur scène aussi bien qu’ils peuvent le faire en studio.

Un dernier titre aux fortes teintes hip-hop viendra mettre le feu aux poudres, avec pour l’occasion un featuring de Riwan au chant, officiant habituellement au sein des Wailing Trees, une autre formation musicale hautement recommandable de la région. Cette dernière salve, dans laquelle le batteur lâchera de façon brève mais intense tout ce qui lui reste d’énergie, sonnera la fin des combats en tout cas sur le papier car en réalité le bis sera ardemment demandé et bien entendu accordé. Un dernier titre qui finira de présenter les liens étroits que le groupe entretien avec la musique de Massive Attack, une rythmique soutenue épaulée par des claviers bruts et un chant lancinant, traînant la patte dans une flemme caractéristique.

Le groupe quittera ensuite la scène sous les applaudissements d’un public conquis. La mission, à savoir présenter et défendre le projet « Two Faces » est un succès et l’on ne se demande pas pourquoi. Le reste des dates de la mini-tournée de la formation est à retrouver ci-dessous, et on ne saurait que trop vous encourager à aller découvrir sur scène ces talentueux musiciens. 

Crédits photos : Cécile Klero de Rosbo

 

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