Festival MO’FO à  Mains d’Oeuvres – 21-22.04.17

On ne saura trop recommander le MO’FO aux Franciliens amateurs de rock. La taille humaine du festival, l’accueil détendu de l’équipe, l’intimité des salles, la variété de la programmation, la qualité de la sonorisation, le charme des Mains d’Oeuvres, la bonne humeur qui y règnent... Le MO’FO trouve un équilibre rare entre événement branché et réjouissances rock hédonistes. La variété du public – cuirs et crânes rasés, jeunes Parisiennes en goguettes, mélomanes vieillissants… – en témoigne : c’est le lieu où venir écouter du bon son, mettre à jour ses références musicales (en particulier françaises), choper en live ses amours anciens ou récents, et se lancer dans des pogos épiques. Oui, tout cela à la fois. Régulièrement sur la sellette depuis des années, le festival comme le lieu ont besoin de soutien. C’est avec bonheur que nous les défendons aujourd’hui.

 

JOUR 1


Réglons nos comptes et commençons par un unique reproche : une programmation dense, trop dense, puisque les soirées se donnent pour défi de faire rentrer six live en quatre heures de temps, histoire de vider les lieux dès minuit. Louable prise en compte des contraintes de la RATP. Mais en conséquence, les sets de trois quarts d’heure se tuilent, et nous on cavale entre les deux salles si on ne veut rien rater. Ca manque de respiration pour pouvoir apprécier à sa juste valeur les espace des Mains d’Oeuvres, les DJ set, les stands des labels (en plein Disquaire Day), les propositions vidéo et la restau fait maison. Solution, étalez la prog sur une ou deux heures supplémentaires par soir ?

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Robbing Millions


Nous ne pourrons donc vous parler des nouveaux enfants terribles garage Johnny Mafia, ni d’Oko Ebombo, chanteur suspendu entre hip-hop et soul, l’un et l’autre bien tôt programmés et expédiés. Ce sont les Belges de Robbing Millions qui nous tapent dans l’oreille vendredi soir, grâce à l’énergie avec laquelle ils portent leur pop moderne, chiadée et bien architecturée, d’inspiration américaine (dans la lignée par exemple d’MGMT). En fin de set, les morceaux prennent une imparable ampleur. Cette puissance toujours très rock des guitares porte les compositions aériennes et progressives loin de tout reproche, et transforme rapidement l’intérêt en totale conviction.

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Robbing Millions, © Clémentine Fouquet
 

La barre est placée haut, et Halo Maud, sur la plus petite scène « MO », ne l’aura selon nous pas franchie. Certes, cette musicienne échappée de Moodoïd ne manque pas de charme musicale : son projet de chanson électro-pop évoque sans déparer les rêveries des Cocteau Twins. Mais les ritournelles restent un peu légères. Quelques envolées kraut et plus atmosphériques permettent cependant de raccrocher l’attention.

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Halo Maud, © Clémentine Fouquet
 

Nous ne nous étendrons pas beaucoup sur Marietta, piégés que nous avons été par la foule et l’alternance speed évoquée plus haut. Le set du projet du chanteur de Feeling of Love (déjà programmés il y a quatre ans au festival), sans frappante originalité, exhalait tout de même un parfum psyché convaincant.

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Marietta, © Maxime d'Artensac
 

The Parrots. Dans la petite salle, l’élaboration laisse la place à la pure joie rock’n’roll. Ce que nous propose les Espagnols n’est évidemment pas bien nouveau, et pas toujours du meilleur goût : coup de fouet retro et garage, guitares raclées et rythmique surf, braillements éraillés et douteux d’un excité tatoué à frisettes noires. Ca pue trop la conviction et la sueur pour ne pas dire : amen. Le public l’a parfaitement compris. Ca commence à pogotter sérieux en cette fin de vendredi soir.

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The Parrots, © Clémentine Fouquet
 

On termine la soirée avec Grand Blanc, quatuor français en résidence à Mains d’Oeuvres et notamment porté par les Transmusicales il y a quelques années. Après les Ibères, jeu des contrastes et sévère coup de froid. Entre la chanson et l’électropunk, Grand Blanc est martial en live. Le voile du tympan secoué par la boite à rythme, on assiste un peu médusé aux évolutions du duo de tête, un guitariste-chanteur rasé à la trogne échappée du "Petit Quinquin" de Bruno Dumont et une claviériste nombril à l’air à la voix traînante.

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Grand Blanc, © Clémentine Fouquet
 

L’ensemble est fort sombre, parfois lyrique, les textes évoquent des errances nocturnes et des boutiques de kebab. Le groupe a une personnalité certaine, les chansons sont efficaces. On reste cependant un peu sceptique sur la durée. Est-ce le (trop ?) lourd matraquage électronique, qui nous oriente vers une grand-messe punkoïde, sans pour autant que la rage ne suive complètement ? Dans l’auditoire, l’énergie semble un peu bâtarde, et les têtes bougent sans que le feu ne prenne.

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Grand Blanc, © Clémentine Fouquet
 

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JOUR 2
 

D’une boite à rythme à l’autre, le lendemain samedi, Rendez-Vous a pour premier effet de tisser les deux soirées en toute cohérence. Ca cavale dur, à nouveau, à l’industriel, autour de mélodies simplistes de guitare réverbérée. Quant aux sons des claviers, aux voix masculines martiales… L’Angleterre des années 80 nous revient ici en plein visage. Sur scène, quatre musiciens plongés dans l’obscurité, deux machines bardées de la basse et de la guitare. Ca slame longuement dans le public, si tôt ! Rendez-Vous sait donner dans la radicalité rythmique tout en n’hésitant pas devant les langueurs mélodiques cheesy de l’électro-pop. Vous l’aurez compris, ils sont assez redoutables.  
        

Et pendant ce temps, l'espace "MO\OFF" donne dans les IRM hypnotiques... © Maxime d'Artensac


Avec Buvette, nous retrouvons la petite salle et une formule plus élaborée. Les Français (encore) défendent une pop funky alanguie, versant tantôt dans le groove africain grâce au son des claviers et au rythme ternaire, tantôt s’aventurant dans le reggae. Le chanteur traîne en kimono psyché, longs cheveux raides, comme une rock-star des années 70. Il minaude peut-être un peu ; toujours est-il que cette pop planante reste toujours maligne et colorée. C’est le set de Buvette qui emporte en ce deuxième soir les palmes de la Grosse Radio.

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Buvette


Fujiya & Miyagi restera en regard une déception. Tête d’affiche de la soirée et peut-être du festival, les briscards de Brighton disposent toujours de leur imparable formule, un groove électronique et la douceur un peu serpentine d’une voix, qui leur permet de taper droit dans l’oreille et le bassin. Mais quand on a saisi cela, on a tout saisi… Les titres s’enchaînent et se ressemblent cruellement. Le groupe manque surtout d’implication et d’énergie, le chanteur et guitariste David Best semble plutôt absent. Fatigue ou détachement étudié ? Frustrant, quoiqu’il en soit, pour ne pas dire presque un peu poussif.

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Fugiya & Miyagi
 

Les Anglais étaient pourtant en terrain conquis, au vue du nombre de Britanniques présents aux premiers rangs – la moyenne d’âge au mètre carré en prit temporairement un coup. Peut-être que Fujiya & Miyagi n’avait justement ce soir pas grand chose à prouver. La fin du set, heureusement, redresse la barre grâce à quelques titres interprétés de manière plus rugueuse : avec des progressions plus intenses, une guitare enfin un peu triturée, on reconnaît que Fujiya & Miyagi sait faire le job. Mais face à l’enthousiasme de la ribambelles de jeunes Français vus et écoutés au cours de ces deux soirs, messieurs les Anglais, vous avez perdu.

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Faire
 

Attention, branleurs. Faire a décidé de faire de l’électroclash un sport, et le fait bien. Set trash et neuneu à souhait (titre du type "Mireille se rappelle"), qui en une paire de morceaux fait tomber les t-shirt des garçons et déclenche un maelström. Le trio invite rapidement le public à envahir la scène, ce qui se fait sans abus et sans bavure, et le tout se termine en grande célébration collective poisseuse, bête et bienveillante. La banane, redoutable, est sur toutes les lèvres. Comme quoi, le punk est là pour rendre heureux.


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Etrange fin de soirée avec Black Devil Disco Club. Bernard Fèvre, lui aussi déjà un monsieur, fait de l’électro disco depuis les années 90. Rétrofuturiste, sa musique aurait pu nous faire joyeusement redescendre en balançant nos membres endoloris par les pogos. D’où vient que le volume sonore, pour une fois, soit si peu élevé ? Une coupure, suivie des explications détendues du bonhomme, nous fait comprendre que le réglage sonore n’est pas au top – ce qui constituera au cours du festival une exception criante.
 

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Black Devil Disco Club
 

La salle est compréhensive, et tout cela reste donc bien sympathique ; mais ce ne sont pas les encouragements des copains et les cris de « Bernard président ! » qui peuvent tenir lieu de set électro. On préfère traîner une dernière fois dans les espace « Off » du MO’FO, avant que la minuit ne change pour la seconde fois cette année notre tyrannosaure en citrouille.


 

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