Haken – Fauna

Depuis ses débuts, Haken a su petit à petit peaufiner son identité sonore, partant d’un metal progressif aux influences assez marquées (Dream Theater en tête) pour aboutir à un style beaucoup plus personnel, moderne et à l’identité immédiatement reconnaissable. Le diptyque Vector (2018) / Virus (2020) particulièrement réussi montrait une cohésion sans faille dans les compositions. Le départ récent de Diego Tejeida (claviers) aurait pu susciter quelques craintes quant à la capacité du groupe anglais à rester sur cette belle dynamique. Mais à l’écoute de Fauna, aucune inquiétude à avoir, Haken reste maître de son destin et fait toujours preuve d’une carrière exemplaire.

Comme son nom l’indique, la thématique du bestiaire est le fil rouge de Fauna. « Taurus » ouvre le bal avec un metal progressif moderne, teinté de djent, à la manière de ce que les Anglais proposaient sur le diptyque précédent. Harmoniques artificielles et polyrythmie sont au programme, rapidement rejointes par le timbre caractéristique de Ross Jennings, toujours présent pour amener de belles mélodies et des lignes de chant mémorables sur le refrain. C’est d’ailleurs la grande force de ce Fauna de proposer des refrains immédiatement assimilables (« Nightingale », « Sempiternal Being », « Lovebite », « Island in the Clouds »), en dépit de couplets math rock parfois difficiles à appréhender à la première écoute (« Elephants Never Forget » ou « Nightingale »).

La recherche de textures sonores est amenée par le nouveau claviériste, Peter Jones, qui reprend le poste 14 ans après avoir quitté le groupe (avant même la sortie d’Aquarius). Son apport est d’ailleurs considérable sur des morceaux comme « Island in the Clouds » ou « The Alphabets of Me », se démarquant de Tejeida par une approche moins démonstrative qui sied très bien au Haken actuel. Conner Green (basse), intégré en 2014, est aujourd'hui un pilier de la formation, amenant quant à lui des parties de basse presque jazz, comme sur le couplet de « Nightingale » où ses apports rappellent le travail du regretté Sean Malone sur les albums de Gordian Knot.

Nous avons d'ores et déjà abordé les lignes de chant de Ross Jennings, mais celles-ci sont le ciment qui donne toute sa cohérence à ce Fauna : elles savent se faire enchanteresse sur le poignant « Eyes of Ebony », mais également surprenantes sur « Alphabet of Me » ou « Lovebite » au feeling très pop 80's (impression renforcée par les « oh hey oh » des choeurs). Certes, la voix du vocaliste risque une fois de plus d'être clivante : on aime ou on déteste son timbre, mais force est d’admettre qu’elle donne une vraie signature au groupe en étant immédiatement reconnaissable. Ainsi, l’identité Haken est toujours présente malgré un univers qui cherche constamment à se renouveler.

Car de renouvellement il est bien entendu question à chaque album du groupe depuis Affinity. Pour ce faire Haken propose des titres assez variés, mais avec toujours ce qu’il faut de cohérence entre les morceaux. L’auditeur se retrouve rapidement avec une succession de chansons fortes (« Taurus », « Nightingale », « Sempiternal Beings », « Eyes of Ebony »), dans la lignée de Vector / Virus, mais avec une volonté de faire évoluer le style Haken sans se répéter. A titre d'exemple, nous pouvons évoquer « Elephant Never Forget » qui ne tire jamais en longueur malgré ses onze minutes au compteur, et qui lorgne parfois vers la valse (à 8:00). A contrario, le délicat « Eyes of Ebony » évoque le travail récent de Leprous, tout en délicatesse. On sent rend alors compte du travail impressionnant de construction des deux guitares, Richard Henshall et Charlie Griffith mariant à merveille arpèges cristallins et riffs saccadés aux textures de Peter Jones.

Ce septième opus des Anglais est une nouvelle réussite à mettre au crédit du quintette. Malgré le récent changement de line-up, Haken reste une formation incontournable du metal progressif, évoluant, changeant de direction et allant là où on ne l'attend pas. Le signe des grands en somme !

Tracklist :

Taurus
Nightingale
The Alphabet of Me
Sempiterbal Beings
Beneath the White Rainbow
Island in the Clouds
Lovebite
Elephants Never Forget
Eyes of Ebony

Disponible depuis le 3 mars chez Inside Out
Photographie promotionnelle : DR

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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