Dagoba – Post Mortem Nihil Est


Si la cité Phocéenne est davantage réputée pour le pastis, le chant des cigales, l’Olympique de Marseille et le groupe I Am qui danse « Le Mia » Stan Smith aux pieds, le pendant rock’n’roll peut, lui, se vanter d’être le berceau des metalleux de Dagoba. En provenance de la fameuse planète, Franky ‘Maître Yoda’ Costanza (même s’il ressemble un peu plus à Tommy Lee qu’à ce dernier, il faut bien l’avouer !) & ses Jedis nous envoient aujourd’hui leur tout nouvel essai discographique : l’album Post Mortem Nihil Est.

Dans la langue de Virgile, « il n'y a rien après la mort », cette cinquième fournée des Marseillais commence fort avec le titre « When Winter… » riche en influences variées : un refrain réminiscent de Borknagar / Vintersorg, l’usage d’effets sur la voix et des arrangements qui rappellent Dimmu Borgir, et un ton peut-être globalement un peu plus dark qu’à l’accoutumée. « I, Reptile » et son riff central à la Cradle Of Filth consolident encore cet assombrissement du ton, et l’influence omniprésente de Fear Factory se fait à nouveau sentir avec des synthés dignes de Rhys Fulber et l’ambiance goth / futuriste de la formation Américaine culte - avec qui nos compatriotes ont justement joué cet hiver (cf. mon live report de leur concert avec FF et Devin Townsend à Paris en décembre dernier). « Oblivion Is For The Living » suit également cette trajectoire. L’ajout d’orchestrations confère beaucoup de puissance au tout. La performance de Shawter s’avère  particulièrement intéressante et convaincante, avec beaucoup de variations et de dynamiques au niveau du chant, qui enrichissent de manière significative ce nouvel album, notamment sur les titres « Yes, We Die », « Kiss Me, Kraken » et « The Great Wonder ».

 

L’arrivée d’un nouveau guitariste, sobrement nommé Z, loin de porter peine au son du groupe, apporte au contraire une foule de riffs intéressants. Selon les confidences de Shawter lui-même (dans son studio report pour nos confrères de Metal Obs Mag – mars / avril 2013), le groupe a opéré un travail très conséquent au niveau des orchestrations, et a ainsi mis l’accent non seulement sur le côté plus épique de leur musique, mais aussi tenté de renforcer sa lourdeur avec des guitares maousse costaud : « Nous avons chacun (Z et Shawter) enregistré des parties, ce qui nous a permis de construire un véritable mur de guitares ».

Mixé au Darth Mader’s Studio (oui oui) sous la houlette de Logan Mader (ex-Machine Head, Soulfly) - fait qui ajoute encore au tableau de rêve - il en résulte un nouvel album à la production énorme, qui pousse encore plus loin le bouchon pour Dagoba. Mais qu’en est-il alors – dans le fond - de ce nouvel apport discographique ? Post Mortem Nihil Est répond à tous les challenges, et place la barre haut, mais l’on regrette un son de batterie un poil trop froid, un rythme frénétique ne laissant pas suffisamment respirer (l’interlude Amérindien « Nevada » est bien trop court), et l’on regrette de ne pas mieux comprendre les paroles (malgré un bon accent de Shawter), pas aussi intelligibles que nos amis dont la langue première est celle de Shakespeare. Chose qui ne lèsera certainement pas l’auditeur français, mais certainement l’auditeur international. Malgré une très belle pochette (réalisée par Seth Siro Anton de chez les Grecs de Septic Flesh), on a quelque peu de mal à relier les différentes parties et dégager ainsi de façon nette le parti-pris du groupe sur cette nouvelle production, en termes de contexte (et l’absence des paroles dans notre version promo de l’album n’arrange rien).

 

La forme est très belle – avec une production massive, une performance très tight de la part du groupe, Shawter et Franky épatants dans leurs disciplines respectives, Z et Werther (basse) pas en reste non plus – mais l’on ne peut s’empêcher de trouver que c’est au détriment du fond. On gagne en perfection sonore et technique (et c’est ce que les groupes officiant dans ce style s’attèlent à faire depuis bien 15 ans), mais l’on perd en chaleur et en âme. Si la musique est riche et comble tous les challenges, cette beauté extérieure prend nettement le pas sur ce qu’on pourrait appeler ici la beauté intérieure (les paroles, le contenu, la cohésion entre les titres, mais aussi le feeling global). A l’inverse des formations-phares (et références ultimes du genre) Fear Factory et Machine Head, chez qui la musique est au service du message délivré et en est clairement son articulation géante, ici le son prime. Les émotions sont pourtant là (le chant est particulièrement inspiré), le groupe peut à l’aise se vanter d’être dans le peloton de tête de la scène Française, et l'auditeur pourra trouver ici exactement ce qu'il était venu y trouver ; mais la substance est encore un peu lacunaire et manque afin de générer l’extra pour les démarquer de tout et de tous pour de bon. C’est tout le mal que l’on leur souhaite là, et l’on attend cependant avec impatience de les voir retranscrire en live cette nouvelle mouture cet été.

Liens :

Le site Officiel de Dagoba
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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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