Doll$Boxx – Dolls Apartment

Regardez comme elles sont mignonnes et gentilles ces cinq petites japonaises au look d'écolières ! On dirait des petites poupées ! C'est sûrement la nouvelle sensation j-pop du moment.

Ou peut-être pas. En provenance du pays du soleil levant, les cinq nippones de Doll$Boxx ne semblent pas vraiment cibler ce type de public. Le tout, pourtant, derrière une apparence trompeuse qu'on jurerait tiré d'un clip pour adolescentes. Bref, rien ne prédestinait à se faire accueillir d'entrée de jeu par des riffs puissants qui ne démontrent qu'une chose : ces jolies demoiselles sont bien là pour faire du metal.

« Loud Twin Stars », l'opener de Dolls Apartment, se pose comme entrée en matière intéressante et carrément accrocheuse, histoire de présenter ce que ces femmes sont capables d'envoyer. Et c'est du lourd, même si quelques avertissements sont à donner au préalable : si vous êtes allergiques au japonais, vous aurez du mal à entrer dans l'univers haut en couleur de Doll$Boxx. Il faudra aussi compter sur quelques clichés récurrents, comme le clavier. Ah, ce fameux clavier, Kitsch comme c'est pas permis, il faudra pourtant bien s'y habituer tout au long du parcours pour se faire à l'idée que, oui, la musique des jeunes femmes en dégouline. Un élément dont elles n'hésiteront pas à se servir.

Apparaissant souvent en début de pistes, il est ensuite rejoint par les autres instruments. Le plus souvent, c'est pour la construction d'un mur de son puissant, d'une rythmique power metal qui fait tout le charme de nos belles japonaises. Les nippones mélangent avec une énorme habileté des mélodies sucrées, presque pop, avec une base musicale très solide et véloce, le tout sans forcer particulièrement sur le schéma du contraste ou faire disparaître le premier élément au profit du second. Tout y est minutieusement dosé sans perdre une once de spontanéité. Une musique parfois travaillée peut se révéler tout à fait fade par manque d'émotion ou de magie. Fort heureusement, dans le cas des meilleurs, il est possible de combiner l'un avec l'autre. Comme on le devine aisément, c'est ce qui se produit chez Doll$Boxx.

D'ailleurs, pour trancher avec cette fragilité arborée par l'habillement, le combo n'utilise pas uniquement une guitare véloce ou une basse qui, en plus d'être audible, est jouée avec grâce et talent. La batteuse Hana (Gacharic Spin) balance quelques growls surpuissants, qui apportent une tessiture death presque incongrue sur ces rythmiques power metal – pop. Comme si l'on ajoutait quelques épices dans le sirop de fraise. Comble de l'affaire, c'est que ça rend bien ce melting-pot ! La voix hurlée de la cogneuse donne un cachet plus qu'appréciable aux pistes. C'est le cas sur l'excellente « Take My Chance », tubesque jusqu'au bout par ses claviers électroniques, son refrain sucré tout mignon, et sa section instrumentale qui n'est pas dans la demi-mesure. Et ce petit débordement apporté par le growl, histoire de déstabiliser et d'emmener l'auditeur là où ne l'attendait pas, prouve que les Doll$Boxx s'amusent à exploiter toutes les cartes qu'elles ont en main.

Doll$Boxx

Avouez qu'on aurait bien envie de fréquenter les mêmes cours.

Cependant, il est nécessaire de rappeler que le chant n'est pas entièrement death. Hana sert bien plus souvent de support à la belle Fuki (Light Bringer), qui est LA star de cette offrande. Quelle voix ! Bien sûr, son timbre lorgne vers des notes plus aigues, syndrome de beaucoup de chanteuses du Japon. Ceci dit, là où on s'imagine déjà une nenette s'égosillant dans un registre qu'elle ne maîtrise pas, Fuki surprend. La jeune femme est l'atout indispensable de la formation, utilisant toujours son bel organe au service de la musique. Tantôt fragile, tantôt puissante, la frontwoman est capable de varier son chant, et ce toujours avec une extrême précision. Aucune fausse note permise, aucune approximation. Sur un refrain qui peut paraître périlleux (« Roll Playing Life » jouant beaucoup sur l'aigu), cette chanteuse joue dans la force sans se casser la gueule. Rien que ça, ça mérite le respect. Et quand elle n'est pas occupée à bluffer par son registre, elle donne quelques beaux frissons sur « Doll's Box », une très jolie ballade où elle adapte son chant à cette douceur musicale, le tout avec aisance pour une prestation remarquable. Qui a dit qu'au Japon, on faisait que du karaoké ?

Le principal défaut de Doll$Boxx vient d'un ventre mou en milieu d'album : « Fragrance » et « Karakuri Town » ne sont pas aussi prenantes que les autres pistes. La faute à un aspect plus banal, et donc moins inspiré. Si le groupe n'évite pas, de temps en temps, de répéter ses structures et ses archétypes, elles arrivent souvent à démarquer les divers morceaux les uns des autres, pour ne pas tomber dans la linéarité. Seulement, ces deux titres ne réussissent pas à égaler les autres. Et par pitié … autant le clavier d'Oreo est tout à fait supportable sur l'ensemble du disque, autant on a envie de lui faire bouffer sur « Karakuri Town » tant il est gonflant. On évitera tout de même pour deux raisons : d'une, elle se rattrape quand même sur tout le reste de Dolls Apartment et de deux, elle est mignonne. Et ne se focaliser que sur ces deux petits échecs, c'est nier l'existence de la puissance ravageuse d'un « Loud Twin Stars », la beauté envoûtante d'un « Doll's Box » qui entre en tête rapidement, la dimension tubesque du trio « Take My Chance » / « Monopoly » / « Roll Playing Life », et surtout « Omocha No Heitai (Toy Soldier) », extrêmement bien composée et au chant tout simplement à tomber.

C'est ce qu'il faut donc retenir de Dolls Apartment. Nous avons en notre présence une très bonne offrande, où se côtoie un power / speed inspiré et attachant et une dimension pop qui se combine à merveille avec les parties les plus puissantes de la rythmique. Doll$Boxx compte aussi sur la voix fantastique de Fuki. Cette formation est donc à surveiller de toute urgence : en seulement un opus, le quintette promet déjà de futurs très bons opus s'ils parviennent à garder une recette aussi solide et inspirée. Décidément, après Light Bringer, Aldious, Liv Moon, Onmyou-Za ou Cyntia, le power metal à chant féminin du Japon est en vogue. Et Doll$Boxx se classe dans les meilleurs. Mesdames, merci !

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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