Biga*Ranx – Rainshine

Biga*Ranx - Rainshine sorti le 26 juin. Ce nouvel album s'écoute comme on traverse une pluie d'été. Casque vissé, les yeux mi-clos et le cœur ouvert ! 

Cover Rainshine
Cover Biga*Ranx -Rainshine

Biga*Ranx - Rainshine, sorti le 26 juin 2025. Il y a des albums qui frappent comme un orage. D'autres, comme Rainshine, s’infiltrent lentement, goutte à goutte, jusqu’à ce qu’on se retrouve à marcher sous une averse dorée sans parapluie ni envie de se couvrir. Ce dernier disque de Biga*Ranx, fidèle à son dub digital vaporeux, est de ceux-là. Composé de seize pistes, Rainshine se distingue par des collaborations de qualité : Blundetto, Atili, Jael, Lil’Slow, sans oublier les chanteurs français Naâman, Pupajim et Chaton, qui apportent chacun leur touche unique au projet.

Un album qui installe une atmosphère

L’album ne cherche pas à séduire dès les premières mesures par la performance, mais installe une atmosphère. C’est un album à vivre plus qu’à écouter : à mi-chemin entre la bande-son d’un rêve flou et la poésie urbaine. On y entend des beats traînants, des voix étouffées, des mots simples qui deviennent grands par leur sincérité. Disponible sur toutes les plateformes de streaming, Rainshine invite à une écoute immersive et délicate, un voyage intérieur tout en nuances.

"Danse" : la mélancolie en mouvement

"Danse" en feat avec Atili est peut-être le cœur battant de Rainshine, non pas parce qu’il éclate, mais parce qu’il palpite doucement, comme un souvenir qui refuse de s’effacer. Il y a dans ce morceau une fausse légèreté qui cache en réalité une douleur contenue. Celle de l’absence, du manque, de ce qu’on ne sait plus comment nommer. Biga*Ranx y parle à quelqu’un qui n’est plus là, mais sans plainte. Juste ce murmure doux-amer d’un être qui continue à avancer, à danser, parce qu’il n’y a rien d’autre à faire. La prod est minimaliste, comme lavée par la pluie, et la voix, presque lasse, glisse sans jamais forcer. "Danse" n’a pas besoin d’éclat : sa force est dans cette émotion suspendue qu’on ne voit pas venir mais qui reste longtemps après la dernière note. Le clip, tout en délicatesse, est sorti le 14 février, comme une lettre d’amour adressée à l’absence.

"Tao Paï Paï", entre tension et nonchalance

"Tao Paï Paï" sonne comme un clin d’œil assumé à l’enfance et à l’imaginaire manga, mais derrière la référence au tueur impassible de Dragon Ball. Biga*Ranx livre ici un morceau plus sombre qu’il n’y paraît. Le flow est nonchalant, presque désabusé, mais les mots tranchent, distillés comme des gifles feutrées. La prod, elle, oscille entre une boucle hypnotique et un beat qui ne cherche pas à séduire, mais à imposer une ambiance. Pas de refrain sucré ici, juste un groove rampant, une sorte de dub urbain tendu comme une lame. "Tao Paï Paï" est un virage nerveux, un rappel que Biga*Ranx sait aussi grincer, cogner, s’endurcir. Quelque part, ce contrepoids était nécessaire dans l’album : un coup de vent sec dans une atmosphère trop moelleuse.

"Pull Up mon Disk" : la douceur maîtrisée du dancehall moderne

"Pull Up mon Disk" joue avec les codes du dancehall et du reggae digital, tout en y injectant sa touche personnelle, mêlant groove décontracté et flow posé. Le morceau donne l’impression d’une invitation à ralentir, à venir se poser sans faux-semblants. Pourtant, derrière cette apparente simplicité, la production reste subtile, avec ses basses profondes et ses samples soigneusement travaillés. Si certains pourraient reprocher au titre un côté un peu trop lisse, il réussit à maintenir un équilibre entre accessibilité et ambiance feutrée. Parfaite pour un après-midi paresseux ou une soirée en mode chill. "Pull Up mon Disk" confirme la capacité de Biga*Ranx à naviguer entre légèreté et profondeur sans jamais tomber dans la facilité.

"Vélib" : pluie douce et fumée tiède

Parmi les morceaux marquants, "Vélib" est un bijou, un slow urbain. C'est un clin d’œil à la ville où l’on trouve parfois l’amour entre deux coups de pédale. C'est sans doute l’un des titres les plus singuliers de Rainshine. Une chanson qui prend pour motif un vélo en libre-service. C’est à la fois dérisoire et parfaitement lucide. Biga*Ranx capte ce moment suspendu où l’on pédale sans but, juste pour fuir, ou respirer un peu. Musicalement, c’est un beat discret, des claviers flottants et des voix presque murmurées. Et c’est là que le morceau divise : soit on y perçoit un instant de poésie urbaine, un regard tendre sur la banalité, soit on y voit une esquisse inachevée. Mais quoi qu’on en pense, "Vélib" a le mérite d’oser ! De faire d’un trajet anodin un petit moment de suspension sonore, presque contemplatif. Comme si Paris devenait une ville-fantôme traversée au ralenti.

Entre rêve et veille, l’écho de "Moonshine"

"Moonshine" n’est pas simplement un morceau, c’est une nuit distillée en vibrations. Une ligne de basse ronde comme la lune pleine y serpente doucement. Tandis que la voix de Biga flotte au-dessus, moitié brume, moitié souvenir. On y entend le silence des rues désertes et l’écho d’un amour passé, comme si chaque note cherchait à rallumer une lumière oubliée. Les textures lo-fi, granuleuses, donnent au morceau un goût de cassette retrouvée, un peu abîmée, mais précieuse. "Moonshine", c’est ce moment suspendu entre minuit et le petit matin, quand le monde dort mais que l’âme, elle, reste éveillée.

Biga*Ranx et Naâman, la force tranquille de "Never Take"

"Never Take", en featuring avec Naâman, est un des moments les plus émouvants et authentiques de Rainshine. Le morceau dégage une énergie à la fois sereine et déterminée, portée par la complémentarité naturelle entre les voix de Biga*Ranx et Naâman. Leur duo fonctionne comme un dialogue apaisé, une invitation à la résilience face aux difficultés et aux doutes. Musicalement, le titre mélange habilement les influences reggae roots avec des touches modernes de dub digital. Créant un équilibre subtil entre tradition et contemporain. La production est chaleureuse, laissant respirer chaque note et chaque parole. Tandis que le refrain, accrocheur sans être envahissant, s’imprime doucement dans l’esprit. Avec "Never Take", le duo signe un hymne à la persévérance qui résonne longtemps après l’écoute.

"Natural Woman" feat Kea

Avec "Natural Woman", Biga*Ranx ralentit encore le tempo, comme s’il voulait s’arrêter un instant pour respirer. Le morceau est porté par une sensualité douce, presque fragile, qui contraste avec la brume plus froide des autres titres. La présence du chanteur tahitien KEA apporte une chaleur organique inattendue. Avec sa voix solaire qui donne au morceau des accents d’île lointaine ou de souvenir flou d’un amour sans artifice. La production, toujours fidèle au style vapor dub, se fait ici plus ample. Plus tactile, comme si le morceau caressait plutôt qu’il ne vibrait. Ce n’est pas un titre qui cherche à séduire à tout prix, mais qui s’offre avec pudeur. Comme une déclaration murmurée à quelqu’un qui ne répond peut-être plus.

Rainshine : peint la pluie avec de la lumière

Un album comme une bulle de brume tiède, entre spleen digital et poésie urbaine. Biga*Ranx avec Rainshine confirme qu’il n’est pas seulement un chanteur, mais un peintre de sons, un faiseur de météo intérieure. Chaque morceau semble avoir été pensé comme une pièce d’un puzzle. Ce n’est pas un album de singles, mais un corps vivant, cohérent, mélancolique sans jamais être triste. Des chansons courtes mais marquantes, et des collaborations judicieuses. L’album dessine une fresque sonore délicate et immersive. Entre émotions introspectives et énergie légère, l'artiste signe ici l’un de ses projets les plus accomplis. À écouter casque vissé, yeux mi-clos et cœur ouvert !

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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