Daruma – Full Circle

En mai dernier sortait un album très prometteur intitulé Full Circle, composé par Daruma. Ce groupe de metal prog grenoblois ne vous dit peut-être pas grand-chose mais si on vous dit que la chanteuse Elodie Buchonnet apparaît sur l'album Cybion de Kalisia, que le leader Julien Pelloux a fait partie de Taï Phong (oui oui le groupe de prog qui a vu passer Jean-Jacques Goldman et Michael Jones), ça vous fait déjà un joli CV. Ajoutez à cela les interventions de Ricardo Confessiori qui officiait dans Angra, mais également Joe Payne (le chanteur découvert notamment sur le dernier album de Jordan Rudess). Et comme si ça ne suffisait pas, l'album a été masterisé aux Finnvox Studiospar le maître finlandais Mika Jussila. Si ce pédigrée ne vous a pas donné envie d'écouter l'album, alors lisez le reste de la chronique !

Daruma, Full Circle, prog, Kalisia, Auspex

Pour un premier effort, Daruma n'a pas fait les choses à moitié : un double album n'incluant que des titres dépassant les sept minutes, peut-on faire plus prog que cela ?L'expérience de chaque membre du groupe se ressent, et notamment la science de la mélodie de Julien Pelloux. Il est capable de mettre en plus une certaine progression dans l'intensité pour faire voyager l'auditeur sans ennui. Alors certes, l'album peut faire peur au départ car les compositions à tiroir déroutent largement et on ne ressort pas de la première lecture avec des mélodies catchy. Il faut bien une demi douzaine d'écoutes pour assimiler et comprendre les différents thèmes repris ça et là dans un morceau ou même cités dans plusieurs. La prouesse est d'autant plus grande que Julien est autodidacte et arrive à naviguer entre successions d'accords plus simples et hyper complexe.

Son jeu à la guitare bénéficie d'un traitement sonore magnifique avec des sons proches de John Petrucci. Le petit bémol reste que, erreur de "jeunesse" (même si le gaillard a une grande expérience), cela reste souvent très proche de styles bien connus et fait bien sentir que le guitariste a été plus que biberonné à Dream TheaterDevin Townsend et autres Porcupine Tree. L'album est donc très empreint d'un style de metal progressif des années 90 avec des changements de rythmes et d'ambiances pas toujours faciles à suivre et des transitions parfois abruptes.

Le groupe donne parfois l'impression d'avoir voulu en faire trop, en voulant démontrer toute l'étendue de son talent, un peu comme un candidat de télé-crochet qui voudrait montrer tout, tout de suite en rendant un hommage un peu trop appuyé à ses idoles. Autre petit élément problématique : le mixage de la voix d'Elodie passe malheureusement en arrière plan et ne permet pas d'entendre les textes. Les passages plus calmes, comme par exemple sur la ballade très réussie "Maya's Song", permettent d'enfin découvrir vraiment l'étendue de son talent et ses duos avec Joe Payne fonctionnent à merveille. Même constat pour la basse qui possède pourtant de très belles parties à la John Myung mais il faut pousser un peu son égalisateur pour révéler les mélodies. A noter un très beau traitement sonore pour les claviers de Loïc Jaillet qui oscillent entre synthés classiques des années 70 et éléments plus modernes à la Derek Sherinian.

Alors malgré ces défauts, pourquoi attribuer la note de 9/10 ? Tout simplement parce lorsque le talent est là, il faut le reconnaître. Que ce soit avec les plans de batterie de Tristan Rota (très inspirés de Mike Portnoy mais avec une belle polyvalence), cette facilité à composer des mélodies qui, après plusieurs écoutes, restent en tête, cette technicité au service de la musicalité, Full Circle est comme un défilé haute couture : parfois dérangeant, parfois difficile à assimiler, à la qualité incontestable, surtout pour un premier album ! C'est un plaisir de découvrir l'univers varié du groupe, comme un voyage autour du monde dont on ressortirait grandi. A l'époque du streaming, de la musique facile, cela fait du bien de voir des musiciens et non des fabricants, qui mettent leur trip et leur expertise au service de l'émotion.

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Vu le cursus de chaque intervenant, la réussite de cet album n'est pas surprenante. Le groupe a par ailleurs plus d'un tour dans son sac avec des morceaux déjà enregistrés mais n'apparaissant pas sur cet album. On a vraiment hâte de voir l'aventure se poursuivre avec un album encore plus mature et qui pousserait les compositions encore plus loin.

Si cette chronique vous a donné envie, l'album est sorti le 21 mai dernier en autoproduction. Il est disponible sur le bandcamp de Daruma et sur les sites de streaming. A noter que le groupe fera sa release party le 4 octobre en Isère, au Projo de Crolles.

Tracklist

1.INTRO (A GLIMPSE OF IGNITION) 02:15
2.KILLING GAME 12:19
3.CHOSEN TO DIE 10:02
4.MAYA'S SONG 07:14
5.FULL CIRCLE 08:24
6.NOTHINGLAND 09:27
7.SPIRAL PART.1 (SLOW VOID) 03:17
8.SPIRAL PART.2 (SPEED) 04:13
9.AISTEAR (A VOYAGE TO THE ROOTS) 11:23
10.IGNITION 13:12

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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