The Plot In You (+ Cane Hill + Saosin + Currents) au Bataclan (Paris) – 10/11/25

C'est l'une des dates metal de cette fin d'année. Avec un concert sold out, et un plateau de pas moins de quatre groupes, The Plot In You revient en force en tête d'affiche, huit ans après avoir ouvert pour The Amity Affliction. Accompagnés d'un line up de qualité, les Américains nous offrent une date au Bataclan qui s'annonce inoubliable.

Cane Hill

Mais pour l'heure, c'est à Cane Hill que revient la lourde tâche d'ouvrir la soirée. Avec son metalcore un brin aérien, le groupe arrive doucement à faire réagir le public parisien, soulevant des headbang par-ci par-là. "Make some fucking noise!" lance Elijah Witt (chant), paré de son t-shirt "Sad Metal" qui donne le ton, offrant une prestance des plus belles.

Le quatuor ne jouera que des titres de son dernier album, A Piece Of Me I Never Let You Find, un choix audacieux mais qui ne semble poser aucun problème au public parisien. "Drowning Therapy" sera d'ailleurs accueilli avec joie, Witt repérant même un fan extatique. Le groupe enchaîne ensuite sur l'envoûtant "Fade". "Midnight Sun", le titre phare du dernier album conclut ce set pour le moins captivant.

Saosin

Sous une saccade de tambours aux airs épiques, ce sont les non moins légendaires Saosin qui rejoignent la scène du Bataclan. Ils sont acclamés par toute la salle, où la plupart des spectateurs sont venus expressément voir le groupe se produire.

Comme le dit Cove Rebber (chant): "Good to be back, 18  years later!". Saosin, c'est l'un des groupes les plus populaires de cette scène emo, et son passage en France n'est qu'un doux rappel à l'adolescence de celles et ceux nés dans les années 1990. On aperçoit même une pancarte à l'effigie du premier album. Le groupe a conscience que beaucoup de gens sont venus pour lui. A l'inverse de ses prédécesseurs, il interprète surtout des titres de son album éponyme, sorti il y a déjà vingt ans, avec, sur les sept morceaux du set, six provenant de cet opus.

Mais comment en vouloir aux Etats-Uniens, lorsque "Voices" se fait entendre, repris par la foule en chœur ? A peine le temps de s'en remettre que Cove lance "Pull out your phones, this song is called 'You're Not Alone'". Si il y a bien une ballade que l'on connait par cœur depuis les années 2000, c'est bien celle-là. Le Bataclan, éclairé de loupiotes, se pare de nostalgie en un instant. Histoire de continuer dans la mélancolie, Saosin quitte les planches sous un tonnerre d'applaudissements sur le fameux "Seven Years" tiré de son tout premier EP, Translating The Name.

Currents

Après la scène emo, c'est le retour du metalcore, avec les très estimés Currents. Très en vogue actuellement, ils sont plébiscités par tous. On comprend pourquoi. Avec un son propre et maîtrisé, autant sur les screams que les clean vocals, le quintet assène une musique bien heavy sous une horde de cris. L'excellent "Rise & Fall" réveille la foule et les premiers circle pits se forment. La prestance de Brian Wille (chant) est impressionnante, en totale communion avec le public qui lui donne tout en retour. Le groupe dédicace également son titre "Making Circles" à tous les groupes du plateau, sous une nuée de crowdsurfers.

Le sulfureux "The Death We Seek" provoque même un wall of death en plein milieu du Bataclan, qui ne laisse personne de marbre. Mais c'est le non moins célèbre "Monsters" et son iconique passage "I GAVE YOU EVERYTHING", sur lequel les fans s'époumonent, qui démontrera l'apothéose provoquée par le groupe.

"Better Days" conclut ce set par un élan de joie, nous laissant penser que, si le groupe avait été en tête d'affiche, nous n'y aurions vu que du feu. Chapeau les Américains, et, s'il vous plaît, donnez nous vos astuces de soins capillaires, on envie la douceur de vos cheveux.

The Plot In You

Un petit générique de Mario plus tard, qui en rendra plus d'un nostalgique, et le groupe le plus attendu de la soirée s'apprête à fouler les planches. Sous une fumée rouge et au son d'une vieille télévision qui grésille, The Plot In You débarque sur scène. Son leader, Landon Tewers déambule, nous envoûtant presque sur "Don't Look Away", tandis que ses comparses se placent sur l'élévation juste derrière, entourés de colonnes de lierres dans un spectacle presque théâtral.

Il n'en faut pas plus pour emporter la foule parisienne qui chante immédiatement en chœur.  Le quatuor délivre une setlist naviguant entre leurs titres les plus heavy et ceux légèrement plus pop. Il plonge dans ses titres phares, reprenant notamment ses singles tirés de sa trilogie d'EP (les fameux Vol 1, 2 & 3). C'est sur le captivant "Pretend" que Josh Childress (guitare) et Ethan Yoder (basse) rejoignent enfin leur chanteur sur scène, donnant un nouveau souffle à la prestation.

Le metalcore si particulier, aérien et heavy à la fois, accroche facilement le public qui enchaîne autant de walls of death sur le twisted "Paradigm", que de crowdsurfs sur le vibrant "THE ONE YOU LOVED". Il faut dire qu'après sept ans d'absence dans la capitale, la venue du quatuor était plus qu'attendue. Le groupe arrive à créer un univers, au travers de sa scénographie, presque cinématique, mais aussi dans sa prestation, avec quelque chose d'introspectif. Le chanteur a souvent les yeux fermés, comme emporté, et il y a peu de communication, comme si les musiciens voulaient garder une trame artistique sans interruptions.

Il y a de cela dans "Face Me", le premier single tiré de Swan Song, sorti en 2021. Les silences qui se mélangent au heavy teintés d'électro nous emportent presque religieusement, encore plus grâce à la voix puissante et enivrante de Landon. Entre le cathartique "I'M ALIVE" de "Not Just Breathing" ou la montée en puissance du dernier single, "Silence", on ne sait plus où donner de la tête. Et cela ne retombe pas de sitôt puisque le cathartique "Forgotten" se fait entendre, et son presqu'a cappella "I have spent my life chasing things that have only brought me pain, in the end, when i'm dead, hope it was for something", un cri du cœur repris à pleins poumons par tout le Bataclan.

Il est temps de redescendre d'un cran, puisque "Closure" résonne. Son refrain si accrocheur en fait danser et chanter plus d'un, aperçus par le chanteur qui lance un "We've got singers here!". "Time Changes Everything", chanson sortie il y a dix ans déjà, calme à nouveau les ardeurs, à la lumière des téléphones, un moment presque sacré: "You are amazing, seriously!". Enfin, le très attendu "Left Behind", un des singles les plus marquants du groupe, donne l'occasion aux fans de s'activer avant de terminer par le titre qui a propulsé The Plot In You sur le devant de la scène, l'inimitable "FEEL NOTHING", repris en chœur. Un délicieux exutoire.

Il est des concerts qui font du bien, et s'avèrent une catharsis, un instant suspendu dans le temps, où l'on aimerait rester encore un peu, pour ne pas avoir affaire à la réalité. Ce lundi soir au Bataclan était des plus mémorables, entre l'amour de la musique et de la performance, c'était un cri du cœur qu'on aimerait pousser encore.

Live Report & Photos: Emma Forni. Toute reproduction interdite. 



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