Aujourd'hui, j'ai interviewé l'artiste Mister Thib en direct sur Instagram. Bien que nous soyons de la même région, ce live nous a permis de trouver un petit moment malgré nos agendas chargés.

©Titi Photographie
Q : Peux-tu te présenter ?
Mister Thib : Je m’appelle Mister Thib, j’ai 45 ans. Je fais de la musique depuis que j’ai sept ans : du jazz, du saxophone, puis du rap, du reggae. Aujourd’hui je suis musicien, MC, beatmaker, compositeur et producteur. Je joue plusieurs instruments. Je vis dans les montagnes, entre Chambéry, Grenoble et la Chartreuse.
Q : Tu joues dans plusieurs projets, c’est ça ?
Mister Thib : Oui. Je fais partie du groupe Moksa – Reggae Roots, on a sorti un EP autoproduit. Je joue aussi dans le BB Sound System avec Odio Virus et Selecta Plumo. Et j’ai mon projet solo : Mister Thib.
Q : Quelle différence entre Moksa et ton projet solo ?
Mister Thib : Avec Moksa, c’est vraiment un groupe : on est sept, il y a différentes sensibilités. L’écriture est plus poétique, plus philosophique. Dans mon projet solo, je suis plus direct, plus engagé, plus politique. Je parle du système, du capitalisme, de ce monde qui tourne à l’envers. C’est beaucoup plus frontal.
Q : Sur scène, comment ça se passe pour toi ?
Mister Thib : En solo, je mélange mes morceaux avec des impros. J’aime faire participer le public : je prends des mots et je les intègre en freestyle. Il y a aussi beaucoup de sons reggae, ska, hip-hop, dub, électro… et du saxophone. J’aime l’instant présent : mon mantra, c’est vivre le moment à fond.
Q : Quelles sont tes influences ?
Mister Thib : En world music et reggae : Manu Dibango, Bob Marley, Burning Spear, Jimmy Cliff, Dennis Brown, Gregory Isaacs, Capleton, Sizzla, Buju Banton, le rocksteady…
En rap : j’ai commencé avec Public Enemy, puis Mobb Deep, Fushnikens, le Wu-Tang. J’adore DJ Muggs (Cypress Hill).
En rap français : NTM, IAM, Arsenik, Saïan Supa Crew… Et je suis encore ce qui se fait aujourd’hui. Je ne suis pas du tout du genre à dire “c’était mieux avant”. Mon autre mantra : “Avant, c’était mieux maintenant.”
Q : Tu es un artiste engagé ?
Mister Thib : Oui, dans mon projet solo clairement. Humaniste, anticapitaliste, anti-système. Je parle d’injustice, de l’impunité des puissants, du racisme, du sexisme. Je dénonce, mais j’essaie aussi d’apporter de l’espoir et de l’unité. Pour moi, la plus belle forme d’intelligence, c’est de savoir ne pas être d’accord.
Q : Des anecdotes de scène ?
Mister Thib : Oui ! Au Pachamama à Grenoble, le monte-charge s’est bloqué parce qu’on l’avait rempli à ras bord de matos. On a tout fini à la main. Et les concerts en station… des clients qui manquent de renverser leurs plateaux de shooters sur le matériel… Les joies du travail en milieu festif !
Le Ratata Riddim
Q : Parle-nous du Ratata Riddim.
Mister Thib : C’est parti d’un vocal d’Odio Virus. Je voulais revenir au concept jamaïcain des années 2000 : un riddim, plusieurs artistes dessus. Le riddim est hybride entre rap et reggae. Je l’ai envoyé à des artistes de Jamaïque, d’Europe et de France : des rappeurs indés, des membres de Sound Soldiers, Tiyab, etc. L’instru est déjà dispo sur mon SoundCloud. Je voulais le sortir plus tôt, mais j’ai préféré repousser en janvier/février pour laisser plus de temps. Je n’aime pas les deadlines qui limitent la créativité.
Q : Et pour la suite ?
Mister Thib : Je travaille sur un album solo. Je compose beaucoup, je teste des morceaux en concert. Je veux un album qui puisse être joué facilement sur scène, sans artifices. Et bien sûr, il y aura d’autres concerts avec Moksa, en sound system et en solo.
Interview réalisée le 26/11/2025
Par JBRD

