Entretien avec Les Fatals Picards aux Celtivales

Présents aux Celtivales le 26 Octobre, où ils nous ont livré un show à la hauteur de leur réputation live les Fatals Picards nous ont aussi accordé une interview avant de monter sur scène. Et par la même occasion ils nous ont prouvé qu'ils pouvaient être aussi drôles en dehors que sur scène, entre réponses absurdes et démonstration physique (on ne peut réellement pas pogoter sur du Bénabar) Yves Giraud, bassiste-guitariste du groupe et Paul léger, chanteur ont répondu à nos questions.

Bonjour les Fatals Picards. Alors c'est votre première aux Cetivales ?

Yves : Ce n'est pas la première fois dans le Doubs, mais une première aux Celtivales. Malgré le fait que c'est un festival qui a l'air pas mal vieux, puisque c'est la 17ème édition.

Les balances viennent de s'achever, est-ce que vous stressez quand même un peu en prévision de ce soir ?

Yves : Non, c'est une forme de stress mais pas réellement. Des fois si les balances se sont mal passés ou si des proches, la famille, les amis sont là un peu plus, mais rarement. 

Paul arrive, une bière à la main et tout aussi détendu. Après avoir discuté de la nouvelle coupe de cheveux d'Yves et de la gestion des nombreuses groupies de Paul nous reprenons l'interview aussi sérieusement que possible.

Ce soir c'est l'une des premières fois que vous défendez votre nouvel album, Septième Ciel sur scène, non ?

Yves : Ce n'est pas vraiment la première fois puisqu'on le jouait déjà un petit peu depuis quelques mois et on ne vous en fera pas l'intégralité se soir.

Paul : Depuis qu'il est sorti on a déjà fait deux ou trois concerts, et sur les mois qui ont précédé la sortie on a déjà testé quelques titres.

Yves : Et sur la tournée on ne joue pas l'intégralité car, tu vois, moi aussi il y a des groupes que j'aime bien mais quand ils jouent que le nouvel album ça me fait chier, je viens pour les classiques aussi.

Paul : Donc on a mélangé et on a pris que sept ou huit titres de l'album, ce qui est pas mal. Parce qu'il y en a douze sur l'album, non ? Oui douze c'est ça. Donc voilà c'est déjà pas mal, on en joue sept ou huit sur la list et après on va voir ceux qui marchent, si l'on va en jouer d'autres du disque on ne sait pas encore pour l'instant on est vraiment dans la recherche pendant les deux ou quatre premiers mois de la tournée.

Les premières retombées à propos de l'album vous semblent-elles positives ?

Yves : J'ai l'impression oui. On voit que les fans l'achètent et l'écoutent, comme d'habitude.

Paul : Après comme toujours celui qui n'aime pas ne va pas forcément te le dire alors que celui qui trouve ça bien le fera. Mais à priori dans les interviews et critiques l'album à l'air plutôt bien accueilli.

Yves : Ça me fait penser à une phrase que j'ai bien aimé et que j'ai relevé : « On ne parle jamais des trains qui arrivent à l'heure ».
 

Fatals Picards


Lequel d'entre vous a vraiment écrit « Punk au Liechtenstein » puisque vous vous amusez souvent à  vous battre sur ce sujet ? 

Paul : En fait c'est un pote du XIXème siècle qui s'appelait Hubert Sharnistalchag qui était Bavarois je crois.

Yves : En fait on avait fumé un truc...

Paul : Non au départ c'était une idée de Billy, puis on a fait des listes de trucs et on l'a écrit avec Yves chez  lui parce qu'il y avait un nombre de couplets assez limité, on avait plein de phrases qu'on a toutes choisies ensemble et...

Yves : Oui, comment on appelle ça ? C'est une sorte d'expression, de phrase enfin...

Paul : En collaboration voilà, c'est Yves et Billy qui ont trouvé le riff pendant des balances et après au niveau paroles on l'a écrit ensemble, un truc à trois quoi.

Et où « Petit Poisson D’Élevage » trouve son origine ?

Paul : C'est pleins de jeux de mots, un brainstorming, on a voulu trouver un maximum de jeux de mots sur les poissons et puis voilà, c'est un peu ce que font les fatals habituellement, un exercice de style.

Pourquoi la reprise de « Sans contrefaçon » de Mylène Farmer, hommage ou parodie ?

Yves : Et pourquoi pas ?

Paul : Ce n'est ni un hommage, ni une parodie c'est beaucoup plus simple. En fait quand on fait «L'amour à la Française » sur scène souvent on le dédicace aux gonzesses, c'est un moment spécial, et dans un souci de parité les garçons n'avaient rien, donc on s'est dit comment faire une chanson spéciale garçon ? « Sans contrefaçon je suis un garçon » c'est un truc un peu rockifié, on la joue un peu plus rock. Elle passait bien en live, sur les phrases d'enregistrement on l'a un peu jouée et comme elle sonnait bien on s'est dit pourquoi pas. C'est une chanson qui s'est retrouvée sur l'album, ce n’est pas prémédité rien, il ne faut pas chercher plus loin à se demander si c'est hommage ou...

Yves : Fantasme !

Nous avons aussi des auditeurs reggae, quand vous en faites c'est une réelle envie ou c'est plutôt de la parodie ?

Yves : Non on est africains dans l'âme, man.

Car dans certains morceaux comme « Djambé Man » on se dit que c'est plutôt parodique alors que dans d'autres ça sonne plutôt comme une réelle envie...

Paul : Non ce n’est pas de la moquerie, c'est plutôt histoire d'aérer le set parce que le reggae c'est une forme de rock, c'est une déclinaison du rock tu vois ce que je veux dire ? Le rocksteady tout cela. Et il y a des textes qui s'y prêtent plus. Parce qu'on écrit souvent le texte en premier et selon l'univers du texte il y a des musiques qui collent plus, donc on ne se prive de rien. 

Yves : C'est des petits clins d’œil, parce qu'un truc qu'on n'aime pas ou que l'on trouve nase même en clin d’œil on le fait pas. Après les Fatals Picards ce n’est pas reggae, il y en a un peu mais ce n’est pas reggae.

Récemment  vous avez quittez votre label pour redevenir artiste indépendant, pourquoi un tel changement qui s'éloigne de la sécurité (« de l'emploi ») ?

Paul : Et bien chez Warner ça se passait mal, du coup on a essayé de faire casser notre contrat pour avoir un peu plus de liberté, pas au niveau de la création mais au niveau de la gestion, de la promotion tout ça...C'est des embrouilles un peu compliquées, le business, qui ne nous intéressent pas vraiment et nous font un peu chier.

Yves : C'est le derrière de la musique, parce que c'était pas non plus des salopiauds mais on était pas en adéquation totale avec ce qu'on voulait faire et ce qu'ils pouvaient faire donc on s'est tirés.

Vous-avez le sentiment que ça a été plus facile pour vous, un groupe avec pas mal de bagage et de renommée ?

Paul : Ça ne s'est pas fait facilement non, le groupe tournait déjà depuis pas mal d'années avant de se faire signer chez Warner, voilà après la maison de disque on nous l'a proposé on trouvait ça cool à un moment mais finalement ça ne l'est pas.

Yves : Pis on fait partie de ces groupes qui tournent beaucoup, qui vivent des concerts et on n'a pas tellement besoin d'être à l'affiche, la preuve qu'on soit dans une maison de disque ou pas ça ne change pas grand-chose, on s'en fout.

Paul : Ça ne change rien, on ne vend pas des gros volumes de disques par rapport à ce qu'on remplit dans les salles, notre créneau c'est plus les concerts, donc après qu'on soit chez Warner ou chez un indépendant ça ne change rien au niveau des volumes, et puis finalement au niveau indépendant tu es plus libre, tu gagnes plus de fric.

Est-ce-que vous vous sentez toujours mal aimé du grand public et surtout des médias comme vous avez pu le dire par le passé ?

Yves : Davantage des médias, pas du grand public.

Paul : Pas du grand public non, parce qu'on fait plus de cent dates par an et ça marche plutôt bien.

Yves (lui souffle gentiment à l'oreille) : Deux cent cinquante.

Paul : Deux cent cinquante. On fait plein de dates tous les ans donc ça se passe bien, on remplit après au nouveau média on ne sait pas vraiment, des fois on se dit qu'on est mis dans des cases, on s'appelle les Fatals Picards, c'est dur, et puis c'est vrai qu'il y a des chansons qui traînent sur internet qui sont des conneries aussi, mais nous on fait de la scène alors c'est pas grave, après peut-être que si on avait plus d'exposition des gens qui nous connaissent pas seraient aptes à aimer...

Yves : Mais moi je préfère ça, « plaire à tout le monde c'est plaire à n'importe qui ».

Dans un sens c'est un certain signe de qualité...

Yves : Oui voilà c'est deux mondes, vraiment. Si on parlait tout le temps de nous, qu'on passait à la radio, qu'on nous voyait à la télé ce ne serait plus de la musique, ce serait commercial et moi je n’ai pas envie d'être dans ce truc. Après c'est banal ce que je dis mais...

Paul : On ferait plus d'argent quand même !

Yves : Malheureusement ouais, mais j'ai pas fait de la musique pour faire de l'argent, sinon j'aurais fait médecin enfin, (en chœur avec un faux air modeste), on fait quand même pas mal d'argent, ouais ouais ouais faut le dire, on roule pas sur l'or mais on est bien.
 

Les Fatals Picards


Sentez-vous que votre public est resté le même ou a-t-il évolué au fil des disques ?

Yves : Ça a changé oui, ça a évolué en tout cas.

Paul : Il y a des gens qui s'en vont, qui arrivent mais il y a quand même une base de fan purs et durs, des gens qui restent depuis des années. Après on a quand même une base de public assez large, les gamins y trouvent leur compte, les adultes avec les textes aussi...

Vous trouvez plus de jeunes ou de moins jeunes dans vos concerts ?

Yves : C'est vraiment mitigé, c'est pour ça aussi qu'on arrive à avoir des salles bien remplies, parce que notre musique ne s'adresse pas à une seule catégorie. Si tu as un style de métal qui ne remplit que des jeunes tu as moins de monde, et bien nous on est plus large, il y a des gamins, leurs parents, grands-parents, tontons, tatas, cousins on peut vraiment venir en famille.

Paul : Complètement, les gamins trouvent ça marrant parce qu'on déconne, on fait un peu les cons sur scène, les jeunes nous aiment bien parce qu'ils pogotent et les vieux aiment aussi parce que c'est un peu politisé. On a un spectre assez large donc c'est assez facile, enfin plus facile, de remplir les salles.

Justement, après plus d'un million de kilomètres parcourus (soit 3, 44 secondes-lumière), vous n'êtes pas lassés d'être sur la route ?

Paul : C'est vrai que ce n’est pas tous les jours la fête. Tu gagnes ta vie en faisant des concerts, les gens te disent « tu joues deux heures et puis tu te barres » mais déjà il y a de la route...

Yves : Beaucoup de route même, c'est le revers de la médaille.

Paul : Les kilomètres et les entre 5 et 12 heures d'attente avant de jouer c'est le côté un peu relou du taf mais après tu peux lire, tu peux t'occuper c'est pas non plus super lourd. Mais c'est vrai que dans ce boulot tout le monde te le dira il y a quand même de longs moments où tu te fais chier, et se faire chier... c'est chiant.

Vous vous voyez continuer ça encore longtemps les tournées ?

Paul : Franchement oui, on n’est pas si vieux on a trente-cinq piges, il y a de la marge. En plus je pense qu'il n'y a pas d'âge pour arrêter ce métier. Si un jour ça devient plus relou que cool on arrêtera, mais là moi j'y suis pas en tout cas.

Au bout de 12 ans y a-t-il quelque chose que vous ne supportez plus chez les autres membres du groupe ?

Yves : Rien en particulier, justement si on en arrive à ne plus se supporter c'est là qu'il faudra arrêter.

Paul : Nous c'est un concept différent, plus on avance, plus on se connaît les uns les autres du coup ça créé une amitié qui est plus profonde et durable. Tu connais bien le parcours des gens, leur vie et comment ils sont réellement donc si on s'embrouillait ce serait définitivement, il n'y aurait pas d'embrouilles pour des trucs à la con qui ne se résolvent pas. Tout est toujours cool, et on ne se gêne pas pour se dire « tu fais chier » ou « tu m'emmerdes » donc tout va bien.

Yves : Ce qui peut nous amener à arrêter c'est plus en envie artistique de faire autre chose.

Paul : Mais on ne quittera jamais les Fatals définitivement : c'est un projet qui est viable, qui ramène des gens et qui est marrant aussi à faire donc même si on a envie de faire autre chose on peut y revenir ; c'est aussi l'avantage de ce boulot. Si un jour les Fatals ça nous saoûlent on pourra toujours mettre ça entre parenthèse pour y revenir, ou pas je n'en sais rien.

Vient-elle, ou est-elle, venue cette envie de faire autre chose ?

Paul : Si si, ça vient et c'est cyclique. Yves fait d'autres projets, moi aussi, pas solo mais je fais d'autres choses aussi quelques fois. Comme Sex Bomb qui est un autre concept, une sorte de récréation mais c'est plus un truc d'amis d'enfance, alors que les Fatals c'est devenus des amis au fil du temps. Mais il ne faut pas oublier aussi que d'être au service des gens ce n’est pas péjoratif de dire que c'est un métier, je suis là pour être souriant, disponible pour faire des blagues, si j'arrive et que je suis fatigué, pas marrant, ça ne marche pas. Effectivement il faut faire des efforts parfois : tu n'as rien bouffé ou tu t'es tapé une mine la veille, t'as dormi deux heures et ça doit pas se voir.

Sinon, on vous compare souvent à des Renaud modernes, que pensez-vous de cette comparaison ?

Paul : Si on nous dit ça c'est assez flatteur parce que je trouve que Renaud a de beaux textes...

Yves : C'est cool oui, on s'en est inspiré en plus de Renaud par rapport à l'écriture. Mais après dès que tu fais des textes en français pas trop cons les références il n'y en a pas des masses, tu vas passer par les Brassens, les Renaud... Donc c'est sans prétentions.

Est-ce que vous avez une petite anecdote, un secret à révéler aux auditeurs de La Grosse Radio ?

Paul : Pleins, mais on ne peut pas vous les donnez parce que c'est trop dégueulasse.

Yves : Jean marc a une poche à pipi, il n'a plus d'anus, il est artificiel.

Eric, le bassiste des 3 Fromages coupe l'interview : Ils vous font chier ?

Yves : Et voilà le nouveau projet, avec Les 3 fromages on va s'appeler Les fils de p***, comme ça on va marquer les esprits.

Eric : On ne sait pas encore qui c'est le chanteur mais ce sera un sacré fils de p***.

Paul : De toute façon si je ne suis pas chanteur dans le groupe, je ne sais pas faire grand-chose d'autre donc à priori ce sera moi, à part synthé peut-être...

C'est donc vrai que vous projetez de faire quelque chose avec les 3 fromages ?

Paul : Les 3 Fromages nous ont gentiment invité à participer à leur prochain album pour une chanson, et ce soir on va chanter un truc ou deux ensemble donc on participe déjà les uns sur le truc des autres et après on verra, l'avenir nous le dira...

Et vous n'avez pas d'autres collaborations en perspective ?

Yves : Hum non, Bénébar ne nous a jamais rappelé, Nicolas Sirkis non plus, Mylène Farmer non plus...

Paul : Donc non, je ne suis pas trop collaboration, ça me fait chier en général...
Yves : Non tu es timide !

Paul : Je suis timide et en plus je suis très exigeant musicalement. Mais j'avoue que Les 3 Fromages c'est tout à fait mon style de musique, donc si ils nous le demandent on y va avec plaisir.

Et enfin, à quand l'amour avec Superbus ? A quand un duo avec Superbus ?

Paul : Non pas d'amour, pas de duo rien du tout. Ce qui s'est passé avec Superbus c'est que c'est des gens qui n'ont pas beaucoup d'humour et de décalage.

Yves : Ils ont même arrêté le métier du coup.

Paul : On est assez moqueurs et second degré, il y a plein de gens qui le sont également et qui comprennent bien mais d'autres non. Et eux n'ont pas très bien compris, je pense qu'ils sont persuadé de faire un truc un peu cool genre les Clash mais en réalité non. Donc on vous rassure : il n'y aura sûrement jamais de duo avec Superbus, c'est fini de toute façon.

Et bien merci d'avoir répondu à ces questions, bon concert. Et à tout à l'heure sur scène !

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