Richie Sambora (Bon Jovi) parle de sa carrière solo

"La musique m’a soigné."
 

Guitariste mondialement connu pour être dans Bon Jovi depuis le premier album, Richie Sambora se prépare à présenter son travail en tant qu’artiste solo pour la première fois en France le 26 juin. A cette occasion, La Grosse Radio s’est entretenue avec lui pour obtenir ses impressions sur la tournée qui arrive, son parcours en tant qu’artiste et ses projets en tant que musicien. Un artiste entier et honnête, qui n’a pas perdu sa flamme de rocker.

Bonsoir Richie et merci de nous accorder cette interview. Parle-nous de ta récente reprise de 'Storybook Love' de Willy Deville, pourquoi l’avoir reprise ?

Tout d’abord, Willy DeVille et moi étions de très bons amis, on vivait au même endroit et il m’emmenait souvent dans ces saloons où de supers musiciens jouaient et on jammait. Je l’aime beaucoup en tant que personne, nous somme connectés musicalement et personnellement. Mardi 27 mai, j’ai fait ce concert caritatif dans le New Jersey, dans un petit compté à 15 kilomètres de là où j’ai grandi. En un an, ils ont perdu 10 à 12 adolescents par mois à cause de l’héroïne. J’ai moi-même perdu beaucoup d’amis à cause de l’héroïne, des musiciens avec qui j’ai joué qui comptaient beaucoup pour moi. Willy eu aussi de gros problèmes avec cette drogue. Ils m’ont contacté il y a 3 mois et on a décidé qu’il fallait faire quelque chose. Donc ce soir-là, j’ai fait ce concert. Il y avait 4000 personnes dedans, 1000 personnes qui regardaient le concert retransmis dehors et d’autres qui le regardaient sur internet. Il y a eu beaucoup de succès. Willy a eu le même problème avec l’héroïne. En ce moment, je suis en phase d’écriture pour un nouvel album. J’étais assis à réfléchir et, tout d’un coup, "Storybook Love" m’est venue à l’esprit. C’est une très belle chanson et je pense avoir fait du bon boulot avec alors que ce n’est qu’une démo. Vu qu’il est aussi apprécié en France, j’ai pensé que ça faisait un bel hommage. Donc on va la jouer pour vous ! Ce serait un pêché de ne pas la faire ! [rires] En plus d’être un hommage, parce qu’il me manque, c’est un rappel, pour arrêter de prendre de l’héroïne. Maintenant qu’on en parle, j’ai des frissons ! [rires] J’ai failli y passer et ne pas pouvoir faire cette reprise. Pour ce concert, j’ai aussi écrit une nouvelle chanson, "Lighthouse". Je la jouerai sûrement à Paris.

Sambora Bataclan

Du coup, pas mal de surprises nous attendent le 26 juin.

Oui, vous allez avoir de nouvelles chansons. En plus, sur les réseaux sociaux, les gens me demandent souvent de jouer des chansons que je n’ai jamais jouées dans mes tournées précédentes, et maintenant, j’ai l’opportunité de jouer tout ça en live. En plus, je vais venir à Paris en solo pour la première fois. J’adore Paris, je me suis marié ici. J’aime la culture, c’est ville très riche artistiquement. J’ai même passé mes dernières vacances ici. Le concert du 26 juin au Bataclan m’excite plus que tous les concerts de cette tournée.

Parle-nous de ta rencontre avec Orianthi, qui sera sur scène avec toi.

On s’est rencontrés lors d’un concert caritatif où Alice Cooper jouait. Nous nous sommes entendus instantanément. C’est très rare. Quelques semaines plus tard, on m’a demandé de faire une série de festivals en Australie, le Soundwave Festival. Mon guitariste rythmique a dû annuler la tournée quatre jours avant parce que sa mère est tombée malade. Du coup, j’ai appelé Orianthi, je lui en ai parlé et dit qu’on qu’on jammerait comme pas possible et elle a dit oui. La tournée était excellente en Australie, on a donné quatre autres concerts en tête d’affiche à guichet fermé. Du coup, tout le monde a voulu nous voir après.

Comment appréhendez-vous la scène ?

Sur scène, on improvise. C’est un peu comme les concerts d’avant. Quand j’ai grandi, j’ai voulu apprendre à jouer comme Jimi Hendrix, Eric Clapton, Cream, Jeff Beck, Jimmy Page… ces mecs improvisaient tout le temps. Ils y mettaient tout leur cœur sur scène et créaient en direct. Plus Bon Jovi avançait, plus cette part d’improvisation se réduisait. C’est pour ça que j’ai fait Aftermath of the Lowdown, j’avais besoin de revenir à mes racines. Tu y entends des solos de guitares plus étendus et le bassiste est bien plus libre, le batteur aussi, mais l’ensemble reste cohérent. Je pense que c’est ce que les gens veulent voir et qui manque à la musique de nos jours. Un des trucs que j’adore dans la musique, c’est l’énergie qui voyage entre les musiciens et les fans. Les live-reports ont été très positifs, à mon avis c’est parce que l’énergie dans ces concerts était très positive.

Richie Sambora Orianthi

Tu sembles te placer aisément du côté du spectateur. Continues-tu à voir des groupes en live ?

Je suis toujours un fan et je vais toujours souvent aux concerts, chaque année je vais au festival Coachella avec ma fille et ses copines et on voit tous les types de groupes, que ce soit electro, rap, metal, blues… Je m’y amuse beaucoup et elle me fait découvrir de très bons trucs. Elle a bon goût, elle doit tenir ça de son père ! [rires] La semaine dernière, j’ai été voir Black Sabbath et ils m’ont complètement soufflé. Je les écoute depuis que je suis gamin, et je suis toujours passionné par eux et par la musique en général, je n’ai pas perdu la flamme.

Quels sont tes projets après cette tournée ?

Du coup, j’ai l’impression de commencer un nouveau chapitre. J’ai commencé à écrire avec Orianthi, j’ai contacté quelques amis comme Bob Rock et d’autres bons producteurs qui m’ont dit que je dois continuer dans la même direction. Je pense que les gens aiment regarder l’énergie de l’improvisation en elle-même. Il faut que la base soit bonne, regarde Jimi Hendrix. Il a quelques hits, mais sur scène, il les change. Comme Cream. Ils expérimentent sur scène, et ça change à chaque concert. C’est ce que j’aime, ne pas donner le même concert à chaque fois. On change la setlist aussi, parfois, sur les réseaux sociaux, on nous fait "jouez cette chanson". Et on le fait. Mes musiciens sont assez bons pour ça.

Qu’est-ce que ça fait de revenir dans une salle plus intimiste que le Bataclan, par rapport aux grandes salles dans lesquelles tu es habitué à jouer ?

J’ai joué dans des clubs bien plus petits et je m’en suis quand même bien sorti ! J’ai fait pas mal de blues quand j’étais jeune. En Australie aussi, on a eu un day off à Melbourne, et on a joué dans un club de 850 personnes. Ca transpirait comme dans  un club de blues. C’était un concert caritatif que le promoteur local a mis en place pour Dream Foundation. C’était un truc intéressant en Australie, un jour on jouait dans un festival devant 80 000 personnes, le lendemain dans une grosse salle de 26 000 places et le jour d’après je me retrouve dans un club de moins de 1000 personnes ! Il y a quand même plus d’intimité dans un petit club. Dans un gros stade, la scène est à 6 mètres de haut et il y a une grosse barrière entre toi et les gens, tu ressens plus une énergie de masse, mais dans un club, ça change. Quand je faisais du blues, je faisais des concerts parfois le lundi ou le mardi soir, devant 40 personnes. Ils te regardent droit dans les yeux, c’est presque plus dur que de jouer dans un stade ! Mais tu dois apporter la même émotion, quelle que soit la taille de l’endroit dans lequel tu joues. Ça me fait penser qu’on m’a proposé de faire un concert pour le 99e anniversaire de Les Paul, un grand ami à moi qui est décédé, dans le club de jazz où on jouait souvent. Ce club peut contenir 350 personnes et ils le filment pour le retransmettre à la télévision. Si tu es musicien et que tu as assez de confiance ou d’expérience, et que tu es entouré par des musiciens talentueux et avec qui l’alchimie fonctionne, ta musique atteindra les gens, que ce soit dans un club comme ça, une grande salle ou un stade. Dans ma carrière, j’ai eu la chance de faire tous les types de salle.

Richie Sambora

Qu’est-ce qui te motive pour continuer à jouer après tant d’années ?

Je me souviens, quand j’étais adolescent et que j’ai eu le cœur brisé pour la première fois, j’ai écouté "Layla" d’Eric Clapton. A ce moment, je ne me suis pas senti seul. C’est à ce moment que j’ai pris ma guitare et que j’ai commencé à apprendre à jouer de moi-même. La musique m’a soigné. Maintenant, quand j’écris une chanson, je fais en sorte que les gens ne se sentent pas seul, pour être moi-même cet agent soignant. C’est un privilège de faire ça. Quand je joue en concert et que les gens viennent s’amuser pendant deux heures trente, ou se retrouver certaines de mes paroles, ça me rend heureux. C’est pour ça que je continue à jouer, certainement pas pour l’argent.

Quelle est la chose la plus importante que tu as apprise au cours de ta carrière ?

Dans ma vie personnelle, la meilleure chose qui me soit arrivée est d’être père et d’avoir ma fille. Sur le plan musical, j’ai accompli beaucoup de choses, en ayant des albums classés numéro un dans le monde entier, joué dans des stades et tout… Mais arriver à retrouver mon authenticité en tant que compositeur et arriver à communiquer cela est mon truc en ce moment. Je ne veux pas raconter des conneries au gens, en ce moment, je me concentre sur le plan humain de ma musique. J’ai joué dans 52 pays avec Bon Jovi, et je me suis rendu compte qu’il y a plus de points communs entre les gens dans le monde que de différences. Je me souviens avoir été très étonné en 1986, quand on a commencé à tourner dans le monde entier. J’ai eu la preuve que la musique est une langue universelle. Les gens chantaient nos chansons, je ne sais pas s’ils savaient ce qu’ils chantaient, mais ils chantaient quand même ! [rires]

Je te laisse le dernier mot à tes fans français.

J’ai hâte de revenir en France, cette fois pour mon premier concert en tant qu’artiste solo, j'espère que les gens ouvriront leur cœur à ma musique et ne seront pas tournés vers le passé mais se concentreront sur ce qui se passe maintenant. Ça veut dire beaucoup pour moi.

 

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