Sleepy Sun – Maui Tears

J'ai essayé de retarder cette chronique autant que je le pouvais, mais il me faut bien l'écrire. Pour quelle obscure raison me diriez -vous ? Pour ne pas avoir à retirer le nouvel album de Sleepy Sun de ma chaîne hi-fi pardi ! Car c'est un bijou que nous proposent là les californiens. Du rock psyché teinté de garage dans la plus pure tradition américaine, faisant revivre nombre de légendes mais s'imposant vite à eux seuls dans nos esprits détraqués. Rien que la cover suffit à raviver le souvenir du design des Floyd, puis des parallèles avec des formations comme Tame Impala s'opèrent assez rapidement.

Maui Tears, quatrième album du groupe, paraît d'autant plus réussi qu'il succède à Spine Hits, une galette plus timide du fait de la perte de repères du groupe suite au départ de sa chanteuse Rachel Fannan, qu'on retrouve d'ailleurs ici à travers quelques interventions très appréciables. Une collaboration nous donnant très envie de réentendre sa délicieuse voix sur une prochaine production du groupe... Mais la place qu'elle a laissée inoccupée n'est  décidément plus à pourvoir. En effet, l'un des éléments marquants de cette nouvelle production est la facilité avec laquelle Bred Constantino épouse les mélodies pour en révéler tout le relief sans se les accaparer pour autant. La voix est incisive (« The Lane ») mais aérienne, pleine d'émotion mais pas dans l'excès, sûr d'elle (comme en témoigne l'introduction a capella de « Everywhere Waltz ») et fragile. En un mot : impériale.
 

Sleepy sun


Je vous recommande l'écoute à plein volume de cet album qui prend une toute autre dimension une fois poussé à fond : les riffs enflammés, libérés et maîtrisés des guitares nous emportent ainsi dans l'univers feutré et aérien des Sleepy Sun, qui, comme sur « The Lane » sait parfois se faire plus lourde et sombre. Maui Tears est un voyage. Une aventure à la rencontre du psyché (preuve en est du mystique, limite fantastique, « Everywhere Waltz »), du space rock, des ballades aériennes (« Slowdown » qui porte bien son nom) et même du garage, vestige du passé du groupe anciennement nommé Mania.

A noter aussi le fait que leur musique est pleine de langueur, comme l'illustre en particulier « Outside ». Mais il s'agit d'une langueur précise et travaillée, non pas monotone, pimentée de magnifiques riffs aériens comme un clin d’œil direct aux Pink Floyd. Cette caractéristique est également présente sur « Maui Tears » qui consiste en une vitrine du talent des musiciens et de leur capacité à intégrer à leurs compositions des rythmes répétitifs mais paradoxalement jamais lassants, ainsi que des pistes qui n'hésitent pas à s'étendre (plus de 10 minutes) sans jamais se traîner en longueur. Équilibre et maîtrise.

Seule ombre au tableau : « Galaxy Punk » pouvant faire office de « tube » de l'album tout d'abord par sa durée (2.36) mais aussi pour son côté pop trop sucré qui s'éloigne de leur habituelle pop versatile et incisive. Mais ce point sera très vite compensé par la palette que nous dévoilent les cinq garçons, oscillant entre des influences acoustiques et poétiques («Words ») et des pointes de desert, de rock de non-retour directement inspirées des seventies (« The Lane ») en passant par des sons grinçants et bien rodés (« 11/32 ») ou des chœurs à la Queen (« Slowdown »). Un régal en somme, et pour ceux qui ne seraient pas convaincus du fait de leur dernier album penchez-vous plutôt sur « Thielbar » qui montre la polyvalence dont les californiens font étalage : 
 


Tracklist
The Lane
Words
Everywhere Waltz
Outside
11 : 32 
Thielbar
Slowdown
Galaxy Punk
Maui Tears
 

Crédit photo : Chloé Aftel
 

Bonne écoute ! 

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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