Sacrum – Days Of Quarantine

Patient N°3452 : Sacrum
Origine : Argentine
Type : Groupe de métal formé de 4 membres; 1 guitariste, 1 chanteur, 1 batteur, 1 bassiste
Diagnostic : Atteint de zombification-du-musicien aiguë

    La caractéristique principale du zombie ordinaire est d’être mort, mais cependant, de continuer à entreprendre des actions faite de son vivant. Par exemple, marcher, produire des sons vocaux, manger et parfois même rédiger ses feuilles d’impôts ou travailler dans la comptabilité.
Chez le musicien, cela est légèrement différent. Le musicien reste en vie, mais perd l’étincelle qui faisait de lui ce qu’il était, et globalement se désagrège jusqu’à ne devoir compter que sur un lot de fans irréductibles, qu’ils ont conquis par leur charisme comme par un filtre d’amour éternel.
    Il existe plusieurs types de zombification, les plus connues étant celles de la
« désagrégation du renouvellement musical » qui n’est pas forcément un obstacle à une carrière (voir le dossier des patients N°234 AC/DC et N°123 Motorhead) et du
« flétrissement de la qualité du jeu » causée parfois, hélas par la consommation en trop grande quantité de drogues, ou par tout simplement, le vieillissement qui ne nous frappe pas tous de la même manière, mais le fait tôt ou tard. Ce type de zombification, beaucoup plus grave pousse certains artistes à arrêter leur carrière, et certains fans à ne plus écouter que les disques studios (voir patient N°256 Renaud).
   
    Passons au cas du patient N°3452 : Sacrum.
    Sacrum est atteint du type 7 de la maladie, grave certes, mais n’empêchant pas une carrière, il s’agit de la « perte d’identité par mimétisme », ceci peut être causé par un manque de recul par rapport à ses idoles ou par rapport a ses producteurs...ou de maturité tout simplement.
                    

Ici le groupe prend pour modèle principaux deux groupes. Du point de vue musical, il s’agit de Dream Theater, dont il empreinte le style de composition des derniers albums et notamment «Systematic Chaos» c’est à dire : riffs efficaces, structures harmoniques, rythmiques et mélodiques globalement simples, présences de ballades ennuyeuses et de morceaux répétitifs. Mais Sacrum pousse le problème à un autre niveau puisqu’il ne prend pas a leurs amis américains (pour qui ils ont ouverts à Buenos Aires) leur technicité qui fait leur identité.
    Ainsi le prouve leur dernier album. «Days Of Quarantine» est un album qui ne surprend jamais, du « tube » de début, « Survive » dont l’introduction, la mélodie, les riffs, les arrangements rythmiques et mélodiques, et la structure ont déjà été entendus des millions de fois ; à la balade de fin «The Last Trace». Seul la présence d’un morceau en espagnol en bonus : «Animal» apporte un changement bienvenu.
On se prend au jeu de chercher les différences et les ressemblances entre les morceaux, et on se rend compte que l’album comporte trois morceau dont le refrain commence plus ou moins à 1 minute («Pressure», «Survive» et «Keeping Me Alive» les deux dernier étant dans la même tonalité et ayant un refrain utilisant quasiment la même séquence d’accords!), et pas moins de 5 ballades («The Unknown», «Eternity», «Dancing Stars», «Midnight Sun», «The Last Trace»).
La (seule) particularité de Sacrum, outre son nom latin désignant un os du bassin, est l’utilisation du clavier et des séquences. Plutôt intelligemment mariée au style métal du reste du groupe, elle reste un avantage à double tranchant car les sons très particuliers des ces synthétiseurs peuvent en détourner certains.
Étant donné leurs paroles assez clichés également (voir «Survive» et «Midnight Sun» par exemple) sauf peut-être le «revendicatif» «Quarantine»...il ne leur reste qu’une seule chose, la production.
Elle est à l’image du groupe, très bien faîte, sans accrocs, agréable à entendre mais sans surprises, très aseptisée au point d’y perdre toute substance. 

Du point de vue visuel on reconnais bien nos teutons de Rammstein, Sacrum leur empreinte leurs tenues, en remplaçant les coulures de pétrole et la rouille par du sang et des ecchymoses, ce qui n’est pas sans rappeler leur maladie...
Ils ajoutent à cela un petit coté engagé (voir photo).
  

Bon taper sur CNN c’est du réchauffé clairement mais on peut pardonner cela à un groupe venant d’un pays où la CIA a installé des dictatures pendant des décennies.

Il n’en résulte pas moins que d’après ce que j’ai vu, le groupe parait extrêmement intéressant sur scène, malgré leur autre symptôme d’imitation (de Motorhead cette fois).
                                           

Cela vaut très certainement plus le coup pour passer une bonne soirée, d’aller les voir en concert, que d’acheter leur album.

    En résumé le patient offre un album, certes non désagréable chanson par chanson, mais qui dans l’ensemble se révèle d’un ennui copieux. Certaines personnes plus indulgentes y verront une envie de simplicité et d’efficacité, moi j’y voit le résultat d’une uniformisation musicale totalement intériorisée.
Après tout, l’Argentine aurait été en Europe ils auraient peut-être gagné l’Eurovision.
Quant à leur qualification de Progressive Metal, je ne la comprend tout simplement pas, mis à part leur ressemblance frappante avec Dream Theater.

6/20
 

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