Le talent forgé dans l'acier
Un an après la sortie de Redeemer of Souls, Judas Priest revient à Paris pour faire vrombir les guitares et montrer qu'ils sont toujours maîtres dans l'art du heavy. Malgré certaines inquiétudes, les doutes ont été balayés et l'acier trempé a tranché de nombreuses nuques ce soir. Pour ouvrir le bal était convié un groupe de metal moderne américain, Five Finger Death Punch. Malgré le décalage avec la tête d'affiche, ils ont su trouver leur public.
Five Finger Death Punch
Cinq Américains arrivent sur scène sur les coups de 20h et c'est parti pour trois quarts d'heure de metal moderne, bien influencé par les grosses pointures américaines des années 90, sans pour autant faire du neo. Five Finger Death Punch ne cache pas ses influences, mais opère sa propre tambouille qui semble bien fonctionner, si bien que la setlist avance de façon évidente et sans disparité, alors que tous les albums sont représentés.
Cette tambouille fonctionne bien auprès du public. En effet, si les fans sont évidemment présents en grande majorité pour Judas Priest, les acclamations sont nourries et les refrains sont scandées par une large partie des fans. Il faut dire que la communication est constante entre le groupe et l'audience.
Que ce soit le bassiste Chris Kael qui court partout et qui ne lâche pas le public du regard, le guitariste Zoltan Bathory qui s'amuse à jeter les médiators que son roadie s'évertue à replacer ou encore le frontman Ivan Moody qui n'arrête pas d'harranguer la foule et qui fait même monter deux fans sur scène pendant "Burn MF", la communion est totale.
Avec un concert bien ficelé et une interprétation au poil, Five Finger Death Punch a su s'imposer malgré le fossé stylistique qui le sépare du Priest. Mais les ponts existent, la preuve avec la présence de Rob Halford, qui a assisté à la totalité du concert depuis le côté de la scène.
Setlist :
Under and Over It
Hard to See
Lift Me Up
Bad Company [reprise de Bad Company]
Burn MF
Coming Down
Never Enough
The Bleeding
Judas Priest
Il est maintenant temps de passer au plat de résistance avec le concert que Judas Priest se prépare à donner. Le groupe se plait à faire des feintes. Tout d'abord, alors que la bande de l'intro "Battle Cry" tourne, le groupe arrive sur "Dragonaut", avec un Rob Halford qui semble en difficulté, appuyé sur une cane. Les craintes se font ressentir chez les fans concernant l'état de santé du Metal God.
Cependant, le chanteur emblématique lâche sa cane dès "Metal Gods" et montre des capacités vocales bien intactes sur "Devil's Child". Capacités qui seront bien exposées sur la classique "Victim of Changes" ou la récente "Halls of Valhalla", sur laquelle le frontman se fend d'un grow digne d'un chanteur de death metal avant de partir au sommet de sa tessiture avec des aigus qui briseraient le cristal. Si des imperfections sont toujours présentes sur "Painkiller" et que la reverb était bien utilisée, force est de constater que Rob Halford est toujours capable de faire des merveilles au chant.
Le reste de l'orchestre n'est pas en reste non plus. Le duo rythmique de Scott Travis et Ian Hill est bien en place, l'un faisant tourner ses baguettes sans perdre le rythme et l'autre se montrant bien plus énergique qu'à l’accoutumée. Mais Judas Priest ne serait pas Judas Priest sans son duo de guitare. Glen Tipton est toujours aussi impérial dans ses interventions, notamment sur l'épique "Beyond the Realms of Death", alors que son nouveau comparse Richie Faulkner se fendra d'un long solo pendant "You've Got Another Thing Comin'", toujours de qualité.
Côté show, le groupe garde ses bonnes habitudes, avec la moto d'Halford sur "Hell Bent for Leather" et sa manie de changer de veste à chaque chanson. On aura donc droit à plusieurs imperméables plus ou moins scintillants ainsi que diverses vestes à patches, l'une arborant un dossard avec le drapeau français et une autre sur laquelle on distingue des patches Mayhem, Immortal ou encore Manowar. Le groupe dispose aussi d'un grand écran derrière lui qui met en scène des animations diverses, telles que des pochettes d'album correspondant aux chansons jouées. On remarque que la scène est bien plus dépouillée qu'en 2009.
La communication n'est pas le fort du groupe, qui privilégie l'efficacité, hormis le classique dialogue entre Rob et le public avant "You've Got Another Thing Comin'". Sinon, les titres s'enchainent de manière fluide, qu'ils soient récents comme ceux issus de Redeemer of Souls, indispensables comme "Breaking the Law", rares comme "Jawbreaker" ou encore inattendus comme "Turbo Lover", issu de l'album controversé du même nom. Une setlist efficace et variée, qui montre plusieurs facettes du groupe, de la plus brutale ("Painkiller") à la plus enjouée ("Living After Midnight").
En 1h40, Judas Priest a balayé d'un revers de main les doutes des sceptiques sur leurs performances scéniques. En place et en voix, Halford a impressionné bon nombre de metalleux et les musiciens ont montré que le groupe anglais reste un incontournable du heavy metal, malgré le poids des années.
Setlist :
Black Sabbath - War Pigs [sur bande]
Battle Cry Intro [sur bande]
Dragonaut
Metal Gods
Devil's Child
Victim of Changes
Halls of Valhalla
Love Bites
March of the Damned
Turbo Lover
Redeemer of Souls
Beyond the Realms of Death
Jawbreaker
Breaking the Law
Hell Bent for Leather
Rappel :
The Hellion [sur bande]
Electric Eye
You've Got Another Thing Comin'
Painkiller
Living After Midnight
Beginning of the End [sur bande]
Photos : © 2015 Nidhal Marzouk (http://nidhal-marzouk.com/)
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