Cradle of Filth – Evermore Darkly (EP)

Cradle of Filth, ou le groupe qui ne mettra jamais personne d'accord, entre les fervents défenseurs et fans du groupe (dont je fais parti, ce qui ne m'empêche pas d'avoir un oeil critique sur celui-ci), et les nombreux détracteurs. Ils nous proposent aujourd'hui un nouvel EP en guise de dessert du dernier album, Darkly, Darkly, Venus Aversa, au cas où l'on en redemanderait...

Ancien icône du black metal, dans ses formes les plus théâtrales, horrifiques et symphoniques, le groupe atteint les sommets d'un metal grandiloquent avec Midian (2000), puis glisse doucement vers une grosse production. L'arrivée chez Roadrunner Records aboutit à un metal symphonique des plus accessibles, s'éloignant du black des premiers jours. Damnation And A Day, Nymphetamine, Thornography... Le groupe plonge, fait couler énormément d'encre, tente un retour aux sources avec Godspeed On The Devil's Thunder, et quitte enfin Roadrunner pour Peaceville. Ouf ! La machine est  relancée, le groupe libéré de ses chaînes nous promet des merveilles avec l'album le plus rapide, le plus violent, et le plus dark de toute leur carrière ! J'ai nommé Darkly, Darkly, Venus Aversa. Violence, rapidité, le contrat est rempli, peut être un peu trop même, puisque le début de l'album en devient indigeste. Soit, Cradle Of Filth n'a toujours pas signé de chef d'oeuvre tel un Cruelty And The Beast, un Dusk And Her Embrace, ou encore un V-Empire, mais les efforts sont présents et le groupe ne compte pas s'arrêter là ! Dani et sa bande redoublent d'efforts pour nous offrir toujours plus : une édition très très spéciale et soignée de Darkly, Darkly, Venus Aversa, un futur album instrumental, Midnight In The Labyrinth, prévu pour Avril 2012, un futur album (déjà !) pour Octobre 2012, et entre tout ça, un nouvel EP, Evermore Darkly, en guise de complément du petit dernier (ou devrais-je plutôt dire la petite dernière, Lilith).
 

Cradle Of Filth

Le groupe n'a pas l'air de se payer la tête de son public, Evermore Darkly est bien rempli : un CD audio contenant deux nouvelles pistes ; "Lilith Immaculate" (titre phare du précédent album) version longue ; un remix de "Forgive Me Father (I Have Sinned)" ; trois « Elder Versions » de titres du dernier album, ; et enfin, un aperçu du futur Midnight In The Labyrinth avec la reprise instrumentale de "Summer Dying Fast" (The Principle Of Evil Made Flesh, 1994). Avec tout ça, un DVD contenant le show complet du groupe au Graspop 2011, et un « Rockumentaire » de 45 minutes. De quoi décortiquer !

On commence avec une longue introduction, "Transmission From Hell", qui porte bien son nom. Une ambiance sonore glauque, des sons électrisés, une voix narratrice mystérieuse (visiblement la même que dans Godspeed On The Devil's Thunder)... On est loin des intro symphoniques d'un Damnation And A Day. C'est étrange, inconnu, flippant (edit : carrément stressant !), un peu long, mais nous tient tellement en haleine ! Que nous ont-ils préparés...?
 

« What you are about to hear is very, very disturbing indeed. »


C'est le cas de le dire mon cher ! On attaque très fort avec donc la vraie nouveauté de cet EP, le nouveau titre "Thank You Lucky Scars". Blast beat d'entrée de jeu, guitare lead façon black metal, claviers discrets mais omniprésents. C'est violent, malsain, les guitares ne sont plus écrasées et impuissantes comme sur les productions précédentes, et ça ça fait plaisir ! On retrouve un Dani toujours un peu fatigué, et pourtant... On verra plus tard qu'il a l'air de reprendre du poil de la bête. 4:55 de rage, entre un Darkly, Darkly, Venus Aversa et un Cruelty And The Beast, le groupe avance et met en confiance. Pas de grosse nouveauté cependant, mais quand même, vivement le prochain album !

La suite de l'EP est une sorte de fourre-tout : « Elder versions » (qui ne sont rien d'autre que des versions démo), « Extended version », remix, et piste instrumentale tirée du prochain Midnight In The Labyrinth. Il y a quand même de quoi baver un peu à l'idée de découvrir une chanson culte, "Summer Dying Fast", version orchestrale, ainsi qu'une "Lilith Immaculate" plus longue et (espérons) pleine de surprises.
 

Dani Filth

Et des surprises, il y en a dans la suite de cet EP, et pas que des bonnes. Comme annoncé précédemment, les « Elder versions » ne sont rien d'autre que des versions démo, « test », avec un mix limite, un mastering inexistant, beaucoup d'inégalités et des parties plus ou moins finies. On (re)découvre ainsi "Forgive Me Father (I Have Sinned)", "The Persecution Song", et "The Spawn Of Love And War" (à mon goût une des perles du dernier album). La démo de "Forgive Me Father (I Have Sinned)" nous épargne le chant féminin de la version officielle, ainsi que quelques cris de Dani plutôt limites. Au contraire, on découvre avec surprise que Dani est encore capable de cri très sympa et maîtrisés sur l'outro ! Les guitares sont en avant et nous font découvrir des riffs légèrement différents de l'originale. Cependant, le solo est absent, tout comme la basse qui est très en retrait. La batterie, programmée semble-t-il, n'a aucun intérêt. Et ça se vérifie particulièrement sur "The Persecution Song", où elle n'est clairement pas au point. La meilleure des trois reste "The Spawn Of Love And War", où le côté sombre et oppressant est particulièrement renforcé face à la surproduction et la mise en retrait des guitares du morceau original. Mais une fois de plus, pas mal de subtilités de Markus, le batteur, sont absentes. Soit, ce sont des versions démo. On retrouve un côté « underground ». Ou amateur. Ou tout simplement des pistes qui n'ont pas grand chose à faire sur un disque. Seuls les fans y trouveront un éventuel intérêt. Pour les autres, ça ressemble plutôt à du remplissage, et ce n'est pas la première fois que le groupe nous fait le coup (cf Godspeed On The Devil's Thunder édition spéciale).

Espérons que la version longue de "Lilith Immaculate" nous offrira sont lot de nouveautés ! Nous sommes en terrain connu, puisque la chanson est exactement la même les quasi 3 premières minutes. « Lilith Immaculate ! », et boum, plus rien. Des claviers lents, une atmosphère sinistre... On retrouve les sonorités des fabuleuses intro et interludes du groupe (rappelant les intros de Damnation And A Day et de Cruelty And The Beast entre autre). Souvenirs souvenirs, ça donne des frissons !  ...Mais qu'es-ce que ça fait en plein milieu de "Lilith Immaculate" ?! C'est un simple copier/coller d'une partie orchestrale en plein milieu de la chanson. Aucun nouveau riff, aucune modification de la chanson, rien. Un simple rallongement de deux minutes, bon certes sympathique seul, mais un peu décevant.
 

Lilith

Et ce n'est pas le remix, "Forgive Me Father (I'm In A Trance)", qui rattrapera quoi que ce soit. On a l'habitude des remix plutôt ratés, mais celui là l'est particulièrement. Autant, le remix de "The Death Of Love" ("The Love Of Death") m'avais très agréablement surpris, et avais su faire passer quelque chose de très sombre et inquiétant, autant le boum-boum pendant 6:30 ne m'intéresse pas. D'autant plus si le chant n'est même pas juste avec la musique. Merci Rob C (Anthrax) pour ce remix.

Dani nous a quand même gardé une petite surprise pour la fin, avec "Summer Dying Fast" version orchestrale, tiré du futur album Midnight In The Labyrinth. Et en effet, c'est exclusivement orchestral ! On retrouve des mélodies cultes nous ramenant en 1994, époque Principle. C'est sympa, intéressant, varié et bien construit. Dommage cependant que le groupe n'ai pas collaboré avec un vrai orchestre (comme Septic Flesh ou Dimmu Borgir) qui aurait probablement rendu la piste beaucoup plus épique. Là, c'est un peu plat, trop carré, pas assez organique.

Le CD est accompagné d'un DVD qui a l'air plutôt intéressant, contenant la performance du groupe au Graspop 2011, et un documentaire sur la vie apparemment un poil compliquée du groupe en tournée. Un mot sur le live : la setlist est sympa, avec entre autre "Heaven Torn Asunder", "Ebony Dressed For Sunset", "The Forest Whispers My Name", "Cruelty Brought Thee Orchids", … Mais malheureusement, ce n'était pas un très bon jour pour Dani. Sa performance vocale est plutôt décevante, comme la plupart des shows du groupe en ce moment. Dommage, puisque leur performance au Hellfest 2011 était assez bluffante ! Peut être qu'un jour, on retrouvera un Dani en forme. Peut-être.

Nouvelle galette pour les anglais, nouvelle offrande pour les fans, nouveau leurre pour les détracteurs. Une fois de plus, il y en a pour tout le monde. Si ce Evermore Darkly n'a pas une grande prétention, il offre un contenu assez riche : 8 titres, un live vidéo complet et un documentaire de 45 minutes. Bien content de découvrir une nouvelle chanson, et de redécouvrir un titre culte, ce CD/DVD est cependant adressé principalement aux fans de la bande à Dani. C'est une petite surprise sympa du groupe, en attendant 2012 pour la sortie de Midnight In The Labyrinth et du successeur de Darkly, Darkly, Venus Aversa...

6,5/10

Unna

 

 

Tracklist :

CD
Evermore Darkly...

1. Transmission from Hell
2. Thank Your Lucky Scars
3. Forgive Me Father (I Have Sinned) (demo)
4. Lilith Immaculate (extended length)
5. The Persecution Song (demo)
6. Forgive Me Father (I’m in a Trance)
7. The Spawn of Love and War (demo)
8. Summer Dying Fast (‘Midnight in The Labyrinth’ Breadcrumb Trail)

DVD
Venus Diversa

1.You Can’t Polish a Turd, But You Can Roll it in Glitter' (Documentary)
2. Graspop Performance 2011
3. Lilith Immaculate (Promo Video)

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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