Ange – Moyen-âge

Seulement deux ans après leur précédent album, Ange nous revient avec  « Moyen-âge », non pas pour chanter la gloire de preux chevaliers ; Non, rien de cela. Moyen-âge s’apparente plus à un retour vers le passé pour mieux nous décrire le présent, et par la même nous rappeler à quel point les choses peuvent sembler statiques, voir primitives.

Que ce soit sur la royauté (« A la cour du roi nombril », rappelant sans mal notre ex président : « majesté, à quoi sert le pouvoir quand il génère l’échec, sire, au fait, comment va madame ? ») la pauvreté (« Un goût de pain perdu » avec « les riches ont faim de nos envies, ils ont envie de nos besoins ; A trop tirer sur la ceinture, les sans abris n’ont de bretelles que l’autoroute, au prix que ça coûte ») et même une certaine forme de prostitution consentante (« Les clés du harem » et son pubis à péage), rien n’est épargné par la verve de Christian Décamps, chanteur protéiforme s’il en est, s’essayant à tous les masques, du rocker rigolard au crooner de l’espace ayant « un désir phallique d’enfanter l’univers ».

 

Ange - Moyen Age - Nouvel Album


Au niveau de la musique, Ange ne remontera pas non plus au moyen âge, faisant l’effort de ne pas lorgner vers le son de leurs premiers albums (si ce n’est un petit riff ici et là) mais plutôt d’emprunter un son rock prog 90’s, via des synthés gentiment désuets, mélangé pour notre plus grande stupeur à de la variétoche vaguement rock (Tueuse à gage).

Tour à tour charmant et repoussant, l’album est clairement scindé en deux parties, l’une s’avérant décevante (Le cri du samouraï, Opéra bouffe) voir hors sujet (un remake de « Tomber du ciel » d’Higelin avec « Les mots simples ») et l’autre à hauteur de la légende, éblouissante et jusqu’au-boutiste.

Certes, quelques chansons peuvent paraître naïves (l’irrésistible abracadabra) mais c’est bien là que réside, au-delà des mélodies et des arrangements somptueux, leur principale qualité ; à savoir une franchise sans faille. Et quel bonheur d’entendre un si vieux groupe ayant une discographie conséquente prendre de nouveau le risque de se sortir les tripes et de nous offrir un seppuku artistique aussi casse gueule qu’il est délicieusement honnête.

Ici, pas d’ambition de plaire à tout prix (en tout cas dans la deuxième partie de l’album), d’être le numéro un, juste l’envie de se mettre à nu, et par cette belle démarche emporter l’adhésion. Que l’on ne s’y trompe pas, les fans d’Ange ne sont pas restés fidèles sans raisons.
Si le groupe n’est clairement plus au firmament de sa carrière, ce socle indestructible de fans forge une pérennité remarquable. Christian Décamps ne s’est d’ailleurs pas caché d’envisager de voir le groupe continuer sans lui, soulignant encore plus l’aspect tribale de ce projet musical (comme on peut l’entendre sur le roi nombril « oh ma horde, ma tribu, mon image »)

 

Ange

Il est donc fort appréciable de sentir qu’Ange est toujours là, s’amusant avec les mœurs barbares de notre modernité et s’inscrivant dans l’infinité de l’espace temps, à l’image de l’homme sur la pochette de l’album, rêvant des mondes qui ne lui appartiennent plus ;
En revanche, cela n’effacera pas la déception des autres pistes susnommées, en tout point inférieures à leurs illustres consœurs.

Voici donc un album en demi-teinte, à ne pas bouder pour autant, l’écoute en vaillant réellement la peine et la qualité se faisant trop rare pour qu’on la laisse nous échapper.

McFly
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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