Automatic City

biographie ( par stéphane deschamps)

Le générique de la série de science-fiction The Twilight Zone (La Quatrième Dimension), vous vous souvenez ? Fermez les yeux et écoutez : les quatre notes de guitare en boucle sur la partition signée Marius Constant, la porte qui flotte dans l’espace étoilé et la voix du narrateur qui explique,  « vous ouvrez cette porte avec la clé de votre imagination… ». Fermez les yeux et ouvrez grand vos oreilles : en 2019, soixante après le premier épisode de The Twilight Zone, un groupe a retrouvé la porte. Ils sont quatre, jouent sous le nom d’Automatic City et sont basés à Lyon. Mais ils pourraient tout aussi bien sortir d’une pyramide égyptienne, d’un bayou de Louisiane, d’une lampe d’Aladin ou d’un vaisseau spatial. Au départ, en 2016, quatre garçons qui montent un groupe de blues pour jouer des reprises.  Aïe. Ça paraissait mal parti, direction le bar du coin et le podium de la fête de la musique. Mais finalement, tout s’est bien passé. Parce que dès le départ, la musique d’Automatic City est un fantasme : du blues pas chiant. Du blues comme à l’époque du mystère de ses origines, quand deux musiciens trouvaient le moyen de porter le même nom (Blind Blake et Blind Blake). Du blues comme sur Sun à Memphis quand il est devenu rock’n’roll. Le blues des années 50 et 60 électrifié jusqu’à l’expérimentation, quand l’Amérique rêvait d’aller sur la lune et que le blues traversait l’Atlantique direction Londres en partant de Chicago, avant de faire le tour du monde. Du blues plus fort que le rock, comme chez Fat Possum dans les années 90. Du blues excitant, magique, impur, métissé, sale et sexy, novateur, libéré.
Automatic City est entré dans le blues par la porte de derrière.  D’autres l’avaient fait avant eux : les géants du label Chess, Dr John, Captain Beefheart, Alan Vega, Jon Spencer. Et parce qu’il n’y a pas que le blues dans la vie (même s’il n’y a pas de vie sans blues), Automatic City le croise avec son goût pour l’exotica orientaliste et psychédélique, les BO de films de science-fiction, les rythmes africains, les beats électroniques. Sous une pochette belly-dance macabre créée par Jean-Luc Navette, Triple Ripple est leur troisième album, et c’est le meilleur. Celui qui va plus loin, plus dense, plus fou. Ce qu’on y entend vient de partout, et ne s’entend qu’ici. Link Wray à dos de chameau dans le Sahara, Sonny Boy Williamson avec le hoquet du rock-a-billy Charlie Feathers, RL Burnside enlevé par une tribu d’extra-terrestres clones d’Alan Vega, Carl Craig en DJ set dans une église baptiste du Mississippi.
Automatic City joue toujours beaucoup de reprises. Mais pas seulement. Et elles riment avec surprises, parfois méconnaissables et toujours transfigurées. Le secret du groupe ? En plus de ses catapultages et recyclages d’influences, des instruments de référence (une guitare Supro des années 50, comme Link Wray ou David Bowie) et d’autres qui font la différence (un stylophone, un théremin, un berimbau ou deux batteurs-percussionnistes sur Triple Ripple), un chanteur tellement habité qu’il ne sait plus où il habite. Cet album est un trip rétro-futuriste haletant et déboussolé, à bord d’une machine à voyager dans l’espace-temps garantie sans GPS ni climatisation. C’est qu’il fait chaud, dans ce disque. Est-ce encore du blues, ou juste de la musique qui donne envie de taper du pied et d’enlever ses vêtements, puis d’aller dans la jungle pour danser nu et fou avec un tigre blanc ? Seule la clé de votre imagination vous le dira. Vous pouvez maintenant rouvrir les yeux. J’espère que personne n’a triché. 

Spaced echoed rythm and blues
Label : wita records

Titres joués sur La Grosse Radio

Gas O Line - Titre diffusé 450 fois depuis le 29/04/2019
I Wish You Would - Titre diffusé 174 fois depuis le 17/09/2017

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