Lonah

Bon, on va se fouler un poil plus et présenter les harmonies qui vous attendent :

ARTISTE

Décrire en musique et en chants une scène de meurtre vue comme une œuvre d'art, de création, d'application de sa volonté, voilà  l'enjeu du premier morceau de ce disque. Gardant la violence pour de rares instants afin qu'elle ne s'épuise point, conservant toujours cette apparente légèreté dans le texte comme dans la voix, le morceau est bâtie sur une unique ligne de basse puissante, les cœurs avant les refrains, assez doux, permettant de préparer l'arrivée d'une violence assumée. Pas de facilité grossière, mais toucher une certaine idée de la mort qui se donne, de ce don et de ce pouvoir que l'on prend alors sur le monde, avec cette douceur respectueuse pour cette victime dont on ne connaît pas le nom.

CATIN D'HARMONIE

Tout le monde a subi au moins une fois dans sa vie l'insoutenable fadeur d'un clip d'une quelconque analphabète patentée, ânonnant à  grandes peines des textes riches en émotions en plastique rose, le tout en se dandinant dans des ersatz d'érotisme, sur un gros poum tchak poum tchak. Catin d'harmonie est la caricature soigneusement pensée de ces filles de fausses joie , caricature débutant sur naturellement les pires canons de la très mauvaise pop FM. Mais l'histoire dégénère peu à  peu, des harmonies viennent discrètement se faufiler entre la purée acoustique, et le texte lui aussi peu à  peu devient cru, vivant presque réel. Là  où la plupart des Catins d'harmonies habituelles restent à  effleurer le coin d'un morceau d'une évocation de l'érotisme (la lourdeur de la phrase traduisant la lourdeur du procédé, mes excuses…), la notre veut vraiment briser ses chaînes et choisit d'assumer clairement ce que les autres murmures, quitte à  précipiter sa chute.

PARIS LA MORT

Ce morceau est sans doute moins facile d'accès que les deux premiers. Il contient néanmoins ce que j'appellerais une profession de foi qui reste un des piliers de cette philosophie de comptoir qui m'agite. Séparé en quatre parties, avec deux thèmes musicaux assez différents qui se rejoignent sur la fin, ce morceau présente une sorte de Duel à  base de lois, de morales. Ce morceau en fait est une provocation superbe et intouchable, brandissant cette insupportable vérité : que toute loi, morale, aussi profonde soit elle, s'écroule devant le moindre sourire

CREPUSCULE

Broder une harmonie sur le corps d'un texte aussi célèbre et superbe que le Crépuscule d'Apollinaire posa quelques problèmes de conscience. L'idée est bien que le résultat final soit digne de l'affection que l'on a pour ce texte. Je pense que cela est réussi. Tout en douceur, laisser les mots glisser sur les cordes d'un violon, battu du tic tac d'une horloge invisible avant que tout s'enflamme et que le musicien ne reprenne la parole le temps d'un refrain. A noter que la piste 4 n'est que l'introduction du morceau que nous avons préféré séparer du morceau chanté en tant que tel.

LES AMANTS DE CRISTAL

Ce morceau fut à  la base composé par Antoine Liutkus – Binary Mind – , dans un esprit plus ambiant-indus. Il a été repris, arrangé, et nous lui avons apposé un texte. Décalé, différent, ce morceau est une scène, un spectacle éphémère le temps d'une quelconque conjonction ou intersection. Spectacle en dehors du temps, écarté des hommes, abstrait et sans raison. Quelque part vraiment innocent. C'est une flânerie astrale, une promenade céleste couvant sa propre fin.

LES EFFACES

Et si tous les pauvres damnés, millions de crétins tombés là  plus par hasard que par choix, dans des tranchées, dans des camps, dans des guerres, se levaient pour aller réclamer à  l'Histoire ce qu'elle leur doit ? Pour ces bouts de chaires amenés là  juste pour mourir, qu'importent les causes, les raisons de leur combat face à  la valeur de son sang. C'est en songeant à  ces effacés que ce morceau est né. Parce que l'Histoire, comme bric à  brac immonde de voix tonnantes, d'images faciles, existe bien sans ces vies raturées. Parce que l'Histoire, bon, voilà , ça se dissout dans de la mauvaise vodka.

FRACTALE

Un instant. Une goutte de réalité, un soupçon de moments un clin d'œil sans valeur. Et pourtant, un instant, dans lequel on peut s'enfoncer, recroiser sans cesse le même motif dans un plongeon immobile. Une chute de l'esprit. Un dérèglement stupide des sens alors que la raison s'abîme dans la contemplation d'une structure qu'elle même reflète, une structure fractale . Les mathématiques définisse comme fractale un objet mathématique dont le motif peut se retrouver à  n'importe quel échelle dans n'importe quel détail. Les mathématiques sont dangereuses pour votre santé d'esprit. Arrêtez les mathématiques.

KEEP WALKING

Bon, il faut savoir arrêter d'étaler de la confiture avec des grands arpèges de piano,pour se faire plaisir de temps à  autres. Donc on va poser une bonne basse qui bouge bien, une rythmique pour simplets mentaux, un petit clavier avec ce qu'il faut de septième pour avoir des relents de jazz mais pas trop, ça gâche, et de la bonne humeur, ah ça oui, c'est important de la bonne humeur. Bon c'est un peu manichéen mais ça va déchaîner les foules. Enfin je crois. Ce serait marrant. En fait c'est un morceau marrant.

SMOKING

Dans la lignée de Keep Walking, mais beaucoup moins innocent. De l'idée de fumer sa vie, de laisser celle ci se dissiper seconde après seconde en une fumée blanche et dansante. De ce que l'on perd et de ce qu'on y gagne. Ca fait mauvaise philo, encore une fois, je sais. Mais l'idée est là . Fumer, oublier les instants. Rester vierge, pur. Ne rien garder. Ne pas lire le figaro (non, ça va, si on ne peut plus rigoler).Avec une voix insouciante, heureuse de chanter son lent suicide. Et un joli solo à  la fin, parce que le saxophone, monsieur, c'est ça qui fait le jazz (et ses ersatz).

OMBRE

C'est une image plaisante que cette femme qui avance l'air impassible, presque ennuyée, et qui raconte doucement comment elle a voulu arrêter cette vie, se séparer de son ombre. C'est un départ insouciant pris d'un sourire anodin, une mort à  laquelle on s'abandonne d'un pas traînant, léger. C'est un envol sans fanfares ni connards à  chialer partout des grosses larmes qui salissent tout. Une mort qui murmure son nom l'air absente. Ce que je cause bien quand même.

VISAGE D'EBENE

L'avant dernière pièce de ce tout est une prière joyeuse, à  une souffrance coupable. Une idole bâtie sur des secrets colorés. Couleurs diluées. Ce qui est noir et ce qui est blanc, ce genre de trucs manichéens, j'ai du mal. Là , tout est impur, les victimes furent elles bourreaux, y a t'il une justice dans cette souffrance, je ne sais pas vraiment. Peut être que je m'en fous, et que je me passionne à  regarder les impuretés fleurir en quelque beauté surprenantes. Et il y a des pianos qui volent à  la fin, quand les couleurs se brisent.

Yi ha, donc.

Titres joués sur La Grosse Radio

Les Amants De Cristal - Titre diffusé 54 fois depuis le 03/05/2006
Fly Me - Titre diffusé 132 fois depuis le 29/07/2006
Keep Walking - Titre diffusé 30 fois depuis le 04/05/2006