The Answer – Raise a Little Hell

Après quasiment un an passé à arpenter les salles et grands festivals d'Europe, pour défendre leur dernier effort studio New Horizon (2013), les irlandais de The Answer remettent le couvert avec un cinquième album intitulé Raise A Little Hell.

A paraître le 9 mars prochain en Europe, Raise A Little Hell est la seconde galette du groupe distribuée par Napalm Records, et marque un réel retour aux sources pour la formation d'Ulster.

Après la jaquette moderne qui contenait New Horizon, on est cette fois accueilli par un artwork qui ne laisse aucun doute possible : le contenu musical sera profondément ancré dans les années 70. L'illustration peinte par Sebastian Jerke rappelle en effet par son style de nombreux artworks de l'époque, et l'inscription fantaisiste du titre de l'album fleure bon les graphismes du rock psyché anglais et du flower power.

Le premier titre "Long Live The Renegades" confirme ce que laissait présager le packaging. Introduite par l'agréable accent de Cormac Neeson qui compte la mesure et un plan de basse bien énergique, cette première piste est très accrocheuse et met bien en avant la voix puissante du frontman. On sent sur certains plans de guitare que les tournées aux côtés d'AC/DC ont laissé leur empreinte discrète sur le style du groupe.

Vient un peu plus tard avec "Aristocrat" le premier reproche que l'on peut faire a l'album. Si le timbre de voix de Cormac Neeson fait immanquablement penser à Steven Tyler (Aerosmith), cette composition - de qualité au demeurant - rappelle énormément, voire trop, le titre "Eat The Rich" d'Aerosmith. Le riff principal de guitare, le rythme saccadé de la ligne de chant des couplets, la levée avant les refrains sont autant d'éléments que l'oreille associe immédiatement au hit du groupe américain. Même le thème abordé par les paroles, évoquant la richesse et l'aristocratie, est similaire. Sans crier au plagiat, on verra dans "Aristocrat" au mieux un bel hommage à Aerosmith, au pire un titre aux influences inconsciemment trop évidentes. Le morceau contient par ailleurs un remarquable passage instrumental dominé par un harmonica.

"Cigarettes & Regret" nous emmène ensuite dans un tout autre univers. L'influence - beaucoup mieux digérée cette fois-ci - qui ressort par moments est Neil Young, qui ne renierait pas les couplets du morceau. Le refrain déclamé puissamment fera quant à lui sans aucun doute un malheur sur scène, de même que le solo de talk-box, bien senti, qui dynamise la partie centrale du morceau.

A ce stade du disque, on n'est pas préparé à prendre la grosse claque constituée par "Last Days Of Summer", qui débute sur un riff au rythme dédoublé, lourd et groovy au possible, au son quasi-stoner. Cormac est, quant à lui, déchainé et crache ses lignes de chant surpuissantes aux oreilles sidérées de l'auditeur, qui croit entendre l'impressionnant et digne héritier de Robert Plant.  Renversant !

Paul Mahon délivre également un solo imparable, très bien construit, pour ce morceau qui est certainement l'un des plus frappants de l'album, par son aspect lancinant, direct, et brut de décoffrage. Le groupe ne s'y est d'ailleurs pas trompé, puisque "Last Days Of Summers" fait partie des quatre titres de Raise A Little Hell intégrés aux sets des quelques dates à domicile fin décembre 2014.

"Strange Kinda' Nothing", fait retomber la pression, mais se révèle assez dispensable.
Le quartette irlandais relance la machine au moyen "I Am What I Am", avec un refrain taillé pour les stades, que l'on a envie de reprendre en chœur dès la première écoute. Les couplets, bien punchy, voient encore le chanteur évoluer dans un registre proche de celui de Robert Plant, ce qui n'est pas pour nous déplaire.

Survient alors la seconde claque de cet opus de The Answer, intitulée "Whiplash". Le groupe nous prend en effet à revers, avec une intro aux rythmes impairs, dont les arythmies audacieuses déstabilisent l'auditeur tout en le forçant à taper du pied. Le titre adopte un rythme haché, et couple une basse très dynamique à un chant puissant et incisif. Ce titre, peut-être le plus moderne du registre du groupe, se révèle excellent.

On remarque également une trilogie de morceaux qui clôture l'album dans une ambiance très blues américain. "Red" est en effet un bon gros heavy blues, au mid tempo bien lourd, qui par certains aspects sent bon le Chicago des années 60.

"I Am Cured" prend le relai, sur fond de guitares ronflant comme autant d'engins de bikers des états du sud des Etats-Unis, qui seront reprises pendant le refrain et nous feront une fois de plus remuer la tête à coup sûr. Le morceau s'achève après une véritable cavalcade assurée par la section rythmique en soutien du solo de guitare.

Toujours dans cette ambiance sudiste, le titre "Raise A Little Hell" clôt l'album éponyme. Lancinant et sombre, à l'image de "Last Days Of Summer", le morceau fait la part belle aux riffs lents et gras, dont les accents stoner évidents dégagent une atmosphère western, renforcée par une belle intervention à l'harmonica en fin de piste. Juste au moment où l'on craint que le morceau commence à tourner en rond, il s'achève un peu en queue de poisson, ce qui laisse une étrange impression.

Fidèle à son habitude, le groupe a travaillé pour ce cinquième opus avec un cinquième producteur différent, en la personne de Guillermo Maya, ce qui n'a au final pas engendré de grand écart au niveau de la production. On reprochera tout au plus une batterie qui semble s'affaiblir légèrement au fil de l'album, ce qui fait peut-être perdre un peu en énergie. Le symptôme est toutefois très subtil, et ne remet en rien en cause la bonne facture des compositions de la bande irlandaise. Les légères saturations de la voix rappellent délicieusement la chaleur des micros à bande des années 70, en cohérence totale avec la teneur des morceaux.

Au final, on sort de cette écoute d'un peu moins d'une heure avec l'agréable impression d'avoir voyagé 40 ans en arrière, avec une production plus moderne qui offre une nouvelle perception du bon vieux rock qui nous berce depuis notre tendre enfance. On ne peut également s'empêcher de penser que c'est le type d'album qu'auraient pu signer Led Zeppelin s'ils étaient nés dans les années 2000, tâche que The Answer, malgré un ou deux titres plus faibles, réalise avec brio.

Rendez-vous au Divan du Monde (Paris) le 9 avril prochain, et au Hellfest pour entendre ces titres sur scène !

8/10

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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