Heidevolk – Velua

Formation néerlandaise issue d’un pays davantage réputé pour son metal symphonique que pour son pagan, Heidevolk a pourtant réussi à s’affirmer comme l’un des groupes de folk metal qui compte sur la scène internationale. Au même titre qu’Ensiferum, Arkona ou encore Korpiklaani, le sextette s’est fait une place et s’est construit une identité forte, qui se décline depuis plus de dix ans et cinq albums studio, en comptant celui dont il est question aujourd’hui.

Velua reprend les choses en douceur, là où Heidevolk les avait laissées avec Batavi, sorti en 2012. Malgré les départs annoncés de Reamon Bomenbreker et Mark Splintervuyscht, respectivement guitariste et chanteur, les Bataves gardent le même cap avec la présence inévitable de ces éléments si spécifiques à leur musique et qui leur confèrent une identité unique : les paroles presque exclusivement en néerlandais et le chant partagé entre les deux frontmans du groupe. Chose assez rare pour du folk metal, le groupe a décidé de se passer totalement du chant growlé, à quelques exceptions près. Le résultat a quelque chose de presque religieux, grâce à ces paroles scandées par Mark et Lars dans une langue qui nous est pour la plupart inconnue. Avec un peu moins d’une heure de musique, cette généreuse offrande avait donc tout pour ravir le chevelu moyenâgeux qui sommeille en chacun de nous.

L’album commence en fanfare, avec un « Winter Woede » festif et entrainant, qui confirme un parti pris du groupe : pas d’abus d’instruments folks et traditionnels samplés, ce sont bien les six membres et eux seuls qui jouent et envoient des riffs modernes et plutôt bien sentis. L’apport ponctuel du growl donne de la force à la composition, et Rowan Roodbaert a l’occasion de s’illustrer avec un court lead de basse sur ce titre, qui restera l’un des plus marquants de l’album. Parce qu’après…

Heidevolk, 2015, netherland, folk metal, pagan, velua

Force est de constater que Velua souffre d’un manque flagrant de prise de risque. S’il n’y a pas de chanson mauvaise ou complètement ratée, le constat est là : les Néerlandais se reposent bien trop sur leurs lauriers et une linéarité désagréable s’installe progressivement. Un phénomène sans doute dû à la structure des chansons elles-mêmes, qui font toutes à la minute près la même longueur. Un minimum de variété aurait été le bienvenu, d’autant que le groupe s’est déjà aventuré dans des compositions plus longues par le passé.

C’est d’autant plus dommage car si ce triste constat est valable pour l’album dans son ensemble, les chansons prises individuellement sont pour la plupart très bonnes, à l’image de l’éponyme « Velua », de la mélancolique « Urth » où le groupe sort les violons, ou encore « Drankgelag » et ses chœurs guerriers.  D’autres titres surnagent de la masse comme « De vervloekte jacht » ou les accrocheuses « Een met de storm » et « Vinland », portées par le talent indéniable des musiciens. Ces derniers s’éclatent tout au long de l’opus, en particulier la section rythmique qui dynamise l’album de fort belle manière, tout en sachant ralentir quand il le faut, comme sur « Richting de wievenbelter ». Les deux guitaristes Reamon Bomenbreker et Kevin Vruchtbaard sont un peu moins en vue, avec des parties qui manquent un peu de folie et de personnalité pour se distinguer franchement des nombreux groupes de folk/pagan. Ici, bon nombre de riffs renverront directement aux collègues comme Ensiferum, ce qui est un peu dommage.

Heidevolk a donc choisi de ne rien changer du tout à sa formule sur ce nouveau disque et continue de nager dans son univers familier avec un certain talent. Un choix qui ravira certainement les fans qui ne demandent pas plus que de la musique qui appelle à la bière et à la danse autour du feu, mais qui ne respire pas la prise de risque, pour un groupe à présent bien installé. Les Néerlandais maîtrisent leur sujet sur le bout des doigts et réussissent un bon album, mais ils pourraient bien finir pas sérieusement lasser s’ils ne s’en écartent pas plus. 

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NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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