Koritni – Night Goes On for Days


2015 pourrait bien être l'année du renouveau du hard rock. Entre l'excellent Raise A Little Hell de The Answer, et le prochain opus de Airbourne, espéré pour le second semestre, le plus français des groupes de hard rock australien vient ajouter sa pierre à cette renaissance.
Citer ces deux autres groupes n'est pas innocent, tant ce Night Goes On For Days en est , sur le concept, l'hybride parfait. Les plans à la AC/DC modernisés sont légion et font mouche, mais le blues est tout aussi présent, tandis que la voix de Lex Koritni distille un agréable parfum du sud américain des 70s. Départ imminent pour un véritable voyage sur l'asphalte brûlant de la route 66.

Les habitués du groupe seront certes un peu déroutés par ce nouvel effort, qui sans marquer un virage à 180 degrés, constitue malgré tout une nette évolution vis à vis des précédents albums. De nombreux éléments de blues viennent se mêler au son habituel de Koritni, et les guitares acoustiques sont régulièrement de la partie, comme sur "Carrousel", qui semble carrément tiré d'une performance pour la célèbre franchise MTV Unplugged. Ce type de morceau permet à la voix de mieux percer et révéler son timbre, au travers de jolies harmonies.

La guitare acoustique et ses diverse techniques blues (slide, bottleneck) sont également à l'honneur tout au long du claptonien "Little Man", de l'excellent "Woman On Love", ou encore du "Water Of Life" et son introduction "The Mississipi Delta", qui nous plonge au cœur des champs de coton de Django Unchained. Ces pistes sont autant d'occasions d'entendre une version légèrement modernisée des origines du rock et du metal, qui déplaira peut-être à certains fans des Australiens, mais a le mérite de respirer l'authenticité et l'efficacité.

Les plans de guitares, loin d'être tous évidents, sont assez dépouillés et constituent un véritable hommage au blues tel que saurait le faire Eric Sardinas, par exemple. En dehors des morceaux acoustiques, ce sentiment domine aussi un titre comme "Try To Love (A Little Bit)", dont le riff rappelle par instants "It's A Long Way To The Top (If You Wanna Rock'n'Roll"), la voix évoluant bien sûr dans un tout autre registre.

Le boogie rock est également déployé sur le très pêchu "Seal The Deal", dont le riff débridé n'est absolument pas gâché par la ligne de chant convenue mais diablement efficace. Comme de nombreuses pistes de The Night Goes On For Days, le morceau affiche un gros potentiel live, que l'on espère exploité lors de la prochaine tournée.  L’ensemble du disque est ainsi plus posé, et le son est moins lourd, moins moderne que ce à quoi le groupe nous avait habitué.

Ces nouveautés ne se substituent heureusement pas aux éléments caractéristiques du style de Koritni, mais viennent les compléter et apporter plus de variété et de maturité au disque. Les gros riffs propres à la formation sont bien de la partie, et le titre d'ouverture tient à le rappeler : "Horns Up" ouvre le quatrième album d'un groupe de metal, et donne envie de l'écouter à fond les ballons au volant d'un van dans les grands espaces australiens. Les riffs 100% rock australien sont aussi fréquents qu'efficaces, à l'instar de "Waking Up The Neighbours" ou encore "Rock'n'Roll Ain't No Crime".

Ce dernier titre est très réussi, si l'on occulte un refrain un peu trop facile. La structure est pleine d'humour, puisque le frontman Lex Koritni vient déblatérer ses commentaires en milieu de piste. Lorsque un break au tempo dédoublé vient casser la dynamique du morceau, il commente : "Oh non, un titre rock avec un break, mec... C'est cliché ! Écoute, je vais pas raconter mes rêves, donc... On va ralentir encore et je vais chanter un peu de merde de par dessus". Ce second degré est très appréciable, et renforce l'image d'un groupe les pieds sur terre, qui ne se prend pas trop au sérieux.
 


Quelques facilités transparaissent ici ou là, comme sur le titre éponyme "The Night Goes On For Days", qui par sa structure trop téléphonée est lisse sonne trop FM et convenu. On y remarque d'ailleurs sur les couplets que la basse, qui ne saute jamais aux oreilles tout au long de l'album, est réellement en retrait.

C'est d'ailleurs le seul reproche que l'on peut faire à la production, très équilibrée et soignée de bout en bout. On reconnaît bien là la patte de Kevin "Caveman" Shirley (Iron Maiden, Rush, Led Zeppelin, Dream Theater..), qui sait aussi bien s'accommoder des scènes sonores dépouillées que des plus denses. Habitué à travailler dans sa jeunesse avec de nombreux groupes australiens, dont les Angels, Caveman n’a de toute évidence rien perdu de sa compréhension du style propre au pays. Les élément sont tous bien distincts et ne se couvrent quasiment jamais. Les morceaux blues composées de guitares folk et de percussions sommaires sont excellement rendues, et reconstituent à la perfection les ambiances des maîtres originels du genre, la qualité sonore en plus. On regrette simplement quelques passages au rendu trop FM, ce qui ressort probablement d’autant plus que le mix sait donner un caractère rustique à certains morceaux.

L’avis global sur l’album est finalement assez mitigé. Si la première écoute a été très plaisante et de bon augure, il semble ensuite que le disque comprend trop de temps morts. Lorsque l’excellent “Waking up The Neighbours” clôt l’écoute, on a l’étrange impression d’avoir écouté un disque hétéroclyte, constitué de nombreux morceaux blues acoustique encadrés de quelques titres plus pêchus et puissants. Ce n’est pas exactement conforme à la réalité, bien sûr, mais c’est le sentiment qui domine quasi systématiquement. Les compositions n’en sont pas moins très bonnes, mais les fans du groupe pourront être déroutés, s’ils attendent à un opus dans la lignée des précédents. Au moins, on ne pourra pas reprocher à Koritni ce que l’on reproche à certains groupes australiens, à savoir sortir éternellement le même album.

On est en revanche impatients de voir ce que donneront ces titres sur scène, parce qu’ils ont un sacré potentiel !
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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