Deep Purple – Long Beach 1971 (Live)

Depuis 2012, le label Ear Music se fait l’archiviste officiel de Deep Purple, en sortant des albums live des années 70 remasterisés. Si certains sont déjà connus des bootlegers et des fans de la formation britannique, ce Long Beach 1971 fait figure d’inédit. Enregistré le 30 Juillet 1971, au cours d’un concert donné par Deep Purple en première partie de Rod Stewart and the Faces, ce live nous présente la quintessence de ce qu’était le groupe à l’époque. Avec quatre titres pour 70 minutes de musique, composées en grande partie d’improvisations endiablées, on retrouve ici ce qui a fait la force du Mark II dès le début de sa carrière.

Les morceaux interprétés ici ne sont pas les plus emblématiques de la formation. En effet, les « Smoke on the Water », « Highway Star » et consorts n’étaient tout simplement pas composés à l’époque. Deep Purple était d’ailleurs en promotion de son chef d’œuvre In Rock et s’apprêtait à rentrer en studio pour enregistrer Fireball. Mais pas d’inquiétude à avoir, dès « Speed King » on retrouve la fougue qui caractérisait le groupe à l’époque. A peine deux minutes après le début du concert, voila que le groupe se retrouve pris dans une longue jam, fruit de duels entre un Blackmore qui semble possédé et un Jon Lord qui veut avoir son mot à dire.

Ian Paice n’est pas en reste et comme tout au long de sa carrière il oscille entre frappe puissante et rythmique jazzy.  Si Ian Gillan est le moins mis en avant sur l’ensemble des concerts, notamment en raison des nombreuses jam instrumentales, il prouve ici tout son talent de vocaliste, notamment avec le poignant « Child in Time ». Cris habités, puissance et émotion, il donne ainsi une belle leçon à de nombreux vocalistes, d’autant plus que ce concert est brut de décoffrage et n’a fait l’objet d’aucun overdub. Ce morceau est d’autant plus touchant qu’il nous rappelle l’énorme contribution de Jon Lord dans la compositions de pièces plus progressives.

Il faut cependant reconnaître que certaines improvisations lors de « Strange Kind of Woman » ou « Mandrake Root » (long de 27 mn seul incartade du groupe dans son répertoire datant du Mark I) sont un peu bruitistes et témoigne du monopole que Ritchie Blackmore tentait de mettre en place dans la musique du combo. De même, certains duels entre Jon Lord et l’homme à la stratocaster sont un peu longs et ne semblent pas totalement maîtrisés d’un point de vue instrumental. Mais c’est l’essence même du groupe que de se lancer dans des jams à rallonge, quitte à présenter certaines imperfections. Au moins, la prise de risque a toujours été le leitmotiv de la formation.

Il est également amusant de retrouver certains gimmicks propres à la formation en live, notamment ces échanges en question/réponse entre Blackmore et Gillan (à la fin de « Strange Kind of Woman »), que l’on retrouvera sur de nombreux témoignages live, à commencer par le Made in Japan.  De plus, les improvisations sont ponctuées ça et là de thèmes qui seront développés sur des compositions à venir (un passage préfigurant le futur « Highway Star » fait son apparition sur « Mandrake Root », tout comme un riff de clavier sur « Strange Kind of Woman » qui évoque « Lazy »).

Certes, la setlist et les longues improvisations pourront déconcerter les auditeurs qui découvrent le témoignage de ce groupe taillé pour le live. Néanmoins, l’énergie déployée par la formation préfigure ce qui va devenir, un an plus tard, l’un des albums live les plus réussi du rock, Made in Japan (1972). Les fans de Deep Purple retrouveront donc un témoignage live plus qu’intéressant puisque mettant l’accent sur le début de carrière du Mark II. Les néophytes dans le domaine privilégieront plutôt le Copenhagen 1972 de la même série ou le Made in Japan pour retrouver de nombreux titres qui sont désormais devenus intemporels.

 

Photos live : Childintime
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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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