Atrorum – Structurae

 


Les Allemands d’Atrorum forment un duo pratiquant un black metal progressif incluant de nombreuses influences allant de l’électro au folk, en passant par le très pédant terme « d’avantgarde metal ».

vatroS et umbrA sortent donc un troisième album, après une longue pause de neuf ans. En effet, Exhibition date déjà de 2006, même s’il vient de ressortir en version remasterisée limitée à 100 exemplaires numérotés, tout comme le premier album Himmelsstürmer.

Leur signature avec le label Apathia Records semble donc indiquer un véritable retour du groupe.

A la première écoute, on se rend compte que l’agressivité est moins présente et que les morceaux semblent encore plus structurés. Il est vrai que le titre de l’album, Structurae, pouvait le suggérer.

Très franchement, je suis toujours très méfiant envers les projets de black metal « progressifs » / « avantgarde » car au moins avec du black de base bien bourrin et sataniste, on sait à quoi s’attendre ! Une bonne explosion de cervicales dans un rythme saccadé.

Au pire, c’est mou et mal fait, mais bon, la haine s’évacue quand même. Et on passe à autre chose.
Avec ce genre plus expérimental, on peut souvent être déçu par les influences externes, ou pire encore, se rendre compte que le génie musical annoncé n’est pas au rendez-vous.

Atrorum m’a assez rapidement rassuré, avec le premier titre " Menschsein " qui est très dynamique. Par la suite, l’accroche de " Grosse weisse Welt " pourrait faire penser à un de ces nombreux groupes qui pratiquent cet electro-metal grand public typiquement germanique.

En effet, se diriger vers les eaux troubles de l’électro lorsqu’on se range dans la catégorie black metal est un pari risqué.

D’autant plus osé que le morceau suivant commence dans un style que le pire crooner ne renierait pas.

Ouf, le black metal est de retour après quelques secondes seulement.
Et du bon, en plus ! Un mid-tempo de très bon aloi, parsemé de quelques nappes de piano.
Oui, ils ont réussi à faire du crooner/black de qualité avec ce très beau titre qu’est " Amapolas " !

La suite ne déchante pas. Les influences gothiques, avec clavecin et chants lugubres, se distinguent et pour faire encore plus romantique, parfois même avec des dissonances volontaires accentuant le côté malsain de l’œuvre. Ils n’hésitent pas à tenter quelques paroles en français dans le texte. Atrorum semble d’ailleurs polyglotte, car les textes alternent entre l’anglais, l’allemand et le français, mais aussi avec quelques passages en espagnol, grec, latin et même russe.

L’impression d’une certaine grandiloquence raffinée est présente à travers l’album, donnant un côté théâtral très réussi.

L’album se termine avec un court morceau purement electro, sans paroles.

Il est évident qu’avec autant d’influences, on peut facilement tomber sur des sonorités qui ne correspondent pas à ses goûts personnels, mais l’ensemble reste cohérent et structuré.

Cet album nous offre donc un voyage intéressant à travers le monde complexe de la musique, le tout avec une certaine légèreté. La longueur des morceaux ne provoque jamais l’ennui, signe de qualité évidente.

Atrorum est donc sans aucun doute un groupe à découvrir, pour ceux qui aiment les sonorités élaborées, sans jamais verser dans la surenchère et le baroque poussif.

Structurae, sortie le 16 novembre 2015 Apathia Records.

Playlist:
1. Menschsein (5 :19)
2. Große weiße Welt (13:05)
3. Amapolas (8 :03)
4. ΨαλμÏŒς (9 :19)
5. Camouflage (9 :00)
6. Verfugung (6 :41)
7. Équipartition (11 :50)
8. Regnum caelorum (1 :48)
Total : 65:05

 

Thomas Orlanth

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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