Brain Tentacles – Brain Tentacles


Il y a maintenant quelques années que l'on a réussi à nommer l'amas de musique partiellement bruitiste que nous apportait la formation norvégienne Shining : le Blackjazz. Contrairement à ce que l'on aurait pu penser à la montée en succès du groupe, les ersatz sont peu nombreux, et le terrain reste assez inexploré pour l'instant. Si l'apparât black metal reste assez léger et peu prononcé, Brain Tentacles s'essaie à l'exercice d'un nouvel avant-garde entre jazz, metal et expérimentations. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que l'écoute ne laisse pas indifférent.

Y'a de la session cuivre. Qui balance des nappes nauséeuses, voire malsaines, et qui s'accompagne de grosses guitares. On est clairement en terrain inconnu. Ce son, c'est celui de Brain Tentacles. Le trio est composé de membres de Municipal Waste, Yakuza et Keelhaul, formations connues pour souvent s'aventurer au-delà des confinements auquels on les rattache, même si nous sommes ici bien loin de leur zone de confort respective. 

Et c'est d'ailleurs exactement le credo du groupe : l'inconnu. Car une fois le mal-à-l'aise passé, on ne comprend rien à ce qu'il se passe, dans le bon sens du terme. Le saxophone appuyé recouvre puis s'efface au profit des autres instruments, la répétitivité des phrasés les rend envoûtants, et on se retrouve pris dans une spirale inquiétante, qui n'a rien à envier au drone : on ne sait jamais quand on va en sortir, quand la dernière note va nous apporter la libération, et pourtant, on ne veut pas forcément en partir.


Crédit photo : decibelmagazine.com

Les constructions rythmiques sont tout aussi prenantes. Les temps sont appuyés, oppresseurs, on se retrouve en fermant les yeux vers des horizons que Magma eut tenté plus tôt. Du progressif, il y en a, on sent le King Crimson à plein nez, et on y rajoute cette surdose de modernité représenté par le metal actuel. Très peu de parties chantées, pour laisser place à l'instrumental. Seulement, dans cette vague d'opression, peu de variété. Brain Tentacles se répète, peut-être un peu trop, et la redondance qui apporte une ambiance pourtant novatrice finit par lasser.

Un album en demi-teinte, donc. Mais une découverte et une originalité qu'il fait bon de relever tant on est constamment en proie à des émotions fortes. On souhaite au trio de développer sa route pour trouver un équilibre entre ce qu'il essaie de proposer et ce qu'il doit atteindre. En tout cas, s'il devient indigeste vers sa moitié, cet album n'a rien d'un essai niais et maladroit, et est proposé par des musiciens qui n'ont eu aucun mal à se roder. Espérons que ce ne soit pas une simple expérience. 

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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