Ulcerate – Shrines of Paralysis

Trois ans après un excellent album, Vermis, les Néo-zélandais d’Ulcerate sont de retour avec un nouvel opus, Shrines of Paralysis. Si le trio ne modifie pas foncièrement sa recette, à savoir un death metal dissonant et d’une exigence rare, Jamie Saint-Merat et ses acolytes réalisent encore une fois un chef d’œuvre du genre, où le terme de metal extrême prend tout son sens.

Avec « Abrogation » en guise d’ouverture, les amateurs de la musique d’Ulcerate sont en terrain connu. Pourtant, les Néo-Zélandais distillent une nouvelle fois une musique difficile d’accès, entre dissonance, blast-beats et riffs sales fortement influencés par les dernières œuvres de Gorguts. Le chant de Paul Kelland est une fois de plus habité, toujours mixé légèrement en retrait pour une impression d’oppression totalement immersive.

A l’écoute des huit titres qui composent cette galette, on se rend compte du travail de titan effectué sur les ambiances et les textures sonores, où les riffs laissent place à des sons venus d’outre-tombe, tout droit sortis des sentiers sinueux qui caractérisent la bête à trois têtes (« End the Hope », « Chasm of Fire »).

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Une musique labyrinthique s’offre ainsi à l’auditeur, et si Ulcerate semble peu à peu simplifier son propos par rapport à ses précédentes offrandes, le trio se démarque totalement de la scène death metal classique, incorporant ponctuellement quelques touches de black metal. La cohérence de l’œuvre est telle qu’aucun titre ne sort véritablement du lot, l’auditeur se devant d’écouter l’ensemble, magnifiquement exécuté techniquement et émotionnellement (« Chasm of Fire », « Abrogation »). Tout au long de l’album, Jamie Saint-Merat (batterie) démontre ses capacités techniques largement supérieures à la moyenne de ses congénères, à travers des plans lents et subtils puis totalement endiablés. La production plus brute que celle de Vermis et The Destroyers of All colle parfaitement avec la musique du groupe, qui a trouvé le son qui lui convenait le mieux pour s’exprimer totalement.

Abordant tantôt une facette plus atmosphérique totalement envoûtante (le final de « Yield to Naught » ou l’introduction de « There Are No Saviours » sont des exemples flagrants pour illustrer notre propos), tantôt une violence inouïe (« Extinguished Light »), Ulcerate se complait dans des structures toujours complexes et méandriformes sur lesquelles planent les ombres de Gorguts ou Dysrhythmia. En effet, Michael Hoggard (guitare) ne se met jamais en avant techniquement, préférant jouer sur les contrepoints et les harmonies avant-gardistes à grand coup d’harmoniques naturelles. De son côté, Paul Kelland habille le tout avec un son de basse visqueux (« Bow to Spite »), renforçant l’effet d’oppression, d’intensité et de puissance qui se dégage de l’œuvre.

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De telles facultés de compositions ne peuvent provenir que de musiciens totalement en phase les uns avec les autres, parvenant à mélanger leurs univers pour aboutir à une œuvre personnelle, réfléchie et intelligente. Sortant du seul carcan du death metal, Ulcerate se place ainsi en digne héritier de l’œuvre de Gorguts, s’appropriant l’univers torturé de Luc Lemay et allant toujours plus loin dans l’expérimentation entre musiques extrêmes, jazz et progressif (« Shrines of Paralysis »).

Portant bien son nom, paralysant l’auditeur avec une musique toujours hypnotique et intense, Shrines of Paralysis reste dans la lignée de Vermis et des opus précédents du combo néo-zélandais, mais l’écoute attentive de ce cinquième album révèle un groupe en état de grâce, qui transforme tout ce qu’il touche en or…noir, bien évidemment.

Photos promos : DR

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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