Glenn Hughes – Resonate

Difficile de ne pas être envieux devant une carrière telle que celle de Glenn Hughes. En plus d'être le dernier vocaliste de Deep Purple à pouvoir caler toutes les lignes de chant qu'il souhaite et plus encore, le bougre est prolifique comme jamais, et ce en gardant une qualité constante. Si son dernier album studio date de 2008, les groupes affluent sans cesse.

On voit ainsi la naissance de Black Country Communion, sortant pas moins de trois albums en trois ans (et étant à ce jour l'un des meilleurs nouveaux groupes de la décennie, comme si la rencontre des mastodontes Sherinian, Bonham, Bonamassa et Hughes se devait d'être un fait d'histoire), California Breed qui offrira un effort studio, le retour de Phenomena pour une nouvelle galette ambitieuse, et un nouvel album pour Black Country Communion l'année prochaine. Étonnant de voir le bassiste multi-tâches sortir un album solo et le promouvoir en tournée dans un emploi du temps qui ne cesse de se charger. Surtout quand une fois encore, Resonate n'est pas juste un énième album de Glenn Hughes mais un pamphlet rock indispensable.

"Heavy" lance le ton. On est en mode power trio, tout va être lourd, brut, aller droit au but et ne déroger à la règle qu'à de rares moments où prennent place des gimmicks d'orgue et quelques subtils effets. On est devant du gros rock, où la production s'accentue sur la lourdeur des basses et où les compositions sont affûtées pour nous déglinguer l'oreille.

L'atout principal reste une fois encore la voix de Hughes. On se souvient des frissons ressentis lors de son intervention au Celebrating Jon Lord pour une version de "This Time Around" tout bonnement historique, et plus récemment de sa prestation sous le soleil du Hellfest dans un set qui remettait tout chanteur en herbe à sa place. Puissante et capable d'aigus justes et perçants, on n'imagine pas que le chanteur s'apprête à passer la barre des soixante-cinq printemps. Nous offrant par moments les lignes soul qui ne lui posent aucun souci à exécuter, chaque ligne est un régal, magnifiant son timbre sans trop en faire (là où, en live, le bougre a tendance à faire de la surenchère vocale, puisqu'après tout, il le peut).

L'album parvient donc à se diversifier, et s'il reste ancré dans une mouvance rock brut, propose suffisamment de variété pour ne jamais ennuyer l'auditeur, bien au contraire. Sans se renseigner un tant soit peu sur le passif du compositeur, on pourrait aisément faire croire qu'il s'agit là d'un nouveau groupe avec une patate digne de la fougue d'une jeunesse en manque d'hymnes ravageurs, et non celle d'un sexagénaire avec une immense carrière derrière lui. Un disque rock metal comme il y en a peu, qui nous rentre en tête, nous éblouit, et sert de référence. En somme, un disque qui restera dans le temps là où la carrière du bonhomme a déjà son pesant d'or.

Car Glenn Hughes n'a rien à prouver. À vrai dire, il n'a plus rien à prouver depuis Burn, où sa voix divine et son omniprésence scénique faisait passer David Cloverdale pour un choriste et où il réussissait l'exploit de faire disparaître l'ego de Ritchie Blackmore le temps d'un album idyllique. Et pourtant, avec Resonate, il prouve qu'il en a toujours sous le capot, et que si l'on n'arrête pas la machine, on en reparle dans cinq ans, sept albums plus loin. Mais de toute façon, a-t-on vraiment envie que la machine s'arrête ?

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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