Bon Jovi – This House Is Not For Sale

L'Angleterre a Def Leppard, les États Unis ont Bon Jovi. Deux monstres de notoriété qui ont aidé à consolider le fossé entre glam metal et facilités radiophoniques. Deux carrières toujours aussi fructueuses, tant la qualité des albums n'a pas entâché le caractère bankable des formations. Là où la grande majorité des groupes de cette mouvance peine aujourd'hui à remplir des salles en proposant des co-plateaux de plus en plus fournis pour ranimer la nostalgie des porteurs de paillettes et mascara (eux qui les ont lâchés depuis bien longtemps), ces deux-là font comble dans d'immenses salles et en têtes d'affiche de nombreux festivals.

Vous l'aurez compris, le portefeuille de ces deux groupes n'est pas à plaindre, ce qui pourrait leur laisser le temps de se poser en studio pour concocter un album qui mettrait tout le monde d'accord. Et là où Def Leppard fait des sorties que l'on peut clairement qualifier d'anecdotiques, la bande de Joe Elliott préférant vanter ses mérites passés dans des tournées anniversaire qui montrent bien qu'il n'y a pas eu grand chose depuis, Bon Jovi compose. Et s'égare de plus en plus.

Pour nombre de fans, la désuétude a débuté lors de Crush, où le titre "It's My Life", sonnant la nouvelle ère commerciale du groupe, en a dérouté plus d'un, tout en en rameutant bien d'autres. Objectivement, c'est plus compliqué que ça, car quel que soit le nouvel univers du groupe, et ce qu'aimeraient des fans ne permettant souvent aucun changement, on ne saurait reprocher à Bon Jovi de vouloir changer de son pour ne pas être étiqueté, surtout quand la tentative est honnête et ne se moque pas de son public.

Jusqu'à Have A Nice Day, n'en déplaise à certains donc, tout va plutôt bien, et c'est clairement à partir de Lost Highway, en 2007, que le réel déclin musical commence. Entre "You Want To Make A Memory", ballade probablement la plus ridicule de la décennie, et le reste de l'album qui pourrait sembler composé par des ados acnéens en mal d'amour (le refrain de "We Got It Going On" vous apportera vos meilleurs maux de tête), c'est un gouffre qui s'ouvre, dont le groupe n'est pas remonté depuis. Un an seulement après Burning Bridges, le groupe demande-t-il pardon pour un énième mauvais album ?

Visiblement pas. This House Is Not For Sale continue de creuser le méandre du mauvais goût et de la composition hasardeuse, et continue de prendre son audience pour une vache à lait, chose qu'elle est peut-être, au vu du succès une fois encore inconditionnel du groupe. La question qui se posera à chaque introduction ne sera pas des moindres : pourquoi a-t-on l'impression à chaque introduction de morceau d'être devant l'écran générique de Fifa 99 ? Vous nous pardonnerez la référence, mais cet ensoleillement de claviers divers, de choeurs sirupeux et de guitares aussi clair qu'un rossignol de printemps, ça nous y a forcément fait penser. D'autant que pour le coup, on préfère Fatboy Slim.

Tout se ressemble et repose sur la voix bien monotone de Jon Bon Jovi, et il est difficile de cacher son ennui. Surtout quand on sent la fainéantise à chaque note. L'envie n'est clairement pas là et se ressent. Alors on subit les ballades sans ambition et le "rock" (les guillemets sont très importants) qui pourrait être compressé en un seul et même morceau de cinq minutes, soit la durée relative pour ne pas avoir des crises d'impatience en écoutant This House Is Not For Sale.

Surtout, ça pompe, et beaucoup. Ça essaie de ressembler un peu à U2, beaucoup à Coldplay, sans en avoir le panache ou le savoir faire. On vous conseille A Head Full Of Dreams de ces derniers, il y a au moins quelque chose à écouter. Inutile d'avancer le départ de Richie Sambora comme le responsable de cette qualité, c'était parti en vrille quand il était encore là. Bon Jovi n'est plus, ça ne date pas d'hier, et au pire, faites une tournée anniversaire, on vous en voudra pas et au moins, même mal chantés, y'aura de bons morceaux.

On rigolera en regardant Tico Torres se prendre pour Ian Paice, et David Bryan faire croire qu'il a plus de parties à jouer que Dizzy Reed, alors qu'il est tout aussi inutile. Vous trouvez qu'on s'acharne ? C'est Bon Jovi, un groupe qui même en se moquant ouvertement de ce qu'il sort remplira des stades là où il devrait rejoindre les tournées en bateau revival de Cinderella et Hanoi Rocks, où faire de la télé-réalité avec Bret Michaels. Tout cela est bien malhonnête, autant ne pas les épargner. On tient là la daube de fin d'année, celle qu'on peut offrir à Noël à ceux qu'on n'aime pas.

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NOTE DE L'AUTEUR : 2 / 10



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