Moonloop – Devocean


Venu tout droit de Barcelone, le death metal progressif de Moonloop est de retour. La dualité de sa passion pour la beauté des profondeurs sous-marines et la férocité de la faune qui y évolue se retrouve dans ce subtil équilibre entre recherches et évolutions de thèmes musicaux et rigueur technique.

Moonloop présente son deuxième album, cinq ans après Deeply from the Earth. Si à l’époque on découvrait un groupe assimilant assez maladroitement ses influences, l’album avait tout de même reçu un accueil positif, les membres démontrant une grande technicité. On constate avec plaisir que la formation s’est largement donnée le temps d’écrire Devocean. En effet, cinq ans pour composer un album, c’est long, et à moins de le perdre dans un changement de line-up (ce qui n’est pas le cas ici, Moonloop opérant toujours au complet) on peut s’attendre à une meilleure exécution et plus de maturité. Sans changer radicalement le fond, en atteste la pochette et le titre de l’album toujours largement tournés vers la mer, c’est effectivement ce que nous réserve Devocean : des compositions beaucoup plus efficaces et moins déséquilibrées en conservant cette haute précision.

Premier contact avec l’album, le puissant “Megalodon” rassure. La basse très mise en avant claque et dégage une impression de puissance, combinée au jeu de batterie technique de Raúl Payán dont les petites touches de cymbales rappellent par moments franchement celui de Mario Duplantier (Gojira). Comme sur le premier essai Eric Baulenas et les autres vocalistes utilisent occasionnellement la voix claire, mais la plupart des lignes de chant sortent d’un growl profond plus efficace et plus précis. Enfin, les guitares jouent des riffs nettement plus inspirés que par le passé, loin par exemple du cliché “Beginning Of The End”. La production joue cependant un rôle dans cette impression de maturité : là où le précédent effort manquait de basses à tous les niveaux, le fond du spectre est ici bien rempli, fournissant du corps, de la cohérence et de la consistance aux thèmes. Si Moonloop a su digérer une partie de ses influences, la parenté avec Opeth (jusqu’à Watershed) reste évidente sur la majorité des titres dès lors que le registre s'inscrit dans le death. D’autres passages plus calmes sont superbement exécutés, à l’image de ce sublime équilibre guitare sèche/basse durant “Zeal”, tout en nuances et retenue, ou encore l’introduction du plus long titre de cet album, ”Oceans”, culminant à plus de neuf minutes.

Parlons un peu de la durée d’ailleurs, puisqu’avec plus de la moitié des huit titres qui atteignent ou excèdent sept minutes et demie, le risque de redondance est malheureusement bien présent. De plus, les compositions sont riches et assez complexes : plusieurs écoutes seront nécessaires pour en saisir toutes les subtilités. Des soli suffisamment addictifs et réussis pour rester en tête dès la première écoute sont pourtant bien distillés régulièrement dans chaque composition, et la présence de plusieurs refrains accrocheurs permet de relativiser la lourdeur de l'album, mais globalement on constate une certaine tendance à la redite, en dépit du soin évident apporté à Devocean. Entre “Nightmare Gallery” qui répète un dernier couplet sans parvenir à nous convaincre que celui-ci est bien nécessaire, ou encore “Expired Kings”, vraiment trop lent à se mettre en marche, la majorité des compositions se retrouvent inutilement allongées et certains phrasés et riffs complexes finissent par en perdre un peu de leur intérêt.

Devocean est dense, riche et toutes ses compositions sont puissantes. Ceci suffit déjà à faire de ce second opus du groupe barcelonais une recommandation, pour peu que le style death progressif ne vous rebute pas. Quelques défauts de répétition viennent cependant ternir un peu l’écoute, en particulier un allongement manifeste des compositions, déjà bien chargées par ailleurs. Mais restons objectifs, Moonloop ne livre ici que son deuxième album studio : le résultat est satisfaisant. Les cartes sont désormais entre leurs mains pour améliorer encore la formule et prétendre à devenir un grand représentant de la scène death progressif en Europe.

Sortie le 28 avril chez Listenable Records

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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