Gross Reality – Escaping Gravity

De nos jours, parler de thrash avec pertinence et originalité est une mission aussi complexe que celles des musiciens qui se doivent de tenter de renouveler un genre déjà épuisé. Entre les groupes qui ne font que formater la même recette, se disant que les adeptes des vestes à patch ont juste envie que ça tabasse peu importe la qualité du riff, et ceux qui ont mêlé leurs genres, évoluant vers un heavy leur permettant plus de nuances mais qui, lui aussi commence à arriver au bout de son ambition: le style pourtant ravageur est peut-être en train de vivre ces dernières moutures. Il y en aura encore à foison, mais tout semblera réchauffé. Pourtant, il y a de ces groupes qui arrivent encore à proposer, à imposer des fusions intéressantes et, pour le coup, originales. Gross Reality est de ceux-ci.

En effet, il fait bon de se faire fermer son clapet lorsque l'on prétend qu'on ne trouvera pas de "relève" digne de ce nom. Et évidemment, pour que cette dernière soit complète, elle ne peut pas réellement proposer le style évoqué mais le moduler, casser ses codes pour pouvoir l'envoyer plus loin. Ainsi, limiter Gross Reality au thrash, comme le groupe se vend d'ailleurs lui-même, serait une bien belle erreur. Si l'on s'arrête au titre que le groupe propose en avant-première, l'impression pourrait cependant être un gros écran de fumée pouvant vous faire passer à côté d'un album bien plus varié qu'il n'y paraît.

"Zero Day" sera donc sous l'apanage du thrash classique, et les amateurs ne pourront qu'être ravis tant ce dernier est efficace. La rapidité d'exécution est sans équivoque, et les similitudes avec "Deadlock" d'Annihilator, présent sur l'album Feast, montre que le groupe ne se moque pas de ses influences. D'ailleurs, autant que la musicalité nous y fait penser, la voix de Daniel Powell est tellement proche de celle de Dave Padden que l'on pourrait croire que ce dernier, après avoir été évincé de la machine à albums de Jeff Waters, est allé monter sa propre formation à côté. Des similitudes qui ne se ressentent qu'en abord, puisque le groupe dévoile très rapidement une identité propre. On sera d'ailleurs impressionné de voir qu'un simple trio puisse sortir une telle puissance, et d'écouter des musiciens tout simplement excellents.

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Une fois sorti des quelques titres estampillés thrash qui se tiendront sur une structure convenue bien qu'efficace, on devient à même de découvrir l'autre aspect du groupe, qui suscite pour le coup plus d'intérêt sans faire une quelconque ombre au côté plus classique. L'exemple parfait sera sur "Invitation", qui comme son nom l'indique, présentera les autres titres comme un voyage. Plus axé vers un heavy tourné vers une ambiance plus sombre, le groupe développe, mêle toujours son thrash et sa rapidité à des mélodies plus poussées, plus environnantes. Il ne sera pas anodin de penser sur ce titre à quelques gimmicks d'Avenged Sevenfold (pourtant clairement antinomiques du thrash, tant dans les influences que dans la vision que peuvent en avoir les fans respectifs des deux genres), et les questions réponses au niveau des voix peuvent faire penser à du metalcore.

Gross Reality arrive surtout à pondre un album varié, qui part dans pas mal de sens sans jamais sortir d'une certaine cohérence, et ouvre la voie sur l'unique façon dont les groupes de thrash pourront arriver à redorer un certain intérêt pour leur musique : mêler les genres. On ne le dira jamais assez, l'avenir musical ne peut se passer qu'en dehors des carcans et par la fusion. 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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