Perihelion – Örveny

En musique, sorti de l’inénarrable festival du Sziget, la Hongrie fait rarement parler d’elle. Ce pays donne pourtant naissance à des artistes qui mériteraient de traverser les frontières. La preuve avec Perihelion, qui sort en novembre un réjouissant troisième album de post metal.

Il est un secret que les Hongrois gardent jalousement pour eux depuis 2014, mais que l’altruisme devrait les inciter à partager. Il se nomme Perihelion et rassemble quatre musiciens qui pratiquent un metal parcourant des paysages psychédéliques.

Örveny, leur troisième album (ou deuxième, ou quatrième, ou sixième, le groupe ayant déjà œuvré sous d’autres noms), part plutôt dans les contrées du post-metal. Une des grandes originalités (vu de France en tous cas) est que le groupe chante en hongrois. Le dépaysement est donc garanti avec des titres tous plus imprononçables les uns que les autres. Essayez de dire "Kihalt eÌgi FolyosoÌk" sans avoir été bénévole au Sziget !

Pourtant, ce titre d’ouverture donne irrémédiablement envie de chanter. Ça démarre pied au plancher, c’est direct, on entend bien les guitares sans qu’elles soient spécialement mises en avant, les musiciens font leur taf sans que ce soit renversant. Le timbre du chanteur et guitariste Gyula Vasvári possède juste assez de personnalité pour faire dresser l’oreille. L’ensemble est accrocheur, sobre et efficace.

La voix de Gyula Vasvári instaure par moments une ambiance assez lourde, comme sur "BolyongoÌ", où il est secondé par des guitares à l’honneur sur un rythme assez rapide. D’autres titres, plus lents, se font assez oppressants, tels que "Fényt !" L’introduction, lente et envoûtante, puis les arrangements bruts sur la voix puissante du chanteur semblent vouloir nous faire plonger dans les eaux noires du Styx. Ce morceau est presque une musique de film, film que l’on poursuit avec le vénéneux "Örveny". Le genre de titre parfait à écouter de nuit au bord d’un lac désert ou dans une forêt bruissant de mille rumeurs vaguement angoissantes. Les morceaux savent aussi se faire aériens et légers sur certains passages de "Romokon" ou "EÌbredoÌ‹ TaÌj", qui instaurent plusieurs ambiances différentes au sein de la même chanson.
 

L’album est une excellente entrée en matière dans la discographie des Magyars : c’est direct, accrocheur, bien exécuté sans être révolutionnaire techniquement. Le groupe possède une vraie identité qui parvient à le distinguer de tout ce que le monde du rock compte de post metal, post hardcore et post-apocalyptique. L’exotisme de la langue, à laquelle nos contrées sont peu habituées, apporte évidemment une plus-value intéressante, mais les mélodies et le chant possèdent également une originalité intrinsèque, des motifs et des enchaînements que l’on entend peu dans ce type de musique.

Les Hongrois réussissent à convaincre aussi bien sur les titres rapides, simples et sans fioritures, que sur les morceaux plus lents qui distillent une ambiance troublante. Le disque est pourtant un changement important par rapport à leurs deux premiers opus : ceux-ci, tout en possédant déjà un côté planant et psychédélique, étaient nettement plus axés sur le black metal. Les vestiges de ce passé se retrouvent à l’occasion dans Örveny, quand le chanteur délaisse le chant clair pour s’adonner au scream.

On ne saurait donc trop vous conseiller d’aller respirer l’atmosphère d’Örveny, puis d’aller vous frotter aux premiers albums plus rugueux de Perihelion !

Sortie le 10 novembre 2017 chez Apathia Records

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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