Auri – Auri

"Un album solo est la dernière chose que je voulais faire [...]. Je n’ai pas du tout l’ambition de démarrer une carrière solo et l’idée de sortir un album avec le nom Tuomas Holopainen sur la pochette ne me plaisait pas." Tels étaient les mots recueillis par notre collègue de La Grosse Radio en 2014 pour la sortie de Music Inspired by the Life and Times of Scrooge. Beaucoup croyaient alors que Tuomas ne tenterait plus l’expérience, et que Nightwish serait le dernier rempart sur lequel se raccrocher si vous vouliez entendre les sonorités du compositeur finlandais.

Erreur…Car trois ans plus tôt, une composition, une certaine "Aphrodite Rising" avait déjà vu le jour dans l’esprit de Troy Donockley, et durant les années qui suivirent, les deux amis réfléchirent au meilleur moment pour faire graviter d’autres musiques autour de cette dernière. Finalement, en janvier de l'année 2018, "le moment était venu" de présenter ce projet, maintenant bien réel : Auri.

Ne cherchez pas de traduction: vous n’en trouverez pas. Dans la récente interview vidéo postée par La Grosse Radio, Troy Donockley nous apprenait que plein de significations personnelles se combinaient pour donner naissance à ce groupe.

"The Space Between", entrée en matière de cet album, place les pions sur l’échiquier: des sons proches du pagan, une mélodie teintée d’effets électroniques et la voix de Johanna Kurkela, épouse de Tuomas, pour englober tout ceci dans une atmosphère onirique: oui, nous sommes bien loin de ce que présente Nightwish habituellement. En cause ? Ce n’est pas Nightwish, c’est Auri.

Un fil rouge sur lequel s’appuyer, des solos et des chants venus d’ailleurs: les morceaux se succèdent dans une ambiance riche et variée, faisant voyager, faisant appel à vos facultés auditives et sensorielles les plus cachées. Vient alors "Desert Flower", une balade où le meilleur des trois artistes se réunit pour livrer un des morceaux les plus réussis sur cet album. Le violon est indéniablement un instrument qui emporte, surtout quand il s’agit d’un solo naviguant sur le duo de timbre vocal Kurkela-Donockley.

Pas de guitares saturées, pas de riffs endiablés. Il s’agit là d’un album plus proche de l’orchestration que du heavy. Il est d’ailleurs plaisant de voir combien le chant de Troy est utilisé sur cet opus, avec des parties chantées bien plus basses qu’à l’accoutumée. Les textes, en revanche, restent bien dans l’esprit de ce à quoi Holopainen nous a habitué : l’innocence, l’enfance, la mort, la vie, …

Il est évident que les comparaisons se font nombreuses dans votre esprit, ne serait-ce qu’avec le travail déjà effectué sur Music Inspired by the Life and Times of Scrooge. Pourtant, l’immensité donnée par les orchestrations de Pip Williams, habituelle baguette dans les mains de Tuomas, est à des années-lumières. Une grande intimité se dégage de chaque morceau, un véritable travail d’approche et d’humanité se dégage de cet album. Certains titres semblent même s’adresser directement à l’auditeur. Troy est en face-à-face avec vous, Johanna vous raconte une histoire peu de temps avant de dormir… Et même si le sommeil tarde à venir, vous ressentez cette marque de fabrique, une magie unique et inimitable, signée made in Finland.

L’album n’est pas sans défaut, livrant parfois des titres aux thèmes trop variés, ou trop éloignés de ce fameux fil conducteur pour faire partie du canon de Auri. Les inspirations sont, quant à elles, très nombreuses, avec un côté celtique que l'on doit à Troy et ses différents instruments irlandais. Là où celui-ci se distingue est dans la prise de risque, le lâcher prise sur les obligations de faire plaisir, et la prise de conscience des artistes de se faire plaisir avant tout, de composer et de jouer une musique qui leur plaît, et qui ajoute de la valeur à chaque composition.

C'est un vrai voyage, passant d'une rare douceur avec "Night 13" à une escale en terre ensoleillée avec "See", aux percussions et à l'orchestration remarquable. Puis on atteint une nouvelle frontière avec " Them Thar Chanterelles", un OVNI musical, plus proche de Imaginaerum cette fois (oui, les influences de Nightwish sont tout de même présentes), avec une fascinante plongée dans l'univers de Alice Au Pays Des Merveilles ou toute autre histoire sortie d'un esprit passionné par ces fantasies qui ont bercées notre enfance. 

Passé ces détails, qui font de Auri une œuvre imparfaite mais unique, on retiendra cette volonté de passer à autre chose, ou de revenir aux sources. Une sorte de préparation à un "après Nightwish", même s’ils disent le contraire, car toutes les bonnes choses ont une fin…

 

Sorti le 23 mars 2018 via Nuclear Blast

 

1 - The Space Between 4:58
2 - I Hope Your World Is Kind 5:00
3 - Skeleton Tree 4:17
4 - Desert Flower 6:01
5 - Night 13 4:22
6 - See 5:11
7 - The Name Of The Wind 3:48
8 - Aphrodite Rising 5:31
9 - Savant 4:25
10 - Underthing Solstice 7:06
11 - Them Thar Chanterelles (feat. Liquor in the Well) 5:21 
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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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