Pelagos – Revolve


Voyager dans des univers oniriques, voguer sur les océans et s’aventurer en eaux troubles, c’est ce que proposent les Finlandais de Pelagos avec leur premier album, Revolve. Celui-ci fait suite à une poignée d’EP et de singles parus en 2015, et embarque les auditeurs dans un univers progressif navigant entre sons futuristes et mélodies antiques.

Une nuit agitée. Des montagnes au loin qui ne dépareilleraient pas dans le Mordor. Des nuages s’amoncellent mais laissent voir un immense poisson qui jaillit du ciel pour tenter d’avaler la lune, tandis que plus bas, d’étranges créatures mi-hommes mi-hiboux (des hiboux garous ?) prennent leur envol. Il n’est pas systématique que la pochette d’un premier album soit aussi marquante, pourtant, avant même d’avoir commencé à écouter Revolve, Pelagos a déjà commencé à nous faire glisser dans son univers onirique, tour à tour lumineux et tourmenté.
 


Une fois embarqué dans l’album lui-même, l’auditeur part à l’aventure dans des univers toujours très planants, passant d’une ambiance à l’autre, mais toujours en apesanteur. Le premier morceau, "Code", se construit autour d’une voix à la réverbération métallique, presque vocodée, et de machines multipliant des sons industriels, l’ensemble conférant au morceau un aspect de bande-son de film futuriste. C’est extrêmement lent, presque contemplatif, et seuls quelques arpèges de guitare viennent donner un peu d’humanité, jusqu’à un break en milieu de morceau, à partir duquel les guitares, la basse et la batterie peuvent alors se frayer un chemin dans ce fracas métallique pour donner un peu de chair à cet univers.
 


Changement de cap avec le morceau suivant, "River (Proxima Centauri)", au tempo toujours lent, dans lequel la guitare, électrique mais extrêmement douce, semble mener l’auditeur en balade dans une barque au milieu d’un lac. La voix du chanteur sonne moins métallique mais résonne toujours comme si elle provenait d’un écho. "Close your eyes and fall asleep" (Ferme les yeux et endors-toi) enjoint-il. L’album fait effectivement l’effet d’un très long rêve voguant d’une scène à l’autre, mais qui conserverait une cohérence insaisissale hors de celui-ci

Si le groupe aime les univers distincts d’un morceau à l’autre, le disque conserve cependant une grande homogénéité. Le tempo reste lent d’un bout à l’autre du disque, ce qui n’empêche pas certains passages épiques (sur "Embryo" notamment). La très forte présence de breaks et changements de rythmes au milieu des morceaux contribue également ironiquement à l’unité de l’ensemble.
 


La voix du chanteur est toujours accompagnée d’effets qui renforcent le sentiment d’irréel, même s’il assure tout de même assez de variations pour ne pas sombrer dans la monotonie, passant d’un chant relativement aigu dans les premiers titres à quelques passages très graves du plus bel effet, notamment sur "Invisible" ou "Sea of Tranquility". La guitare, jamais saturée, la basse et la batterie assurent un fil conducteur, mais ce sont les innombrables claviers et machines qui donnent du relief aux chansons.

Sur ses réseaux, le trio, composé de Teemu Elo, Petri Hagner et Janne Peltomäki, présente son œuvre comme une balade en mer Méditerranée, le terme pelagos lui-même désignant les espèces aquatiques vivant le plus près de la surface de la mer. Si la sensation de voguer sur les flots est très présente, certains morceaux nous transportent effectivement plus précisément sur les rives grecques, turques ou égyptiennes, que ce soit grâce à la présence d’instruments organiques (percussions, flûtes, instruments à cordes qui apportent un complément bienvenu au travail des claviers) ou à l’utilisation de mélodies évocatrices des quatre coins du bassin méditerranéen.
 


Si certains morceaux se démarquent un peu plus que les autres ("Code", "Invisible", "Muted Stars", "Embryo"), tous sont ciselés pour présenter un résultat unique. Les morceaux évoquent des influences multiples, tour à tour les musiques traditionnelles méditerranéennes, le rock industriel, la cold wave, Dire Straits, Pink Floyd, les White Lies, voire les passages les plus planants de Muse ou Linkin Park, mais réussissent à imposer une identité propre. La déception arrive peut-être au moment de toucher de nouveau terre, mais la traversée valait assurément le détour.

Tracklist
Code
River (Proxima Centauri)
Island of Pelicans
Aphrodite's Shore
Sea of Tranquility
Muted Stars
Embryo

Sortie le 8 juin chez Svart Records

Plus d'infos sur le groupe

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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