Tremonti – A Dying Machine

Il y a manifestement une vie en dehors d'Alter Bridge, car depuis quelques années, le projet solo de son guitariste Mark Tremonti monte en puissance, au point que ses sorties deviennent au moins autant attendues que celles du groupe de Myles Kennedy, et ce encore plus depuis la parution du diptyque Cauterize/Dust. Celui-ci avait frappé très fort, trouvant le parfait équilibre entre force de frappe nécessaire à tout album de heavy qui se respecte et mélodies marquantes. Autant dire qu'A Dying Machine était attendu avec sérénité, tant son compositeur semble dans une dynamique favorable.

Pour la première fois, Tremonti délivre un album conceptuel, aux contours basés sur une fiction, celle d'êtres synthétiques considérés comme des machines à part entière et donc dépourvus d'émotions, mais qui pourtant ressentent tristesse, douleur, empathie... et doivent coexister avec l'Homme. Une ambitieuse fresque quelque peu difficile à saisir complètement, qui se voit néanmoins complétée d'un roman que Mark a co-écrit avec l'auteur John Shirley, élément probablement indispensable pour qui aimerait comprendre un peu mieux le voyage proposé par le musicien.

Voilà pour la petite histoire. Mais musicalement, qu'en est-il? Sur ce point, A Dying Machine n'est pas une révolution, mais évolue plutôt dans le sillon de ce que son chef-d'orchestre a pu nous montrer sur son dernier disque, tout en distillant intelligemment quelques nouveautés. "Bringer Of War" n'en est par contre pas le meilleur exemple : ce morceau d'ouverture défile sans accrocher, principalement à cause de son refrain téléphoné qui tombe à l'eau. Il nous rassure toutefois sur la capacité de Mark à pondre ces riffs ciselés dont il a le secret, un peu à la manière d'un certain James Hetfield. Évidemment, les influences de son groupe principal se font parfois ressentir, sans jamais que son aventure solo ne se transforme en ersatz d'Alter Bridge.

C'est par la suite que l'Américain sort ses meilleures cartouches. "From The Sky" possède une facette aérienne qui apporte un véritable vent de fraîcheur au propos parfois compact de l'ensemble, sentiment renforcé par une production en béton armé. Au rayon des - belles -  surprises, impossible de passer à côté du final constitué de "Desolation" et "Found". La première, une pièce acoustique sombre et élégante, monte progressivement en puissance sur sa deuxième partie aux termes d'un somptueux break, où le solo de Tremonti est au service de la mélodie centrale. "Found" est quant à elle une outro intriguante, sorte de bruitage électro-futuriste de moins de quatre minutes réussi et dérangeant à la fois, qui aurait d'ailleurs pu tout aussi bien ouvrir l'opus.

Concernant le line-up, en plus du principal intéressé, nous retrouvons Garrett Whitlock à la batterie et Eric Friedman à la basse, ce dernier s'occupant également des chœurs et de certaines parties de guitares. Exit Wolfgang Van Halen au poste donc, qui a quitté le navire en 2017. La palette d'émotions que transmet Mark avec sa voix impressionne encore une fois, semblant aussi à l'aise dans la torpeur ("Throw Them To The Lions") que dans la retenue ("The First, The Last", "Desolation").

Peut-être légèrement plus difficile à appréhender que son prédécesseur direct, A Dying Machine révèle tous ses atouts au bout de plusieurs écoutes attentives. Violent, catchy, beau, planant, étrange, voilà autant de qualificatifs qui, s'ils semblent à première vue antagonistes, coexistent merveilleusement bien au sein de l'opus.

Le choix de remplir au maximum ce dernier avec quatorze titres n'est toutefois pas le plus judicieux, car avec plus d'une heure de musique, certains moments tabassent un peu à vide ou donnent un sentiment de déjà entendu, à l'instar de "When The Legions Burns", une chanson stéréotypée même si elle offre un bon refrain. La ballade "As The Silence Becomes Me" traîne également en longueur, handicapée par sa nonchalance qui invite plus à l'endormissement qu'autre chose.

Si la bande devra donc faire plus concis la prochaine fois pour gagner en impact, ces quelques petites zones d'ombres sont toutefois loin de venir ternir l'ensemble. Mark Tremonti ne faiblit pas, et nous délivre un album inspiré et à la hauteur de ce que l'on peut attendre de ce guitariste et compositeur hors-pair. Si vous ne connaissez pas encore son œuvre, A Dying Machine est une formidable occasion de rattraper votre erreur. 

Tracklist : 

Bringer Of War
From The Sky
A Dying Machine
Trust
Throw Them To The Lions
Make It Hurt
Traipse
The First The Last
A Lot Like Sin
The Day When Legions Burned
As The Silence Becomes Me
Take You With Me
Desolation
Found

Sorti le 8 juin 2018 chez Napalm Records

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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