Elvin Road – Fade To Dark


Avec son troisième album, le projet parisien Elvin Road invite à un périple musical semblant illustrer différentes scénettes cinématographiques. Proposant un cocktail mêlant electro, metal, progressif ou post-rock, Fade To Dark plaira aux mélomanes éclectiques les plus cinéphiles mais aussi aux amateurs du septième art qui aiment les musiques variées.


« Your pleasure, your dreams, your nightmares »
 

Une chose à préciser : Elvin Road ne conviendra peut-être qu’aux oreilles métalliques aux goûts les plus divers et aimant parfois écouter autre chose que du riff costaud ou de la moshpart endiablée.  
En effet, le projet initié par Antoine Saison depuis 2006 peut attirer ceux et celles qui ne crachent pas sur les dernières productions d’Anathema ou aiment se déhancher sur de la synthwave par exemple.

Elvin Road n’est donc ni un groupe de metal, ni un groupe de rock ou d’electro, il est un peu tout cela à la fois. Comme si toutes les bonnes musiques s’étaient mises au diapason pour composer la bande-son imaginaire d’un long métrage. Il s’agit à la base d’un projet solo voyant la participation de plusieurs musiciens se complétant pour développer un univers musical aussi très influencé par de nombreuses références cinématographiques (de William Friedkin à Spielberg en passant par Michael Mann).

Après Monsters (2010) (chroniqué sur La Grosse Radio) et Intersections (2006) est donc sorti en décembre 2017 Fade To Dark, troisième long format du bébé d’Antoine qui a déjà fait parler de lui aussi bien dans la presse musicale que cinématographique. Le titre de l’album est un clin d’œil à l’expression anglo-saxone fade to black désignant ce que l’on appelle au cinéma plus communément un fondu.
La pochette énigmatique quant à elle veut évoquer chez chacun divers fantasmes cinématographiques. 

Sur cet album l’initiateur du projet s’est encore entouré de beau monde puisqu’outre le batteur Aurélien Ouzoulias (qui a joué avec Satan Jokers, Mörglbl, Bumblefoot et Paul Gilbert entre autres) nous pouvons aussi entendre les performances de Harbin Hoxhaj au chant ainsi que Stéphane Houeix qui s’est occupé de la guitare et des programmations, le bassiste jazz-rock Youen Audran venant compléter la formation. A noter aussi que certains titres, en l’occurrence « Glances Crossed », « Riptide », « Black Lotus » et « White Plague », ont déjà été édités sur un sampler (qui a d'ailleurs eu l'honneur d'être reçu entre les mains de John Carpenter) paru en 2016 et sont présentés ici dans des versions remaniées.
Signalons aussi que "On The Shore" a déjà été diffusé sur les ondes de La Grosse Radio Rock durant trois mois.


Avant d’évoquer la musique d’Elvin Road précisons qu’Antoine Saison a voulu faire de chaque plage un mini-récit illustrant un thème, ce qui donne parfois de jolis jeux de mots comme « Fakebook » qui dénonce l’abus de réseaux sociaux, « Beverly Hell Shopping » qui évoque une jeune femme descendant dans l’enfer de la surconsommation. « Glances Crossed » quant à elle relate une histoire d’amour qui part d’un coup de foudre avec les différentes étapes qui le composent.

L’impression d’écouter une bande originale nous prend dès le début de « Trailer » qui ouvre l’album avec une courte mélodie (dont on peut entendre les mêmes tonalités à la fin de « Fakebook ») renvoyant à l’âge d’or du muet. Pour le reste ce titre définit parfaitement le style Elvin Road : une musique electro au premier abord minimaliste se mêlant à des instruments organiques et au côté hypnotique nous donnant la sensation d’entamer un road trip nocturne. 

Ce « groove crépusculaire » (pour reprendre les termes qu’aime employer le compositeur principal pour décrire sa musique) se décline sur des morceaux, majoritairement instrumentaux, sonnant assez indus comme le martial « Riptide » aux guitares proches de KMFDM et qui évoque un futur inquiétant à la Blade Runner ou Bienvenue à Gattaca. Des ambiances oppressantes que l’on retrouve aussi sur « Shadow Company », ou « White Plague » qui lui renvoie à Laibach.


On pense de même à Nine Inch Nails sur le très prenant "Riptide" avec son electro froide et martiale mêlée aux guitares dopées et à la mélancolie insomniaque, ou à New Order sur « Fakebook » qui vire même un peu metal progressif symphonique sur sa deuxième partie. « Beverly Hell Shopping » lui sous ses sonorités electro indus et avec sa basse bien mise en avant possède un feeling plus post-rock.



Dans ce registre justement évoquons aussi « Chronos », superbe ballade interprétée avec émotion par Harbin Hoxhaj qui évoque le temps qui passe et qui sonne comme le meilleur de Sigur Rós, sans le chant en islandais. Autre ballade sur laquelle le vocaliste fait aussi des merveilles « On The Shore » fait planer comme le meilleur d’Anathema ou Steven Wilson avant un break heavy bienvenu. Une touche progressive que l’on retrouve aussi sur l’atmosphérique « Rescue » par ailleurs tandis que le court « Timelapser » nous démontre les talents de pianiste d’Antoine. Attardons-nous cependant sur un des plus beaux moments de Fade To Dark, en l’occurrence « Black Lotus » et sa mélodie aux sonorités asiatiques rappelant la bande originale composée par RyŠ«ichi Sakamoto pour le film Merry Christmas Mr. Lawrence, cette plage sonne comme une véritable invitation au voyage.

En attendant d’être décliné sur scène avec des projections (forcément) d’ici la fin de l’année, ce troisième album de Elvin Road mérite que l’on lui donne toute son attention.
Lorsqu’Elvin vous propose de prendre la route avec lui on a de quoi ne pas être déçu du trajet en tout cas.


Liste des titres :

1. « Trailer »
2. « Glances Crossed »
3. « Chronos »
4. « Riptide »
5. « Black Lotus »
6. « On The Shore »
7. « Timelapser »
8. « Fakebook »
9. « Rescue »
10. « Beverly Hell Shopping »
11. « Shadow Company »
12. « White Plague »

Sorti en décembre 2017 sur Road Pictures et édité en format physique (CD digipack édition limitée), avec un nouveau travail sur le son, en septembre-octobre 2018
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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