The Algorithm – Compiler Optimization Techniques

Il faut se rendre à l'évidence : la French touch electro et les années 80s ont le vent en poupe. Mais alors que viennent faire ces termes sur le site de La Grosse Radio Metal qui ne chronique pas du David Guetta et du Indochine ? Tout simplement parce que le nouvel album de The Algorithm est sorti et qu'il mêle habilement les références citées plus haut et le metal progressif/djent. Comment cela est-ce possible? On vous emmène faire un petit tour dans le monde complètement fou de Rémi Gallego, créateur du metal du XXIIème siècle et de son album "Compiler Optimization Techniques" sorti le 2 novembre 2018 en autoproduction.

The Algorithm, Compiler Optimization Techniques, Rémi Gallego, Boucle Infinie

The Algorithm n'est pas un groupe, c'est un homme : Rémi Gallego qui s'occupe de tout, sauf de la batterie en live : il n'a pas dix-huit bras non plus, hein. De son cerveau sort depuis 2010, date de son premier EP Identity, un metal djent complètement fou qui penche vers l'electro et la darksynth... ou serait-ce l'inverse ? Pour ceux qui seraient perdus dans toutes ces catégories metal et encore plus dans la techno, imaginez que vous écoutez une chanson de Periphery et que votre ordinateur se mette à buguer. C'est assez réducteur, mais il faut retenir ceci : écouter un album de The Algorithm, c'est s'exposer à des riffs de guitare technique, une rythmique qui oscille entre blast beats et boîte à rythme et des synthétiseurs de partout.

The Algorithm, Compiler Optimization Techniques, Rémi Gallego, Boucle Infinie

Pour les connaisseurs qui pensent que The Algorithm tourne en rond, un pléonasme vu le nom du groupe, il n'en est rien sur ce nouvel album. Depuis trois albums, Rémi nous propose des CDs comportant une dizaine de morceaux qui ne dépassent presque jamais les six minutes. Première surprise pour Compiler Optimization Techniques, il n'y a que cinq pistes. Pas la peine de crier à l'arnaque puisque l'album dure 45 minutes. Pour remplir cette galette, il faut bien que les morceaux soient plus longs et donc plus prog et moins techno. Bonne nouvelle donc pour les fans de titres qui laissent plus de place aux changements d'atmosphère. Si vous n'aimez pas le côté répétitif de l'électro, vous serez servis. Car oui, on assiste à un enchaînement de riffs, de loops, de samples divers et variés, le tout de façon fluide. On se retrouve au milieu d'un morceau avec un thème totalement différent du début sans avoir eu l'impression d'une cassure. Tout est fluide et contrairement aux autres albums, il y a moins ce côté aléatoire et glitché.

Il serait quand même réducteur de dire que The Algorithm fait du Perturbator djent ou du Meshuggah electro car Rémi Gallego propose différentes ambiances : une petite incursion dans le black metal avec ses blast beats ainsi qu'un côté Super Mario sous ecsta sur "Binary Space", des ambiances cinématiques futuristes proche des dernières productions de Hans Zimmer ou de Jean Michel Jarre sur "Sentinel Mode" ou encore un petit passage par le trip hop avec "Fragmentation". Bref, on ne s'ennuie pas.

Malheureusement, ce côté "25 riffs à la minute" peut rebuter l'auditeur qui, en l'absence d'une mélodie principale un peu catchy, ne retiendra pas grand chose à la première écoute. Le morceaux le plus digeste à la première écoute est "Fragmentation" qui offre une respiration bienvenue après un "Cluster". Ce dernier déroule ses riffs telle une mitraillette pendant douze minutes en passant par tous les styles cités plus haut. "Sentinel Mode" fait également du bien avec un semblant de mélodie qu'on se surprendra à siffler une fois l'album écouté une demi-douzaine de fois. L'album demande donc du temps pour être digérer, intégré et pour qu'il laisse une trace musicale.

Pour le reste il faut simplement se laisser porter par le voyage et l'extraordinaire technique déployée car, oui, c'est de l'electro mais on est loin du cliché du DJ aux cheveux longs qui compose de la musique avec une seule note. The Algorithm a su intégrer la complexité des riffs et des rythmiques du djent et du mathcore et ce groupe constitue sûrement une bonne porte d'entrée pour faire découvrir l'électro aux metalleux ou l'inverse. Cet aspect metal apporte aussi un côté plus humain avec un travail impressionnant sur la batterie et la guitare. Tout ceci est contrebalancé par une profusion d'instruments électroniques tels que des boîtes à rythmes ou des synthétiseurs avec arpégiateurs. Alors certes, ces objets font parfois peur car ils sont synonymes de froideur et de déshumanisation mais le génie de Rémi est de mélanger ces différentes sonorités avec des claviers plus chauds et des basses profondes pour donner une musique plus aérienne.

La force de The Algorithm est d'apporter un peu de fraîcheur dans cette tendance à mettre des années 80, du synthé digital et de l'électro partout sans vraiment digérer la chose (suivez mon regard aMUSEé se dirigeant vers Teignmouth). Pont entre deux mondes exigeants et souvent élitistes, The Algorithm met tout le monde d'accord même si cet album plaira plus aux adeptes du metal extrême progressif que du mathcore ou du djent.

L'album est disponible depuis le 2 novembre en autoproduction ici.

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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