Children Of Bodom – Hexed

"This album's gonna kill you"


Trois ans après la sortie de l'album I Worship Chaos, le groupe de death metal mélodique finlandais Children of Bodom délivre Hexed, son dixième album studio, composé de onze pistes dont une version revisitée de "Knuckleduster" sorti en 2004. Hexed est le premier album composé avec le guitariste Daniel Freyberg, devenu membre à part entière du groupe en 2017.


Qui n'a pas connu cet instant suspendu, le doigt levé sur la touche Play où, entre angoisse et excitation, l'on retarde encore de quelques secondes la découverte du dernier album de son groupe favori ?  Se méfier des premières impressions, se targuer de juger de façon impartiale, c'est avec de bonnes résolutions que l'écoute commence. Dès les premières notes, toute forme de résistance s’envole et s’installe la joie enfantine des Noëls qui tiennent leurs promesses.

Il y a de la magie dans cet album. A la fois sombre et lumineux, reposant sur des structures simples par endroits, mémorisables à la première écoute et par ailleurs plus technique que jamais et résolument progressif, Hexed réussit le tour de force d'imposer sa richesse et sa complexité. L'album s'inscrit dans la continuité, le style melodeath énergique et rapide de COB est bien présent mais le moment est venu d'abattre les carcans pour aller explorer l'univers musical dans son infinie richesse : des reflets sombres du black metal aux couleurs clinquantes du pop-rock des seventies, des riffs secs de thrash à la douceur néo-classique vénitienne, Children of Bodom aujourd'hui s'autorise tout, intègre tout. L'heure de l'émancipation et de l'épanouissement est venue.

Les deux membres fondateurs du groupe en 1993, le guitariste virtuose Alexi Laiho et le batteur Jaska Raatikainen, rejoints en 1995 par Kenkka T. Blacksmith à la basse, puis en 1997 par le brillant claviériste Janne Wirman forment depuis les débuts une famille soudée que le guitariste Daniel Freyberg (ex-Naildown and ex-Norther) a intégré tout naturellement en 2016. Mikko Karmilla avec qui COB travaille depuis toujours à la production dans ses studios à Helsinki, pourrait aisément être considéré comme le sixième membre du groupe, tant il les connaît par cœur et sait précisément mettre en valeur chacun des musiciens hors pair de la formation.

"This Road" commence l’album à tombeau ouvert sur un titre entrainant bien heavy et très mélodique, dans la tradition old school des précédents albums et incorpore des riffs thrash très rapides. Ce chemin va-t-il nous tuer ? Ce qui est sûr c’est qu’on est saisi par l’urgence et l’excitation à la hauteur de la longue attente. Alors on se laisse embarquer dans cette course folle, sans répit et le cœur battant la chamade, jusqu’aux soli claviers-guitare à la fin du morceau, bien différenciés.
 


"Under Grass and Clover" est le premier des trois titres publiés avec un clip et sert de bande-annonce à la tournée. L’atmosphère électrique de concert est ici restituée sous tous les angles, dans un style très progressif aux accents parfois pop eighties. Si la toile de fond évoque les dangers de l’alcoolisme, l’enchevêtrement des soli de claviers et de guitare ponctués des voix bodomiennes témoigne du plaisir plus que jamais présent des musiciens à se renvoyer la balle et fait monter d’un cran l’excitation de l’attente à entrer nous aussi dans la danse.
 


Avec "Glass Houses", on retrouve la marque de fabrique de Children of Bodom. Plus proche de Hatebreeder, la dextérité et la violence implacable caractéristique du groupe va alterner sur tout l’album avec une orientation nouvelle, plus progressive, plus chaude et plus lente aussi.

"Hecate's Nightmare" confirme le sentiment grandissant d’être en présence d’un grand album. Cette petite boite à musique, amusante et effrayante, va résonner longtemps dans les esprits et la dualité de Hecate, déesse à la fois protectrice et inquiétante, va désorienter davantage l’auditeur dans le but avoué de lui faire lâcher ses repères.

Sans ménagement, "Kick in the Spleen" assène un death metal old school teinté de black metal, qui évoque Impaled Nazarene ou Darkthrone, le rythme est très rapide et les claviers et guitares se donnent à nouveau la réplique de manière violente et magistrale.

Difficile à assembler selon les dires d'Alexi Laiho, "Platitudes and Barren Words" entrera néanmoins facilement dans les esprits, pour y rester, tant l’aspect mélodique débordant de chaque titre tout au long de l’album est marquant dès la première écoute. La voix d’Alexi Laiho prend ici un ton quasi-naturel, pour mieux faire comprendre l'impuissance des mots. Pour qui a appris à s'exprimer au travers du son, les mots eux sont condamnés à n'être plus qu'un gouffre d'inconsistance.
 


Sur cet album, Children of Bodom passe en toute liberté d’un style à l’autre et c’est  sans plus de surprise que sur "Hexed" les claviers néo-classiques de Janne Wirman font leur grand retour, avec une présence importante et des sons puissants. Ici encore, les riffs sophistiqués, le rythme très rapide et la cascade de phrases ultra-mélodiques sont restitués avec clarté grâce à une production toujours plus propre et précise. Le public de fidèles et de connaisseurs de COB sait à quel point cette perfection du son et du mixage donne en concert des résultats extraordinaires car oui, la grosse baffe, elle, est encore à venir : sur scène.

Sur "Relapse (The Nature of my Crime)", Alexi s'amuse encore une fois, sur des chœurs très entrainants, dans le style de Ozzy des eighties. Les chœurs et gimmicks sont omniprésents et même si cet album s'appréhende facilement, il va falloir du temps pour le digérer complètement.

"Say Never Look Back" est un autre titre très progressif, le premier écrit pour Hexed, toujours sur fond de noirceur. On retrouve encore ces mêmes aspects sombres sur le seul titre plus lent de l'album, "Soon Departed", plus proche des derniers albums. Toute forme de génie enfantin a ici disparu pour laisser la place à la lourdeur et la gravité d'un destin accompli dans l'effort et la désespérance. D’abord sorti en 2004 sur l’EP Trashed, Lost and Strungout, "Knuckleduster" est passé inaperçu. Il a droit ici à une deuxième chance, les textes ayant été réécrits pour cette nouvelle version.

Quand Alexi Laiho dit en parlant de Hexed : "Putain de chance, on ne va nulle part !", les mots fusent comme une évidence. Vingt ans après avoir pris la route tortueuse du travail acharné, Children of Bodom est arrivé à sa destination, ce lieu symbolique qu’est le génie de l’enfant libre. Le voyage à la rencontre du public lui, ne fait que commencer. Le 13 Mars, le groupe démarre, par le Canada, une tournée mondiale et viendra cet automne nous présenter les nouveaux titres du très bel album qu'est Hexed.

Tracklist:
1. This Road
2. Under Grass And Clover
3. Glass Houses
4. Hecate's Nightmare
5. Kick in a Spleen
6. Platitudes And Barren Words
7. Hexed
8. Relapse (The Nature Of My Crime)
9. Say Never Look Back
10. Soon Departed
11. Knuckleduster

Sortie de Hexed le 8 mars 2019 via Nuclear Blast Records.
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 10 / 10



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