Mortuary – The Autophagous Reign

Cela fait désormais trente ans que Mortuary écume les salles de France pour balancer son death metal à la face du public underground. A peu de chose près, cela fait donc autant de temps que ses contemporains de Loudblast, Agressor ou Mercyless. Mais contrairement à eux et très étrangement, Mortuary n'a jamais connu le même succès, restant exclusivement cantonné à une reconnaissance trop confidentielle malgré un public qui lui est fidèle. Après un Nothingless But Nothingness (2016) qui remettait les pendules à l'heure, place à The Autophagous Reign pour redonner enfin aux Nancéens le statut qui devrait être le leur...

"Delete/Replace" ouvre le bal de ce sixième album et montre que trente ans après sa formation, le combo ne s'est pas assagi. Comme une grosse mandale dans les dents, ce titre joue avant toute chose sur l'efficacité : deux minutes suffisent pour assommer l'auditeur. Avec "The Sapiens order", les Nancéens continuent dans la même voie, à savoir un death fortement teinté de thrash, encore plus agressif que sur les opus précédents.

Mortuary, metal, the autophagous reign,

Côté textes, Patrick Germonville (chant) s'attache une fois de plus à dénoncer les aberrations de notre temps comme la société de consommation ("Recycled" ou "Delete/Replace" s'inscrivent dans la lignée de "Tube" sur le précédent opus) qui conduisent l'espèce humaine à sa propre perte ("The Autophagous Reign", "Onward to the Terminus", Cheptel"). La thématique abordée est ainsi propice à une musique sans concession, acerbe et délivrée dans l'urgence comme un écho au temps qui nous est compté. Le vocaliste ne s'économise d'ailleurs pas avec un chant qui sent la colère sincère à plein nez.

L'ensemble des onze pistes (réhaussées de trois titres bonus sur l'édition CD limitée sortie chez Xenokorp) bénéficient qui plus est d'une production puissante, à la hauteur de ce que mérite le quintette nancéen, quoique plus moderne que ce que nous avions l'habitude d'entendre chez Mortuary.

Si les riffs proposés par Bastien Legras et Alexis Baudin (guitares) sont plutôt rentre-dedans et en up-tempo ("A Curse In Disguise", "Disposable"), par ailleurs renforcés par les blasts de Jo Voirin (batterie), la mélodicité des soli vient contrebalancer cette violence et permet à chacun des titres de respirer. On songe notamment à celui de "Disposable" très teinté NWOBHM, celui de "Monuments", l'unisson de "Onward to the Terminus" ou le final de "Under the Cross" reprenant le thème d' ''Il est né le divin enfant" (!) et renforcé par des chœurs juvéniles particulièrement malsains dans ce contexte.

Mortuary, metal, The Autophagous Reign, death

Ainsi, si l'album semble en premier lieu très monolithique, impression renforcée par le riffing et la production massive, Mortuary distille de petites surprises comme cette intro/outro au piano sur "Memorial in Vivo" ou les texte déclamés en français sur "Monuments" ou sur le pont de "Recycled". Plus difficile d'accès que son prédécesseur, The Autophagous Reign reste un album solide qui ne peut que replacer le quintette nancéen sur le devant de la scène death hexagonale, trente ans après ses débuts.

Attention à la baffe, vous ne direz pas que vous n'étiez pas prévenus...

Tracklist :

Delete/Replace
The Sapiens Order
A Curse In Disguise
Dominate Modus Operandi
Disposable
Eternal
Onward to the Terminus
Recycled
Memorial in Vivo
Cheptel
Monuments
Under the Cross (bonus track)
Drowned into the Unreal (bonus track)
Mummified for Eternity (bonus track)

Déjà disponible chez Xenokorp
Photographies live : © Watchmaker 2017
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe

close

Ne perdez pas un instant

Soyez le premier à être au courant des actus de La Grosse Radio

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...