Sycomore – Bloodstone

Avec son troisième album, le trio amiénois Sycomore propose trente-neuf minutes et treize secondes d’un sludge/noise sombre et agressif. Si la formule a déjà été appliquée sur les sorties précédentes, Sycomore ici surprend par sa maitrise complète du style, son sens inné de la composition et son énergie. En cela, Bloodstone peut déjà être considéré comme une sortie majeure.

Le froid, la grisaille, les nombreux jours de pluie et la misère sociale de la Picardie ont permis à Anorak d’exprimer sa colère durant une décennie avant d’imploser. De ses cendres est né Sycomore, un power trio qui en ce début d’année propose donc son troisième album. Une étape souvent difficile pour un groupe car censée marquer une certaine maturité en prenant le risque de se répéter finalement. Ce n’est pas le cas cette fois-ci avec Bloodstone, à la pochette montrant un détail d’une toile d’Aurélien, ex-chanteur d’Anorak (on reste en famille) et première sortie pour le label Argonauta Records sur lequel les Picards ont signé. Ce disque, s’il ne montre pas un visage apaisé, loin de là, nous permet de découvrir un talent de composition qui a eu le temps de maturer.

Si Nectar restait dans la continuité de l’inaugural Phantom Waxtout en affinant certaines choses, ce troisième méfait de Sycomore, à l’excellent mix effectué par Steve Austin de Today Is The Day (nous vous conseillons l’écoute au casque pour en découvrir toutes les subtilités) vient mettre les pendules à l’heure. On n’est pas là pour se reposer mais pour se faire dévorer tout cru au son d’un sludge metal teinté de dissonances noise.

Crédit photo : Alexandre Nempon


L’into « Bloodstone » qui reprend en accords clairs et arpèges le riff du titre suivant, sous une atmosphère malsaine, met en condition pour la déflagration sonore qui va suivre. Et c’est parti pour « Over My Shoulders », morceau coup de boule au riff parpaing et au chant schizophrène avec les deux voix, claire et death écorchée, qui se répondent en écho, et à la section rythmique au taquet. Un morceau qui reste facilement en tête aussi (c’est le cas pour votre serviteur au moment où il écrit ces lignes). Nous évoquions l’alternance des deux chants et c’est justement ce qui fonctionne parfaitement sur ce nouvel opus de Sycomore, notamment sur « Fifty-Fifty » où le growl se mêle à une voix plus incantatoire.
Ce parfum de folie ambiante se retrouve aussi sur le très bon « Fireball », premier extrait bourre-pif à avoir été dévoilé fin 2019. Une piste heavy à souhait au chant hystérique et colérique qui prend à la gorge avec son avalanche de riffs.

Si le tempo est plutôt moyen sur Bloodstone, on trouve aussi parfois des accélérations proches du punk hardcore comme avec le noisy « Forever Old » qui débute pied au plancher avant de prendre des contours plus sludge poisseux, proche d’un Mastodon des grands jours. 
 

Le groupe n’hésite pas non plus à faire ressortir ses influences plus stoner avec « Knight Coat », un des meilleurs titres de ce nouvel album, qui débute par une ligne de basse et un riff très lourds et enfumés, avant de prendre une accélération limite thrash durant les couplets. Retenons aussi sur cette piste le break dissonant à la Voivod et cette batterie qui cogne tout en accompagnant un riff très très heavy à la fin du titre, véritable appel au headbanging.

Sycomore sait aussi par moments se faire groovy comme sur le visqueux (et truffés de breaks vicieux) « Power Of Romance » (jeu de mots clin d’œil à P.I.L ?) avec son duo basse/batterie très efficace tandis que le déjà cité « Fifty-Fifty » et son intro un peu ambiante décline des ambiances évoquant un Tool très énervé. Un titre un peu plus aventureux qui voit aussi la présence d’un solo de guitare au charme rock’n’roll.

De même, les musiciens proposent parfois des choses plus ambiancées sur « The Enemy » par exemple avec son intro planante et inquiétante qui déboule sur une explosion sludge core avec des passages tribaux à la Neurosis. Enfin, la dernière piste « The Web » est un excellent titre évoquant à la fois Tool et Neurosis, à l’atmosphère sombre et étouffante et qui comporte un refrain en voix claire très réussi. Il est à noter aussi ce final chaotique et noisy qui rappelle une chose : Sycomore n’est pas là pour rigoler.

Il reste donc au groupe amiénois à défendre ce brillant troisième album sur les planches, domaine où il se sent parfaitement à l’aise, tant ce nouveau disque reflète parfaitement ce qu’est le trio : de la sueur, de la bière, de l’énergie et de la rage. Une chose est sûre : Bloodstone est une bien belle façon d’apporter sa pierre à un édifice dont la construction ne demande qu’à être continuée.

Liste des titres :

1. « Bloodstone » (intro)
2. « Over My Shoulders »
3. « Forever Old »
4. « Power Of Romance »
5. « Knight Coat »
6. « Fifty-Fifty »
7. « Fireball »
8. « The Enemy »
9. « The Web »

Note : 8.5/10


Disponible depuis le 31 janvier 2020 sur Argonauta Records  et à découvrir ici

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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