Aether Realm – Redneck Vikings From Hell

De nos jours, l’accès à la communauté des vikings n’est plus réservée aux Scandinaves ou aux Finlandais. C’est ce qu’Aether Realm nous prouve avec son  dernier opus Redneck Vikings From Hell. Les États-uniens, originaires de Caroline du Nord, précisent d’ailleurs dans la description de leur groupe sur les réseaux sociaux “WE ARE NOT FROM FINLAND”. Après un deuxième album, Tarot, plutôt bien accueilli par la presse spécialisée, le groupe a ainsi prouvé qu’il était capable de fournir un très bon death mélodique largement inspiré de Wintersun. Mais au titre de son dernier effort, produit par Kile Odell et distribué par le label Napalm Records, l’auditeur comprend tout de suite que le groupe américain souhaite conserver ses origines. Alors, ça donne quoi des vikings rednecks ?

D’abord est sorti “Goodbye”, titre melodeath assez classique, avec des sons au clavier dignes des années 80 ou des meilleurs jeux en 8-bit et des mélodies plutôt prenantes jusqu’à ce que le refrain pointe le bout de son nez, un poil décevant ; celui-ci est moins entraînant que ce que nous aurions pu espérer. Ensuite Aether Realm a proposé “Slave to the Riff”, un morceau plus énervé et moins mélodique avec un premier cri faisant presque penser à du Hatebreed. Il reste finalement un morceau très typique du death melo mais peut-être un peu trop surchargé avec la présence de riffs énervés, d’une voix-off féminine (interprétée par Erica Lindbeck, actrice connue pour le doublage de personnages de jeux vidéos), de soli endiablés, d’interludes à la guitare acoustique ou de chants clairs et extrêmes. “Guardians”, un morceau plutôt calme, et troisième single paru en amont de la sortie de l’album, comporte très peu de chant extrême. Les mélodies au clavier et la voix baryton parfois presque basse plongent l’auditeur dans une ambiance plutôt posée, avec quelques coups d’électrochocs très brefs faisant vaciller son électrocardiogramme sans pour autant réussir à le réanimer totalement.

Ces trois singles ne permettent pas trop de répondre à la question posée en introduction, mais donnent une idée de la tournure qu’a voulu prendre Aether Realm avec ce troisième effort, à savoir être un peu plus éclectique. Ils ne sont pas très convaincants non plus, mais il reste huit morceaux qui peuvent changer la donne.

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Avec le premier morceau éponyme, mêlant banjo (interprété par Wayne Ingram de Wilderun), voix country typiques d’un Charlie Daniels aux guitares et voix extrêmes plongées au coeur d’une mélodie épique amplifiée par les choeurs, l’auditeur sait désormais à quoi ressemble du redneck viking metal. Certaines lignes vocales nous font même penser à une version metal de "The Devil Went Down To Georgia". Tout amateur de bonne musique appréciera le riff blues qui conclut le morceau.

Malheureusement, le reste de l’album est une pâle copie du bon death mélodique classique entendu et réentendu à travers des groupes comme In Flames, Children of Bodom ou Wintersun. On pensera notamment à “Lean Into The Wind”, “One Hollow Word”, “She’s Back” ou la déclaration d’amour aux fans “TMHC” (“Tiny Metal Hand Crew”, fan club officiel du groupe). Les techniques sont toutefois parfaitement maîtrisées, avec des riffs et des mélodies de guitares prenants, menés par un très bon rythme du duo basse/batterie. L’apogée vient bien évidemment avec le morceau instrumental de onze minutes concluant l’album, “Craft and the Creator”. Première pensée en écoutant cette chanson : “D’accord, ils sont capable de faire tout ça !” Il y a en effet de la guitare folk et des percussions qui installent une ambiance latine et qui introduit un morceau où se mêlent parfaitement mélodies gracieuses des guitares de Heinrich Arnold et Donny Burbage sur le rythme des blast beats de Tyler Gresham et des lignes de basse propres du chanteur Vincent “Jake” Jones se rapprochant de celles que nous pouvons retrouver dans un morceau progressif djent. La marque Wintersun est plus que présente dans ce morceau, mais puisqu'inclure un long morceau instrumental a fonctionné dans l'album précédent, pourquoi ne pas recommencer ?

Il y a des morceaux qui sortent de ce lot melodeath, comme “Guardians” et “Goodbye” qui ont déjà été mentionnés, mais aussi “Hunger”, certes très proche du death mélodique d’Arch Enemy pendant les couplets mais avec un refrain très épique et entraînant rappelant Ensiferum ou Turisas. “One Hollow Death” a également un côté assez épique avec les choeurs et un côté folk grâce à l’interlude à la harpe interprétée par Amy Turk, la soeur de Ben Turk (Gloryhammer) qui lui-même a participé à l’orchestration de l’album. Le titre “Cycle” comporte une mélodie très envoûtante au piano suivie de riffs de guitares bien orchestrés, mais l’arrivée du chant clair fait s’écrouler cette montée d’adrénaline qui reprend à nouveau avec le chant extrême. Le morceau donne cette impression de montagnes russes du début à la fin.

Cet opus d’Aether Realm est aussi synonyme de la présence de nombreux invités. C’est toujours agréable quand un groupe invite plusieurs autres artistes à participer à la création d'un album, cependant dans le cas de Redneck Vikings From Hell, le chant des invités est parfois trop proche de celui de Jake. C’est le cas notamment du vocaliste youtuber Josh Rieke qui intervient sur “Lean Into the Wind” ou d’Eric W Brown, batteur de Negrogoblikon ou Swashbuckle qui chante sur “She’s Back”. Cependant, la voix death bien grave de Michael Rumple (Flood District, Súl ad Astral…) apporte un changement significatif et agréable à l’oreille dans “Cycle”. Mais les invités ne font pas que chanter : le guitariste d’Allegaeon, Greg Burgess, joue un bel outro au morceau “One Hollow Word”, dédicacé à Justin Shearer, chanteur du groupe Futilitarian et ami du groupe décédé en 2017.

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Finalement, le viking redneck n’est perceptible que dans la chanson éponyme, qui fait appel à des sonorités folkloriques benvenues. Plusieurs folklores sont d’ailleurs audibles dans cet opus, mais le tout est un peu trop enlisé dans un death mélodique inspiré des meilleurs groupes nord européens. Cela en fait un album plutôt bon, mais un peu brouillon parfois tant les Nord-Caroliniens ont cherché à surprendre par rapport à leurs derniers enregistrements, et notamment le très bon Tarot. Les techniques des musiciens sont cependant irréprochables, et le panel de possibilités qu’ouvre cet album pour Aether Realm est plutôt très encourageant.

Tracklist :
Redneck Vikings From Hell
Goodbye
Lean Into The Wind
Hunger
Guardian
One Hollow Word
She’s Back
Slave to the Riff
Cycle
TMHC
Craft of the Creator

Album sorti le 1er mai 2020 via le label Napalm Records.

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NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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