Boisson Divine – La Halha

Qui dit instruments traditionnels et instruments électriques dit folk metal. Oui, mais pas n'importe lequel ! Les Gascons de Boisson Divine reviennent avec un troisième album qui succède à Enradigats (2013) et Volentat (2016). Ces deux premiers efforts ont reçu des avis plutôt dithyrambiques dans l'ensemble. La Halha se prononce "haille" avec la sonorité du e "qui reste dans la gorge". C'est un grand brasier surtout lié à la tradition de "la Halha de Nadau", alias le grand feu de Noël, qui est une tradition gasconne chrétienne.

La pochette de l'album représente la croix de Béliou (un ancien dieu solaire de la Gaule Antique), visible dans la montagne au-dessus de Bagnières-de-Bigorre et qui, selon des légendes gasconnes, serait le lieu où est née la neige, découverte par le pâtre Millaris qui y est d'ailleurs enterré depuis. Ce lieu de sépulture légendaire est par ailleurs le sujet des morceaux "Abelion" et "Milharis" (d'où les bruits de pas dans la neige qui concluent le titre). Le choix de cet artwork rappelle que Boisson Divine est un groupe de musique qui défend avant tout les valeurs de sa région d'origine, chère aux coeurs du sextette, tous originaires de là-bas.

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La fierté d'être gascons se ressent donc chez nos musiciens, notamment à travers les paroles des chansons qui sont intégralement chantées dans cette belle langue régionale. Elles vantent les mérites d'un peuple qui s'est battu pour son identité ("Novempopulania") et de personnalités gasconnes au destin louable ("Xivalier de Sentralha", "Rei de Sueda") ou racontent des récits tirés de contes et légendes devenues traditions ("Lo Pela Porc", "Abelion", "Milharis") et des récits d'aventures et de liberté ("Suu Camin Estelat", "Un Darrer Cop", "Libertat").

L'usage d'instruments traditionnels gascons n'est pas en reste. La jeune Ayla Bona, en plus de pratiquer la vielle à roue et d'accompagner Baptiste Labenne au chant, régale notre ouïe à l'aide d'une flabuta, flûte à trois trous, souvent associée à un tambourin à cordes, entendus notamment dans les introductions des morceaux "Lo Pela Porc" et "Libertat" que l'on pourrait facilement confondre avec une guimbarde. Pierre Delaporte apporte son édifice avec la boha, ou cornemuse des Landes de Gascogne, ainsi que l'accordéon, pour une touche toujours plus folklorique. Il fait également partie des choeurs.

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Ce troisième album est le plus mature du groupe, avec une très bonne production qui permet de bien distinguer tous les instruments, que ce soit les aigus des instruments traditionnels ou les basses du quatre-cordiste Florent Gilles-Waters (on apprécie d'ailleurs le passage instrumental basse/banjo dans la chanson "Suu Camin Estelat"). Il est également plus metal que les autres, avec des riffs dignes de la NWOBHM dont s'inspire le groupe ("Novempopulania", "Rei de Sueda" ou "Milharis") réalisés par le chanteur mais aussi Luca Quitadamo à la guitare lead. Celui-ci nous propose également quelques soli endiablés ("Xivalier de Sentralha" ou "La Sicolana" qui s'avère être l'instrument le plus heavy sans instruments folkloriques).

Beaucoup de morceaux sont construits de la même manière : une introduction avec des instruments folkloriques suivie de l'entrée en jeu des guitares et de la batterie du co-fondateur et choriste Adrian Gilles qui apportent la puissance nécessaire à l'auditeur pour se secouer un peu les cervicales. Certains titres échappent cependant à cette règle. "La Sicolana" et "Un Darrer Cop" démarrent sur une partie a capella à quatre voix - deux tenors masculins, un baryton et une voix féminine entre soprano et alto - qui se marient parfaitement bien. La voix de Baptiste a d'ailleurs beaucoup gagné en maturité ; pas une seule fois elle ne flanche et les notes tenues sont parfois impressionnantes ("Suu Camin Estelat").

La durée de l'album est presque d'une heure, mais il n'y a pas de longueur, les morceaux sont bien ordonnés avec les morceaux les plus longs en milieu et en fin d'album. "Milharis", qui conclut l'album, est d'ailleurs le morceau le plus long que le groupe ait proposé à ce jour. Un court interlude au piano ainsi que des moments plus calmes et presque progressifs permettent d'apprécier ce morceau de dix minutes dans toute sa splendeur, qui comporte un riff de basse qui revient souvent, et qui officie tel un fil conducteur.

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La Halha est un album écrit par un groupe non plus local, mais professionnel. Tout y est plus mature : l'écriture, la production, les techniques instrumentales. Boisson Divine est sur la bonne voie pour devenir un des groupes de folk metal les plus influents de France et même d'Europe.

8,5/10

Tracklist
1. Lo pela porc
2. Novempopulania
3. Suu Camin Estelat
4. Xivalier de Sentralha
5. Rei De Sueda
6. La Sicolana
7. Abelion
8. Un Darrer Cop
9. Libertat
10. Milharis

Album sorti le 27/05/2020 via Brennus Music

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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